Peter Conrad & The French Bastards Blues Band

Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Peter Conrad and The French Bastards Blues Band au Pitchtime, le 2 Septembre 2017
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“Pour moi, la musique blanche ou la musique noire, ça n’existe pas. Quand on met les notes sur le papier, qu’est-ce qu’on a? On a du noir et on a du blanc. Ensembles, Noirs et Blancs font la musique la plus formidable que le monde ait jamais connu, et ça s’appelle le Blues. Le Blues est né noir, mais il ne l’est plus. Le Blues appartient au monde entier! La musique de Blues, aujourd’hui, fait partie de tous. Elle fait partie de votre âme. Quand vous réussissez à comprendre ce qu’est vraiment cette musique, elle s’insinue au plus profond de vous, si vous avez quelque chose dans le ventre. Ce que nous appelons le Blues, ce sont les racines, le fondement de tout le reste de la musique.”
Rufus Thomas (1917-2001)

Sur notre longue route du Blues, toujours en quête d’émotions, de partage et de découvertes, pas à pas, à la croisée des chemins, il y a quasiment un an, jour pour jour, nous avions fait une belle rencontre, quelque peu impressionnés tout de même, car c’était avec Peter Conrad, un grand Monsieur du Blues, un personnage attachant et authentique, avec qui, depuis, affinités et amitiés se sont liées.
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Impatients et heureux de retrouver Peter Conrad et son groupe, The French Bastards Blues Band au Pitchtime à Dourdan, en ce soir du 2 septembre 2017, nous avons mis de côtés nos petits souliers et avons chaussé nos bottes de sept lieux!
“God save the Blues”, car nous allons partager un énorme coup de coeur. Nous allons vivre le Blues, la musique de Peter Conrad, celle du coeur, de la vie et de tous les ressentis, sans aucune barrière de frontières ni de langues, car son Blues, il le chante aussi bien en français qu’en anglais, ne faisant aucune différence entre les langues et les couleurs de peaux.

En fin de concert, Peter nous annoncera qu’il a créé son premier groupe à l’âge de 15 ans, soit il y a bien 55 ans maintenant. Alors faites le compte, et j’ai même envie de rajouter que les bras m’en tombent, et ce n’est pas que pour la rime. Animé d’un tel feu sacré et avec son charisme, la performance scénique de Peter n’a rien à envier à la fougue de certains musiciens bien plus jeunes que lui.
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Peter va nous offrir un concert de folie, d’une rare intensité, et nous serons totalement émerveillés, bluffés par tant d’énergie dépensée sur scène, tant de communion avec le public, tant de complicité avec ses musiciens.

Pour débuter le premier set, Norbert ‘Nono’ Miguel à la guitare électrique, Fred Kolinski à la batterie et Christian ‘le Colonel’ Mellies à la basse lancent une intro instrumentale pour annoncer la venue sur scène de Peter Conrad, vêtu d’une chemise aux couleurs exotiques, d’une veste noire, d’un pantalon rouge, et chaussé de souliers blancs, interprétant ce premier titre, ‘Every Day I have the Blues’, immortalisé par B.B. King. Et de suite vous vous dites que c’est la grande classe!

Dans la voix de Peter, ange et démon ne font plus qu’un, et le Blues entre en vous. Il ne vous quittera plus. Et de son petit ruine babines, durant tout le concert, en virtuose de l’harmonica, Peter nous collera quelques frissons supplémentaires.

En reprenant des standards intemporels du Blues tels ‘Rock me Baby’, ‘Stormy Monday’, Peter Conrad nous conte ses voyages dans les contrées du Blues, au coeur du Delta du Mississippi, en passant par les rues de Chicago ou celles de la Nouvelle Orleans. Lorsqu’il nous parle de ses rencontres, d’un ‘boeuf’ avec Jack Bruce au Club B.B. King à New York, d’un set joué à Chicago dans le mythique club Legends de Buddy Guy, ce dernier s’adressant à Peter, “Hello, bloody French blues singer” en lui demandant s’il n’a pas du sang noir dans les veines, c’est toujours avec un grand respect pour ces légendes du Blues, et avec une énorme émotion dans la voix.

Quelques compositions du dernier album en date de Peter Conrad, ‘Aujourd’hui BB’, seront également jouées, dont le titre de l’opus ainsi que ‘Chaque Matin’, un merveilleux Blues chanté en français.
Avec cette nouvelle composition, ‘Sunny Side Motel’, ce soir nous serons des privilégiés, et nous terminons ce premier set avec une vielle chanson perdue dans la mémoire du temps et dont vous connaissez tous le titre, ‘The House of Rising Sun’, et notamment cette version culte de Eric Burdon & The Animals.
Peter nous précisera d’ailleurs qu’il a chanté ce titre sur scène, plusieurs soirs durant, en Angleterre, avec Eric Burdon en personne!

Amis lecteurs assidus de Paris-Move, je profite de cette pause entre les deux sets pour partager avec vous non pas un secret, mais quelques confidences grâce à une petite conversion privée avec Peter. Début octobre de cette année sortira un EP 4 titres, intitulé ‘Sunny Side Motel’, proposant de nouvelles compositions, nées d’une belle complicité entre Peter et son guitariste Norbert Miguel, présent avec lui sur scène ce soir. Les textes sont en français, écrits par Peter, qui comme à son habitude nous conte son vécu, ses tranches de vie. Norbert a écrit la musique en parfaite symbiose avec un grand ressenti des textes. Peter, très heureux de cette collaboration et de cette musique qui épouse ses paroles, me confiera, en parlant de Norbert, “il est énorme de talent et de générosité!”.
A noter dans vos tablettes, donc, ce EP 4 titres qui sortira début Octobre.

Lorsque l’on parle de générosité, c’est bien sûr de celle de l’âme, de celle du coeur, mais concernant Norbert Miguel, sa générosité est également sans égal sur scène. Il donne sans compter, que ce soit à la guitare comme au chant, démarrant en trombe ce deuxième set avec ces superbes titres que sont ‘Dead Flowers’ des Rolling Stones et ‘My Girl Josephine’ de Ry Cooder.
Même si avec humour et quelques mots doux, il me semble avoir entendu les mots naphtaline, déambulateur et maison de retraite, je n’en dirai pas plus pour exprimer la complicité et la bonne humeur qui règne sur scène et dans la salle. Peter Conrad taquine ses complices, et notamment son batteur, le sympathique et généreux Fred Kolinski, tout comme son bassiste, l’imperturbable et talentueux Christian Mellies. Mais derrière ces sourires et ces rires taquins il y a une rythmique béton qui n’est pas là pour amuser la galerie. Le groove est à toute épreuve!

Après ‘Sweet Home Chicago’ de Robert Johnson, Peter Conrad nous dévoile deux nouvelles compositions qui figureront sur l’EP à venir. Tout d’abord ‘ Blues à Gogo’, qui vibre de nostalgie en référence à un club de Paris dont les portes sont désormais closes, un endroit où les musiciens venaient jouer jusque tard dans la nuit. Un titre toujours d’actualité, malheureusement. Avec humour, Peter rajoutera que la musique dans les bars n’est pas toujours compatible avec les gens du voisinage scotchés devant leurs télés, regardant les émissions de Patrick Sébastien. Avec cette seconde compo, ‘Seul à en crever’, Peter Conrad rend un vibrant hommage aux femmes. Emotion forte garantie!

Retour sur l’album déjà cité, ‘Aujourd’hui BB’, avec ce titre ‘Le Blues de mon Chat’. Avec quelques accords et pincements de cordes dont Norbert Miguel détient le secret, tenez-vous bien, il va faire miauler sa guitare. Mais très vite, après quelques ronronnements, l’instinct du ‘Félin’ reprend ses droits, il sort ses griffes (je parle de Norbert, et non pas du chat, car lui, le chat, il a déjà sauté par la fenêtre, c’est écrit dans le texte), pour nous gratifier de quelques riffs acérés.

Peter Conrad et ses musiciens revisitent quelques standards du répertoire du Creedence Clearwater Revival, de James Brown… avant la venue de Gérard Cintra sur scène. Ami de Peter, Gérard est auteur, compositeur, interprète, guitariste, et adepte de la langue de Molière et du Blues. Avec discrétion, Peter quitte la scène et laisse la place au chant à Gérard, accompagné de sa guitare ainsi que des musiciens de Peter pour deux titres, ‘Cocktail maison’ (qui est une adaptation, avec un texte écrit en français, d’un classique: ‘Malted Milk’, de Robert Johnson) et cette composition, ‘Parloir’, au texte finement ciselé, comme Gérard sait si bien le faire.
J’en profite pour vous passer une petite info: Gérard Cintra et son groupe Belleville Nocturne seront à l’affiche en concert au Pitchtime le 27 octobre prochain. Si vous aimez le Blues chanté en français, ou si vous avez soif de belles découvertes, n’hésitez pas à venir!

Deux musiciens présents parmi le public viendront également partager la scène, Vincent à l’harmonica et Christophe Salmon, le batteur des Shakin’Mates, sans oublier Alain Sabbatier, le maître du lieu, derrière les fûts, sur une reprise de John Lee Hooker… me semble-t-il.

Après une version éclatante du mythique ‘Knocking on Heaven’s Door’ de Bob Dylan, et rappel sous les ovations du public, il nous faudra du temps avant de redescendre de notre petit nuage, la tête encore dans les étoiles tant ce concert fut exceptionnel….!!! Merci Peter, Norbert, Fred, Christian, vous nous avez comblés, vous nous avez enthousiasmés, et encore une fois chantons à l’unisson “God save the Blues”!

Site officiel de Peter Conrad: ICI
Page Facebook officielle: ICI
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Si vous ne connaissez pas encore l’artiste, ce Bluesman au grand coeur, allez le découvrir en concert! Comme nous, vous reviendrez toujours le voir en Live avec une petite larme de bonheur au coin des yeux.