Reportage & photos: Xavier Alberghini
Pour cette nouvelle édition d'un festival pas comme les autres, les Méditerranéennes de Leucate posait son barnum sur la plage des Mourets, entre mer et étang. Trois jours de concerts, de fête et de bonne humeur, de son, de sable et de soleil,…mais aussi de vent violent, qui malheureusement amputera le dernier jour des festivités.
Arrivés le vendredi après quelques bonnes longues heures de route depuis Paris, c’est par la toujours très sympathique équipe de bénévoles que nous avons été accueillis. Après avoir récupéré nos ‘pass’, petit passage à l’espace presse, histoire de saluer les confrères et de trinquer avec eux, et nous voilà prêts pour le début des hostilités.
Le premier jour étant placé sous le signe des balkans, c’est avec les joyeux lurons de la Caravane Passe que le public, déjà nombreux, commence à se déhancher. Le combo a le ‘live’ dans la peau, usant de ses atouts: accent à couper au couteau, humour et rythmes tziganes, tout y est pour faire de ce premier concert un moment de bonne humeur et de convivialité. Indiscutablement, cela commence bien.
Ensuite, c’est au tour de Hugh Coltman, génial songwriter-interprète de prendre possession de la grande scène qui domine la Méditerranée. Quelle claque!!
Un charisme indéniable, des chansons écrites au cordeau sur une instrumentation qui pourrait paraitre minimaliste mais qui a ce petit truc qui fait d’un musicien un grand artiste, Hugh Coltman s’impose avec simplicité et talent. Un mec de la race des très grands.
Pendant le changement de plateau, direction l’espace presse, dont l’accueil très sympathique pourrait servir de modèle à de nombreux points presse de concerts et festivals tant les espaces proposant cette qualité d’accueil se comptent sur les doigts….d’une main.
Place ensuite à la Rue Ketanou, venu faire la fête et faire taire aussi quelques rumeurs annonçant leur séparation. Ils sont là et bien là, et même en grande forme, assurant le show comme ils savent le faire, avec cette communion artistes-public qui rend chaque concert de la Rue Ketanou unique.
C’est Goran Bregovic, star internationale de la musique des Balkans, génial compositeur de BO pour Emir Kusturica, qui est l’hôte de cette première soirée, accompagné pour l’occasion par un orchestre de mariage et d’enterrement. Sons et couleurs font la fête et offrent un spectacle complet: costumes folkloriques, musique captivante, joie de vivre, simplicité, tous ces artistes transmettent une merveilleuse photo musicale de leurs balkans, et nul doute qu’après cette première soirée, ils seront nombreux, les amateurs de musique, à vouloir se rendre dans les balkans pour leurs prochaines vacances.
Deuxième jour: après quelques heures de sommeil particulièrement appréciées et un peu de farniente (nous sommes au bord de la Méditerranée, tout de même…!), retour au festival avec une affiche tout aussi alléchante, mais à peine arrivés au point presse, on nous annonce que ce soir c’est plateaux de fruits de mer. Quand je vous dis qu’à Leucate, on sait recevoir!!!
La première artiste à prendre possession de la scène baignée de soleil du pays Cathare est Ilène Barnes, une chanteuse à la voix grave et sensuelle qui en impose d’entrée. Ilène Barnes, c’est 1,88m de talent à l’état pur, une aura indiscutable et une voix qui vous prend au cœur et aux tripes. Le répertoire est à l’image de la Dame, avec ce mélange de musiques américaine, indienne, irlandaise et française qui offre un tour du monde musical aux sonorités multiples. Un très beau voyage en chansons qui prépare les festivaliers présents à la furie qui va suivre.
La furie, c’est Izia. La fureur Izia. Une fille qui a le rock’n’roll dans le sang. En la regardant bondir sur cette scène on se dit que décidément elle en a plein les veines de ce ‘kickin’ as good rock’, comme disent les anglo-saxons. Rien ni personne ne l’arrête, Izia, et quand on sait que la Miss n’est autre que la fille de Jacques Higelin, alors se prend à retrouver en elle le troubadour déjanté que fut Higelin lorsqu’il passait de salle en salle, et qu’il vous gueulait ‘Champagne’.
Les photographes présents dans l’espace qui leur est réservé s’en donnent à cœur joie, et j’en ai même vu une qui se trémoussait entre deux prises de vues. Comme quoi, huitres et rock’n’ roll sont peut être les meilleurs partenaires,…n’est ce pas, Agathe?
Après la furie du rock’n’roll, c’est au tour de Yodélice de monter sur scène. Yodélice ; vous savez, ce groupe qui a pour leader l’ancien mari d’une gagnante de la star ac’, celui là même qui n’en pouvait plus d’être suivi par les paparazzis et qui, ce soir, n’autorise que la presse écrite à prendre des photos. Hé oui, tout le monde sait que c’est avec des stylos que l’on fait les meilleures photos. Loin de moi l’idée de remettre en cause leur musique, mais avouez que l’attitude prête à sourire. Surtout qu’après eux nous avons droit à un groupe dont la gentillesse, la convivialité, la qualité du relationnel sont en phase avec leur musique et leur combat permanent pour tout ce qui concerne l’environnement, Tryo.
Tryo, un groupe dont le public est, et sera toujours le 5ème membre du groupe, reprenant en cœur les refrains. J’en ai vu, et entendu qui chantaient même l’intégralité de nombreuses chansons, preuve que lorsque le message est bon, il passe. Un groupe qui, à l’instar de tous les artistes et groupes présents, se donne en direct, sans playback ou bande enregistrée, donnant le max du max à son public.
Un groupe dont la venue aux Méditerranéennes de Leucate a démontré que ce festival est non seulement l’un des plus beaux festivals de l’été mais qu’il est aussi et surtout l’un des plus militants au niveau écologique, et ce depuis leur début.
Et les membres de Tryo, farouches partisans de la cause, ne s’y sont pas trompés en invitant à ce festival la section locale de Greenpeace. Un geste que l’on aimerait voir se répéter, se voir multiplier dans les festivals et concerts, tant la défense de l’environnement est l’un des enjeux majeurs, si ce n’est l’enjeu majeur des années à venir.
C’est le sourire aux lèvres et le cœur léger que nous quittons le festival et retournons vers Port Leucate pour une nouvelle nuit de repos, en songeant déjà à cette troisième journée.
Malheureusement, le troisième et dernier jour de ces Méditerranéennes sera annulé pour cause de tramontane trop forte. C’est par un sms que nous sommes prévenus, preuve que même dans la galère, l’équipe de ce festival sait conserver et tout faire avec gentillesse et bonne humeur. Chapeau et un grand merci de la part de tous les festivaliers!!!
Xavier Alberghini
Merci à Perrine, Christine, Agathe, à toute l’équipe des bénévoles et à tous les artistes présents.
Les Méditerranéennes de Leucate - 2009