Photos: Yann Charles
Textes: Yann Charles et Frankie Bluesy Pfeiffer
L’affiche était alléchante et les noms annoncés laissaient à penser que cette édition 2009 du Nice Jazz Festival pourrait être un très bon cru, et ce fut un excellent cru.
A tort ou à raison, et sans doute parce que la qualité des concerts proposés motiva le photographe que je suis, me permettant ainsi de vous présenter de nombreuses photos, je vous propose un reportage en deux parties, l’une en jazz et l’autre en blues, même si pour plusieurs des artistes présents à ce Nice Jazz Festival il n’y a sans doute que très peu de différence, voire aucune, entre ces deux musiques.
Une différence que la chanteuse nigérienne Nneka ne fera sans doute jamais tant sa musique est un intense mélange de Jazz, Hip-Hop, Soul et Reggae. Avec des textes engagés, elle défend la cause nigérienne, et africaine. Née à Warri, en 1981, dans le sud du Nigéria, sans doute l’un des pays les plus peuplés et les plus corrompus d’Afrique, Nneka Egbuna a apprit à chanter dans son école et dans la chorale de son église, avant de partir pour l’Allemagne, à 19 ans. C’est là, en Europe, qu’elle devient une vraie songwriter, dénonçant au travers de ses textes tout ce qu’elle aimerait voir changer dans son pays, chantant l’espoir, l’amour, et encore et toujours l’espoir. Sa voix chaude, mélange de Ayo, Tracy Chapman et Lauryn Hill n’a laissé personne insensible à Nice, et ils seront nombreux, je l’espère, à chercher et apprécier son second opus, ‘No Longer At Ease’, sorti l’année passée, ou son premier album au titre révélateur, ‘Victim Of Truth’, sorti en 2005, et dont l’un des titres phares est ‘The Uncomfortable Truth’. A écouter ou réécouter absolument.
Autre vedette féminine de cette édition 2009 du Nice Jazz Festival, l’américaine Madeleine Peyroux, une femme pétrie de culture française et dont la voix rappelle dans certaines chansons celles de Billie Holiday, Bessie Smith ou Patsy Kline.
Née en 1974 à Athens, dans l’état de Géorgie, aux États-Unis, Madeleine Peyroux a grandi à New York et à Paris. C’est en 1996 qu’elle se fait remarquer, alors qu’elle n’a que 22 ans, avec un premier album, ‘Dreamland’. Pendant les sept années suivantes, elle collaborera au travail d'autres artistes, passant la majeure partie de son temps à Paris. Huit ans après son premier album, elle sort enfin son second CD, ‘Careless Love’, qui confirme tout le talent de cette chanteuse aussi surprenante qu’insaisissable. Insaisissable car l’histoire (véridique ou pas, seule Madeleine pourrait le dire) raconte en effet qu’en août 2005, sa maison de disques, inquiète de la voir disparaître à nouveau, employa les services d’un détective privé.
Cette année, en 2009, Madeleine Peyroux a sorti son quatrième album, ‘Bare Bones’ tout aussi beau que les trois premiers, qui offrent tous de bien belles reprises, comme ce ‘Dance Me To The End Of Love’ de Leonard Cohen, ou cette sublime interprétation de ‘The Heart Of The Saturday Night’ de Tom Waits, sans oublier les étonnantes versions de ‘La vie en rose’ et de ‘La Javanaise’.
Dans ‘Bare Bones’, Madeleine Peyroux retrace l’histoire (la sienne?) d’une ado errant dans les rues de Paris, chantant dans les couloirs du métro, et apprenant à jouer de la guitare à Pigalle. Surprenante, vous disait-on.
Parrain de cette édition 2009 du Nice Jazz Festival, Christian Vander n’est pas venu seul, mais avec son quartet, offrant un concert d’une chaleur et d’une intensité touchant parfois au volcanique. La formule bien rôdée de Christian Vander est d’intégrer à son trio de base un ‘guest’, au gré des rencontres, des enregistrements ou des concerts. C’est ainsi que se sont succédés Arrigo Lorenzi, Steve Grossman ou Ricky Ford, par exemple.
Fils adoptif de Maurice Vander, le pianiste de Claude Nougaro, Christian est toujours ce batteur au talent exceptionnel et au charisme incroyable, car impossible à chaque fois que son nom revient sur une affiche de ne pas penser au fameux groupe Magma, à ce légendaire morceau de presque 40 minutes que fut que ‘Mekanïk Destruktïw Kommandöh’, et à son énorme influence sur plusieurs dizaines de milliers de batteurs.
C’est avec un autre batteur, Aldo Romano, au style différent mais tout aussi performant que j’ai replongé dans un jazz moins ‘free’ que celui de Christian Vander, me laissant bercer par un jazz plus latin, plus délicat, plus fin. Un jazz qui m’emporta vers d’autres songes, d’autres espaces, d’autres photos. Porte ouverte au Blues, et à d’autres musiciens…
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