Mathieu Pesqué et Eric Bling à Blues-sur-Seine

Premier à passer sur scène en ce lundi soir, Mathieu Pesqué a su charmer le public de la Salle du Colombier (Magnanville) en alignant pendant une heure de concert des chansons remplies de nombreuses vibrations émotionnelles, jouant et s’accompagnant au Weissenborn puis à la guitare.

Visiblement intimidé, le lauréat du Prix Electrique du Tremplin Blues-sur-Seine 2007 s’excusait de n’avoir pas de CD à vendre, son premier opus étant toujours en cours d’enregistrement, ce que le public regrettait d‘autant plus que le jeune Mathieu Pesqué faisait étalage de tout son talent, avec finesse et avec discrétion. En fin de concert, il s’improvisa harmoniciste en reprenant à la guitare acoustique et à l’harmonica le ‘Oh My Sweet Carolina’ de Ryan Adams avant d’offrir une superbe version du ‘My Grandfather’s Clock’ de Doc Watson, accompagné au Weissenborn. Une version que l’on espère retrouver sur le premier album de Mathieu Pesqué.

Précédé par une réputation de bluesman ‘habité’ et roots à la fois, véritable révélation de cette nouvelle vague d’artistes qui secouent le blues, Eric Bling s’est avancé comme à son habitude, pieds nus, prenant de suite possession de son environnement: une chaise, ses trois guitares, ses micros, ses pédales et cette technologie qui étonne les profanes et qui permet d’enregistrer ses propres séquences de guitare, de chant et de percussions pour donner d’un artiste en solo l’impression qu’il est entouré de musiciens et percussionnistes fantômes ; ce qui colle parfaitement à l’univers musical de ce Eric Bling-là, véritable réincarnation des vieux bluesmen noirs que l’on entendait chanter en les discernant à peine dans le noir, assis dans la pénombre des terrasses qui bordaient les immenses champs de coton.

Un accord de guitare joué, enregistré et qui tourne en boucle, des coups réguliers de la paume de la main sur la caisse de la guitare en guise de percussions, enregistrés eux-aussi, ça y est, Eric Bling vous a attiré, vous a enveloppé, vous a happé dans son univers musical et vous vous laissez emporter, comme toute la salle du Colombier. Les chansons alternent compos et reprises, l’artiste offrant même en avant-première plusieurs titres de son prochain opus. L’homme est chaleureux, enthousiaste, et dégage une puissance qui fait vibrer guitares et micros. Saisissant un harmonica, Eric Bling souffle le chaud, des notes en boucle qui reviennent dans un mouvement perpétuel et sur lesquelles il souffle d’autres notes, plus intenses, plus brûlantes encore. Le public est conquis par le personnage, sorte de Robert Johnson blanc qui aurait croisé le diable du Delta, et applaudit l’artiste qui quitte la scène en laissant un accord de guitare et des percussions made by Bling tourner en boucle…

Dehors, il pleut sur Magnanville et la lune est cachée par de gros nuages. Eric Bling salue le public une dernière fois, après un long rappel. La boucle est bouclée. Nous étions en plein Delta.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris-Move & Blues Magazine

 
Photos: © François Pfeiffer

Mathieu Pesqué et Eric Bling