Le Blues du REVEREND au Pitchtime

Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues et Marie-Noëlle GRANDIN
Le REVEREND au Pitchtime, Samedi 16 Septembre 2017
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“La première chose qu’ils voulaient me demander, c’était ce que je pensais des blues que je jouais. Est-ce que je pensais être au service du diable ou non? Je leur ai répondu non, c’est un don que Dieu m’a accordé. Dieu veut que ses créatures s’amusent. Ce n’est pas un péché d’aller boire en écoutant des blues.” – Little Mack Simmons (1933-2000)
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Je confirme, ce n’est pas un péché d’aller boire en écoutant des blues, et soit dit en passant, si c’était un péché, Lionel Raynal, notre Reverend, avec sa bénédiction nous donnerait de suite l’absolution!

The Reverend, c’est l’artiste, l’icône du Blues, mais pour nous c’est également Lionel, l’homme sensible au grand cœur, dont l’humilité n’a d’égal que la générosité, et lorsque nous le retrouvons, c’est toujours avec énorme émotion.

Je ne vais pas vous retracer la carrière du Reverend, ni citer tous les artistes, les plus grands de ce monde, avec lesquels il a partagé scènes et festivals en France comme à l’étranger. L’été dernier, il était présent sur un grand festival, le ‘Villemaggia Magic Blues’ en Suisse, jouant devant un nombre impressionnant de spectateurs et ce soir du 16 septembre 2017 il vient jouer dans l’intimité de la petite salle du Pitchtime à Dourdan. Ce que je veux dire, c’est que notre Reverend fait partie de ces artistes, et il n’est pas le seul, heureusement, à savoir se partager entre grandes scènes et petites salles, pour venir partager au plus près du public, dans des endroits de proximité. Et c’est tout à son honneur. Durant le concert il nous fera d’ailleurs quelques commentaires à ce sujet, invitant d’autres artistes à forte notoriété à en faire autant.

Je vais reprendre ici le commentaire d’après concert de Marie-Noëlle Grandin, une amie présente ce soir, avec qui j’ai le plaisir de partager quelques unes de ses photos pour ce reportage :
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“Ca me fait rebondir sur ce qu’a dit hier Lionel Raynal (The Reverend), lors du concert au Pitchtime. Les artistes ont besoin de ces cafés-concerts, et ces cafés-concerts ont besoin de temps en temps de ‘têtes d’affiches’ pour promouvoir et perdurer leur passion. Car c’est une vraie passion pour eux. Je parle en mon propre nom, mais je suis certaine que d’autres pensent comme moi. Il n’y a rien de mieux pour nous que d’aller voir et écouter ces artistes dans ces salles plus intimes. Quoi de plus beau que d’entendre du direct (bio), sans fioritures, sans jeux de lumière, sans artifice. L’émotion, la vraie, elle est dans ces lieux. Nous ne devons pas perdre ces endroits, nous public, et vous artistes.”
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Tout est dit et bien dit. Que rajouter de plus, sinon pour certains… à méditer!

Je vais vous avouer, ma compagne a pour habitude, durant une dizaine de jours, d’écouter en boucle, ‘I Have a Dream’, un des albums du Reverend, sachant que nous allons le retrouver en concert, “pour se remettre dans l’ambiance”, me dit-elle!
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Ce n’est peut-être qu’un prétexte pour squatter la platine, un prétexte pour écouter à nouveau le Reverend, car à chaque fois que nous assistons à un de ses concerts, nous avons cette impression de le découvrir, comme si c’était une première, tant à chaque fois le timbre de sa voix est une expression émotionnelle qui nous étonne et nous étreint. Je l’ai déjà dit et je le répète, la voix du Reverend chante les joies et les peines de cette musique. Entre ange et démon, c’est la voix du Blues!

Avis aux personnes qui ont du mal à trouver le sommeil, à ceux qui comptent les moutons pour tenter de tomber dans les bras de Morphée, pensant qu’un vieux blues mélancolique pourrait aider, tel un somnifère, détrompez-vous, sachez que le Blues du Reverend est aux antipodes et vous condamnerait à l’insomnie.
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Nous avons droit ce soir à un premier set explosif, car avec cette formation en trio, le blues-rock est Roi, basé sur de solides complicités, entre Lionel Raynal, Serge Cortin à la basse et Patrice Pillon à la batterie. C’est toute la quintessence du trio, où le talent et la forte personnalité de chacun permet la symbiose tout en laissant place à une certaine improvisation en toute connivence.

Entre compositions, ‘Still Alive and Blue’, ‘Bad Time Blues’ de l’album ‘I Have a Dream’ et standards ‘Rock me Baby’, ‘Down Right I Got the Blues’ de B.B. King et Buddy Guy, toujours fidèle à sa Gibson, cette Les Paul qu’il affectionne, le Reverend va une nouvelle fois nous démontrer que son jeu incisif est toujours au sommet de son art, un aller direct pour enflammer le public.

La rythmique est menée à train d’enfer. Lorsque vous fermez les yeux et vous les ouvrez à nouveau face à Patrice Pillon, le diable ressurgit de ses fûts, il frappe et frappe encore inlassablement, imprimant une cadence infernale. Sur chaque titre son accompagnement est comparable à un solo de batterie permanent.

Impressionnant est également Serge Cortin à la basse. Le groove est en lui. Il reprend en chœur les refrains, s’éloigne de quelques pas du micro et nous fait vibrer de son doigté sur les cordes et de sa présence scénique.

Le deuxième set sera aussi percutant et émotionnel que le premier. Lorsque le Reverend interprète cette composition, ‘Story of my Life’, j’en connais une qui jubile à mes côtés. Je dirai même qu’elle fond, mais elle ne sera pas la seule, car la relation avec tout le public est fusionnelle.
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Nous aurons droit à quelques titres du répertoire de B.B. King, S.R. Vaughan et bien sûr ZZ Top, entrecoupés de quelques anecdotes relatées avec humour et réflexions bien pensées, car le Reverend à toujours quelques vérités à dire en communion avec l’assistance.

En fin de concert, le Reverend sort de sa poche une paire de lunettes fumées qu’il porte habituellement sur scène. Ce soir, il est presque étonné, d’avoir oublié de les mettre, mais au plus proche de lui, nous avons lu dans ses yeux, nous avons vu rire et briller son regard et partager cette flamme qui est en lui, ce désir de tout donner sans jamais compter. Les lunettes noires n’auraient rien changé pour nous qui le connaissons, et pour ceux venus le découvrir ce soir, ils auraient deviné tout ce qu’exprime ce regard, tant il est expressif.
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La prochaine fois que nous retrouverons notre Reverend ce sera toujours avec la même petite larme émotionnelle, cette larme de bonheur.

Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues et Marie-Noëlle GRANDIN
Le REVEREND au Pitchtime, Samedi 16 Septembre 2017