Molly Hatchet en concert au Plan

    
     Reportage: Dominique Boulay
     Photos: © Marc Delavaud

S’il y a des endroits propices aux commémorations rock’n’rolliennes, la salle du Plan, à Ris Orangis, fait sans nul doute partie de ceux-là. A preuve: en l’espace de quelques jours nous sommes passés de l’ambiance humide et fraîche de la verte Irlande lors d’une soirée flash and come back mémorable (le Eric McFadden Trio pour le côté flash et le retour de Taste pour le come back d’anthologie) à la chaleur écrasante de la Floride. Ce soir, dimanche 29 novembre de l’an 2009, nous sommes à Jacksonville, sur les terres de ‘Mo Hat’. Les Harley et autres Trucks sont sur le parking, à côté de la Highway A6. Nous, à l’intérieur du club, nous baignons dans une moiteur faite de trépidation et d’impatience non dissimulées. Pas de Budweiser ni de Negra Modello mais les ersatz sont nombreux et personne ne s’en plaint. Les flingues, eux, sont restés dans les râteliers privés, en Floride, loin du Plan.

 
Ce n’est qu’avec quelques minutes de retard sur l’horaire que les six mercenaires entrent en scène. Et cela vous pète aux gencives aussitôt que les décibels sont lâchés par les énormes amplificateurs et haut-parleurs Marshall. C’est du costaud et pas pour timides en costards flanelle. Ca dégage, et pas qu’autour des oreilles, au son des titres qui immortalisèrent le combo au panthéon du rock’n’roll: ‘Whisky Man’ et ‘Boogie No More’ (extraits de leur second opus, ‘Flirting with Disaster’, en 79) ou encore ‘Down From The Mountain’ et le puissant ‘Dreams I’ll Never See’, extraits de leur album ‘Devils’ Canyon’, sorti en 1996.
 
Ne cherchez pas les lascars au Rock’n’ Roll Hall of Fame de Cleveland, dans l’Ohio, ils ne figurent pas parmi les cent soixante sept entités répertoriées à la rubrique ‘Performers’, ‘artistes sur scène’, mais cela est sans nul doute davantage lié aux remaniements fréquents du line-up plutôt qu’à l’absence de talent. Car du talent, ils en ont à en revendre, les Mo Hat. Et du gros, du lourd, qui pèse et qu’on emmène en CD avec soi pour mieux l’apprécier encore, une fois les décibels éloignés.

 
Petit rappel maintenant pour ceux qui ne sauraient pas, honte à vous, qui est Molly Hatchet. Fondé au début des années ‘70, le groupe a effectivement vu passer bon nombre de musicos et en a perdu tragiquement certains: Danny Joe Brown (1951-2005), membre fondateur du groupe, et Duane Roland (1953-2006), autre  membre fondateur qui resta avec Molly Hatchet jusqu’en 1990 avant d’aller faire chauffer ses médiators dans d’autres groupes tels Southern Rock Allstars ou Gator Country. Des formations  dans lesquelles d’autres musiciens de la formation originale de Molly Hatchet allèrent également jouer: Steve Holland, Bruce Crump, Jimmy Farrar ou Riff West.
 
C’est après de nombreuses péripéties et pas mal de tractations que Bobby Ingram racheta en juin 2000 la licence, les droits d’auteur, le répertoire et la marque déposée ‘Molly Hatchet’ à Pat Armstrong, le manager des premiers jours.
 
Et en ce mois de novembre 2009, le groupe qui est sur cène dans la salle du Plan est composé de Bobby Ingram aux guitares, Dave Hlubeck à la guitare et au chant, Phil McCormack au chant et à l’harmonica (successeur de Danny Joe Brown et Jimmy Farrar), John Galvin aux claviers, qui prit la suite de Melvin Powell, Tim Lindsey à la basse, successeur de Banner Thomas et Riff West, Shawn Beamer à la batterie, héritier de Bruce Crump et B.B. Bordan.

 
Véritables bêtes de scène, les Mo Hat ont réalisé quinze albums studio, discographie étoffée par pas moins de treize compilations et enregistrements live. Aux dernières nouvelles, le prochain disque du combo serait prévu pour le printemps 2010. Gardez une place dans votre CD-thèque pour le missile annoncé car s’il est de la trempe du concert de dimanche 29 novembre, il va faire du vide autour de lui, croyez-moi.
 
Dominique Boulay
 
PS: Le nom de la formation, Molly Hatchet, provient d’une célèbre prostituée qui avait pour fâcheuse habitude de mutiler et décapiter ses clients! Le son du groupe se devait donc d’être à la hauteur de la réputation de la Dame.
 
 
 
Discographie sélective:
Molly Hatchet (1978)
Flirtin With Disaster (1979)
Beatin The Odds (1980)
Take No Prisoners (1981)
No Guts…No Glory (1983)
The Deed Is Done (1984)
Double Trouble Live (1985 – live)
Lightning Strikes Twice (1989)
Greatest Hits (1991)
Devil's Canyon (1996)
Silent Reign Of Heroes (1998)
Kingdom of XII (2001)
Locked and Loaded (2003 – live – double CD)
Warriors Of The Rainbow Bridge (2005)
Flirtin With Disaster (2007 – live – CD/DVD)
Southern Rock Masters (2008) – 1er album studio depuis le retour de Dave Hlubek au sein du groupe. Un album de reprises, notamment de Thin Lizzy, Eagles, Mountain, The Rolling Stones, avec aussi 3 titres originaux en live: Whiskey Man, Beatin' The Odd, Flirtin' With Disaster.
Molly Hatchet