Michael Malone au Cactus Café – Austin, Texas

Michael Malone at Cactus Café – Austin TX

Michael Malone au Cactus Café – Austin, Texas
1er Avril 2023
Thierry Docmac, Correspondent in USA, Bayou Blue News, Bayou Blue Radio, Paris-Move

Non, ce n’est pas un poisson d’avril. Il est 19 heures ce premier avril, j’arrive devant le Cactus Café, et comme c’est la première fois, je cherche l’entrée… Pas facile à trouver, car l’entrée se trouve dans l’Université. L’accueil est des plus sympathiques et je remarque que la salle est réellement prévue pour une belle écoute, avec une capacité d’environ 100 places. Je jette un œil discret au matériel de sonorisation… la soirée devrait être bonne!

Je croise Michael Malone. On ne se connaissait pas vraiment, mais je suis sa carrière depuis assez longtemps après être tombé sur une vidéo qui m’avait interpellé, me faisant particulièrement apprécier son jeu de saxophone. On se salue, on échange deux ou trois mots. L’homme est comme je l’imaginais, humble et sympathique. Ayant rencontré un nombre incalculable d’artistes de jazz dans ma vie, ce premier contact me conforte et je suis certain de vivre une soirée exceptionnelle.

Si vous ne connaissez pas encore le saxophoniste et compositeur Michael Malone, voici quelques détails tirés de sa biographie: Michael Malone est originaire de Cleveland (Ohio) et ancien résident de Cincinnati. C’est un saxophoniste et compositeur de renommée internationale avec une expérience professionnelle de plus de 35 ans. Michael a notamment passé cinq ans en tournée mondiale avec le légendaire organiste de jazz Jimmy Smith, ainsi qu’avec Cindy Blackmon (ancien batteur de Lenny Kravitz), le guitariste Mark Whitfield et le batteur d’acier Othello Molineaux (Weather Report).

Sur la petite scène du Cactus Café, on retrouve la configuration suivante: Dayne Reliford, keyboard (Andre Hayward, Michael Hale/ Mac McIntosh, Hannibal Lokumbe, Robin McKelle, Brian Donohoe), Tom Brecthlein, drums (1978, il auditionne avec Corea et est engagé. Il reste dans le groupe jusqu’en 1983, date à laquelle il rejoint le groupe de Wayne Shorter), Jeremy George, double bass (je n’ai pas trouvé beaucoup d’informations sur cet artiste qui est le plus jeune du groupe, mais il existe une biographie ici).

Le concert commence à peu près à l’heure. Si Michael Malone est un musicien hors normes, je découvre aussi que c’est un showman, capable à la fois d’embarquer avec lui ses musiciens et le public en jouant avec tout le monde, avec un son magnifique au saxophone ténor, une dextérité à vous couper le souffle. Pas un instant d’ennui, c’est une machine bien huilée entre des mains d’expert, puis vient cet hommage à Wayne Shorter, que j’avais croisé il y a bien longtemps en Allemagne, et je me souviens de son regard profond, de son sourire et de ses yeux  émerveillés lorsqu’un musicien lui plaisait. Je n’ai aucun doute que s’il avait été ce premier avril 2023 dans la salle du Cactus Café a écouter cet incroyable quatuor, Wayne aurait été ému aux larmes avec un tel hommage.

En voyant le batteur Tom Brecthlein sur scène, je me disais que j’avais déjà vu ce musicien… oui, mais en vidéo, époque Chick Corea, et que j’avais toujours adoré la délicatesse de son jeu. Visiblement, avec le temps Tom est devenu un véritable magicien, avec une musicalité réellement impressionnante.
Je ne connaissais pas Dayne Reliford, le keyboardist (voir sa présentation plus haut dans cet article) et il est quasi impossible de vous décrire ce qu’il nous a offert hier soir… et je vous dirai simplement qu’en le voyant jouer sur ce keyboard, je pensais que le mieux pour lui aurait été d’avoir un piano à queue sous ses doigts, pour y exprimer tout son immense talent.

Jeremy George, le contrebassiste est étonnant, surprenant, fascinant, et je ne doute pas que très rapidement il fera partie des grands noms du jazz. Un gars comme lui, tout le monde va se l’arracher, car il est capable, tout comme ses camarades de ce soir, de nous servir une musique intelligente avec simplicité et avec une couleur sonore remarquable.

Mais revenons à Michael Malone… car j’ai également apprécié l’espace qu’il donne à ses musiciens pendant tout le concert, la belle énergie de Michael Malone qui nous transporte, la facilite déconcertante avec laquelle il joue sur des rythmes déstructurés, la complicité réelle entre les musiciens, tout ce qui fait que ce genre de concert restera dans votre mémoire pour toujours. Alors si vous aussi vous voyez passer Michael Malone ou un des incroyables musiciens cités ici dans votre ville, n’hésitez pas, allez voir leur concert, car l’art à ce niveau-là, c’est comme frôler sans le vouloir l’aile des anges.