Le Blues de Roland Tchakounté au Sunset

                                     
                     Le Blues de Roland Tchakounté au Sunset

Reportage : Frankie Bluesy Pfeiffer
Réalisé au Sunset, Paris, le 4 juin 2010
Photos : © Frankie Bluesy Pfeiffer

Juin 2010. Roland Tchakounté est au Sunset, rue des Lombards, pour trois soirs. Que de chemin parcouru depuis ‘Bred Bouh Shuga Blues’, le tout premier album que Roland Tchakounté avait sorti et qui est désormais ‘collector’, le CD étant épuisé, avant ce fameux ‘Aba Ngo’ qui reçut un accueil des plus chaleureux du public et de la presse blues française. Petit détour aux accents légèrement plus jazzy avec ‘Waka’ avant un retour explosif avec « Blues Menessen’, sorti en cette année 2010. Un album qui ne balance pas entre blues et world music, mais qui mélange ces deux univers, les associe, les fusionne pour donner à cette musique multicolore un éclat que seul l’arc en ciel peut dégager.

Il est vingt heures et le trio composé de Roland, Mick et Matthias s’installe dans cette salle du Sunset remplie d’amateurs et de curieux. De fans et de personnes ayant entendu dire que…
Roland attaque le set par des titres issus de son tout dernier album, ‘Blues Menessen’, chantés en Bamiléké, un dialecte de son pays natal, le Cameroun. La voix de Roland Tchakounté nous porte, nous transporte de l’autre côté des mers. Les paroles des chansons nous pénètrent et dans cette cave voûtée du Sunset, nous nous sentons tous devenus l’un de ces ‘blues menessen’.

A moitié caché par des cymbales et des percus, Matthias Bernheim se fait presque oublier, comme si la rythmique pouvait provenir, seule, des profondeurs du Sunset. Ou de la lointaine Afrique.

Debout et presque effacé sur la gauche de la scène, Mick Ravassat confirme aux rares qui en doutaient peut être encore qu’il est ‘the’ slideman français. Son jeu est si intense et si lumineux que mon voisin guitariste, qui m’accompagna au dernier concert de Derek Trucks à Paris, n’hésite pas à le comparer au génie américain. C’est dire combien ce garçon qui est tellement discret et effacé en dehors de la scène en devient la pièce essentielle quand il a une gratte entre les mains. A quand un album solo, nom d’un crossroad…?

Toujours assis sur son tabouret, Roland Tchakounté chante, grimace, traversant chaque chanson d’expressions qui nous font ressentir les paroles comme si nous savions parler Bamiléké. Avec Roland et ses deux musiciens, nous avons quitté depuis un moment la dualité scène/public pour nous transporter dans une de ces nuits africaines où, assis autour d’un grand feu, nous chantons tous en cœur l’amour, le blues, le soleil et le vent.

Invitée surprise venue tout spécialement du Japon pour ces trois soirées, la saxophoniste Chika Asamoto rejoint le trio sur scène, venant prouver, si besoin était, que le blues de Roland Tchakounté a dépassé les frontières pour flirter avec la world et le jazz. Un flirt que le duo saxo et slide-guitare va transformer en union fusionnelle, les deux instruments s’interpellant, se provoquant, se superposant dans une étreinte (musicale) des plus torrides.

La cave du Sunset qui était fraîche, au début du concert, a vu la température monter brutalement et c’est en transe que nous remontons les escaliers, non sans avoir salué et remercié les quatre artistes pour ce concert réellement exceptionnel.

A consulter :
http://www.roland-tchakounte.com
http://www.myspace.com/rolandtchakounte

Roland Tchakounte