MARTHA FIELDS, Reine de la Country au Pitchtime

Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Le Pitchtime, le 25 Mai 2017
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Quelle ne fut pas la surprise d’Alain Sabbatier lorsqu’il y a quelques semaines une certaine Martha Fields l’appelle du Texas et lui demande de venir jouer chez lui, au Pitchtime. Martha lui explique qu’elle prépare une tournée en France et en Europe et que pour compléter son agenda de concerts, cette date du jeudi 25 Mai, jour de l’ascension lui conviendrait bien pour jouer en Ile de France. Même si habituellement les concerts au Pitchtime sont proposés les vendredi et samedi, Alain Sabbatier n’a pas hésité une seule seconde pour répondre “oui”, surtout que ce jeudi est jour férié. Et puis, quel honneur pour notre Boss du Pitch de recevoir dans ses murs cette noble et grande Dame de la Country américaine, une artiste reconnue à l’international et incontournable dans sa discipline. Son dernier album, “Southern White Lies”, date de l’année passée, certes, mais c’est un album qui a été salué par toute la presse spécialisée et internationale et qui fut même classé numéro deux des meilleurs albums de toute l’année 2016 dans l’Euro Americana Chart.

Quelle joie et quel bonheur pour nous d’être présents ce soir pour assister à ce concert exceptionnel. Nous serons même accueillis personnellement par Martha Fields et ses musiciens, et nous aurons le privilège, une habitude pour nous dans ce lieu très convivial qu’est le Pitchtime, de partager la table du dîner avec eux avant le concert et ainsi faire connaissance avec tout ce beau monde.
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J’ai demandé à Martha combien de concerts elle avait déjà donné pendant cette tournée dans l’hexagone, et elle m’a répondu avec un grand sourire: “Je ne sais pas exactement… 25, peut-être… Je ne les compte pas, car l’essentiel pour moi est de faire connaitre ma musique, la faire partager au public et communier lui.”
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Tout comme le Blues, la Country touche essentiellement un public d’adeptes et de passionnés, des personnes qui viennent de loin pour vivre leur passion, comme c’est le cas ce soir, car certaines ont parcouru des centaines de kilomètres pour venir écouter Martha Fields. Comme ce couple venu tout spécialement de la baie du Mont Saint-Michel.

Marta Fields fait partie de ces trop rares artistes et grosses pointures internationales qui se produisent sur de grandes scènes et de gros festivals mais qui prennent aussi grand plaisir à venir jouer dans de petites salles, faisant ce choix délibéré d’être au plus près de leur public dans de “petits endroits” de proximité, comme c’est le cas ce soir, au Pitchtime, à Dourdan.
Pour Martha, c’est quelque chose de normal, d’évident et de naturel de venir jouer dans de petites salles, car elle fait partie de ces artistes au grand cœur qui se donnent sans compter. C’est une vraie Grande et Noble Dame, qui inspire le respect tout en vous considérant comme quelqu’un de proche, un ami. De ces femmes qui non seulement ont du talent, mais aussi un charisme qui vous irradie et vous séduit totalement.

Durant cette soirée, cette reine de la Country nous émerveillera et nous fera vibrer. Sur certains titres l’émotion contenue dans sa voix sera telle qu’elle fera même couler quelques larmes à certains d’entre nous…
Martha Fields jouera sans compter durant plus de deux heures, et nous serons au plus près d’elle, en communion avec elle, car je le répète, la proximité de cette petite salle s’y prête à merveille. C’est notamment pour cette raison (et bien d’autres encore…) que nous l’affectionnons, que nous l’aimons, cette salle du Pitchtime.
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Maintenant place au Live. Je ne vous citerai tous les titres joués ce soir, car ils étaient très nombreux, ni ne suivrai l’ordre établi de la set list, pour plus de fluidité de ce reportage. Mais débutons tout de même avec ce premier titre, “Born to Boogie”, extrait de l’album “Long Way From Home” de Texas Martha and the House of Twang, avec ce soir aux côtés de Martha Fields au chant et à la guitare, des musiciens confirmés et expérimentés, avec pour chacun d’eux un impressionnant parcours musical, à commencer par l’étonnant Manu Bertrand au dobro, banjo, pedal steel et mandoline, Serge Samyn à la basse et contrebasse, Urbain Lambert à la guitare électrique et Bertrand Kifmoon à la batterie.

Dès ce premier titre, c’est la première claque, magistrale ! La voix de Martha est… Waouh, bonjour l’émotion, car cette voix est prenante, captivante, envoutante, épousant en parfaite symbiose l’authenticité et la sincérité des racines de cette musique qu’elle porte en elle. D’autres titres de cet album seront également joués, comme “Gotta Move” ou encore “Johanna”. Un album que je vous recommande vivement de vous procurer !

Martha Fields parlant très bien français (tant mieux pour nous), entre chaque chanson elle nous fait partager sa passion, nous conte l’histoire de tous ces gens, irlandais, gallois, écossais…, ces membres de sa famille qui, environ trois siècles auparavant, ont quitté leurs terres natales pour vivre le rêve américain, emmenant avec eux leur culture et leurs instruments de musique.
L’illustration de la pochette de son dernier album, “Southern White Lies”, est d’ailleurs un symbole rappelant la vie de ses aïeux, de sa famille de musiciens.
Forte de ses convictions, avec des textes forts et poignants, Martha nous fait vivre avec passion cet opus dont la majorité des titres sont ses compositions, mêlant les origines de différentes cultures, Country, Blues, Folk, Bluegrass…, savoureuse mixité entre l’émoi et la festivité.
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Je dois vous avouer qu’il m’est parfois difficile de trouver les mots justes et assez forts pour vous faire passer notre ressenti et partager nos émotions, car au fil de ces compositions, “Dead End”, “Southern White Lies”, “Hard Times”, “Do As You Are Told” ou encore “Soul on the Move”, j’ai du mal à trouver mes mots tant l’émotion est forte, ici, au Pitchtime. Les gorges sont serrées et les yeux embués. Les mains se serrent un peu plus encore… Peut-être qu’une petite larme au coin de mes yeux parlerait d’elle-même, et mieux que moi…

Nous serons également gâtés avec de superbes adaptations de reprises, telles “Honky Tonk Blues” de Hank Williams, “Take me to Back to Tulsa” de Bob Willis, “California Blues” de Jimmie Rodgers ou encore “What are they Doing in Heaven” écrit par Charles Albert Tindey, de vieux standards du début du siècle dernier, ainsi que “What Good Can Drinkin’Do”, titre un peu plus récent, de Janis Joplin.

J’ai pour habitude après chaque concert, après chaque écoute de CD, d’aller fouiller sur le Net pour rechercher, découvrir et écouter les versions d’origine des anciennes chansons de diverses cultures musicales. Cela me permet de faire une comparaison entre les différentes versions d’un même titre et de me rendre compte du travail effectué par les artistes et les groupes actuels qui apportent, pour certains, une certaine “modernité”, mais surtout révèlent leur propre identité tout en conservant l’âme originelle de ces musiques intemporelles.
Parfois ces racines impénétrables se perdent dans la mémoire collective et l’ère du temps, mais souvent ces racines, éprises de liberté, rejaillissent du passé pour mieux se nouer entre elles et ne faire qu’une, brisant les tabous et les barrières des frontières, ne faisant plus aucune différence entre les différentes cultures et les couleurs de peaux, pour que nos cœurs battent à l’unisson.
Cette fois ci j’ai trouvé les mots pour exprimer ce que Martha Fields nous fait vivre !

Grand coup de chapeau aux musiciens pour leur prestation durant toute cette soirée. Ils nous ont tous fait vibrer et seront d’ailleurs fortement applaudis. Chacun a apporté sa touche de magie : Manu Bertrand, en grand maître de ses divers instruments à cordes, Serge Samyn, impérial avec les rondeurs de contrebasse et de basse, Urbain Lambert, personnage atypique mais combien généreux avec ses riffs de guitare, et Bertand Kifmoon, subtil et chaud à la fois derrière les fûts.
Je dois avouer que j’ai réellement été bluffé par la qualité de ces quatre musiciens, qui ont su à la fois laisser la vedette à la merveilleuse Martha Fields tout en sachant être présents tout au long de la soirée.

“Encore ! Encore ! Encore !…” clame le public. D’un commun élan, nous nous levons tous et entamons les uns derrière les autres notre ‘farandole’. Surprise et amusée, Martha Fields quitte la scène et se joint à nous. Manu Bertrand, debout sur une des tables basses du Pitchtime, s’en donne à cœur joie avec sa mandoline et toute la salle, en chœur, frappant des mains pour ce denier titre en rappel, reprendra le refrain de “When the Saints go marching in” et ce, durant de longues minutes.

Cette soirée était annoncée comme exceptionnelle, et je vous l’assure, elle a tenu toutes ses promesses, et elle le fut, exceptionnelle ! C’était la fête de la Country au Pitchtime, et en ce jour de l’ascension, c’était pour nous un aller direct vers le septième ciel ! Nous y sommes toujours, d’ailleurs, absolument pas pressés de redescendre de notre petit nuage. Nous sommes bien, là-haut, avec des étoiles plein les yeux.

Martha Fields et ses musiciens poursuivent leur tournée dans l’hexagone et de nouvelles dates s’affichant pour juin, juillet et août, ne les manquez surtout pas, car vous passerez avec eux un moment inoubliable.
Et puis procurez-vous les albums “Southern White Lies” et “Long Way From Home”, disponibles en fin de concerts. Raisons de plus pour aller voir Martha Fields en Live, quitte à faire, comme ce couple venu de la baie du Mont Saint-Michel, ce soir, des centaines de kilomètres pour aller la voir. Vous ne le regretterez pas, promis !
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Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Le Pitchtime, le 25 Mai 2017