Le Blues de Peter Nathanson au Pitchtime

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Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Le Pitchtime, le 8 Avril 2017
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Cela arrive à chacun de nous, vous savez, ces envies de soirées folles, de retrouver des amis, de faire la fête, de totalement se libérer, de faire une cure de jouvence. Et si de bonnes bouffées d’Opium Kiss nous sont proposées, nous ne rechignons pas, sachant qu’alors les poussées d’adrénaline sont toujours garanties.

Cette occasion nous est offerte en ce soir du 8 avril 2017 et nous n’allons surtout pas nous en priver, car Peter Nathanson est à l’affiche du Pitchtime à Dourdan.
Le public est venu nombreux, un radieux soleil printanier s’invite à la fête et nous permettra de dîner avant-concert en extérieur, sur la belle terrasse de l’endroit.

Durant deux sets et plus de deux heures de concert nous allons pleinement vivre et jouir d’un Blues à l’état pur, celui de Peter Nathanson, partagé entre adaptations de reprises et compositions. A chaque fois que nous retrouvons Peter, nous avons toujours l’impression de le découvrir, sans nul doute parce qu’il est unique, mais aussi à cause du choix du répertoire qu’il propose et qui diffère à chacune des ses prestations.

Dès les premiers titres joués ce soir, “Let me love you” de Buddy Guy, “Messin with Kid” de Junior Wells, “Rollin’ and Tumblin”, ce blues perdu dans les origines de cette musique et repris entre autres par Robert Johnson et Muddy Waters, nous sommes ailleurs, errant quelque part entre la moiteur des marais du Bayou et les bars enfumés de Memphis, envoutés et ensorcelés par la voix et le jeu de gratte du sorcier à la six cordes.

Parmi le nombreux public présent, des musiciens, des guitaristes, certains d’entre eux venus retrouver Peter, et d’autres venus le découvrir sur scène. Et tout comme nous, je pense, ils seront totalement scotchés par le jeu du “tueur de Boston”, par sa façon de jouer, onglet au pouce, par la fluidité et la rapidité de son jeu, de ses riffs tranchants, de son “art” dirais-je même.
J’ouvre une petite parenthèse… Deux heures auparavant, Peter m’avait fait l’honneur de m’accorder une interview pour Paris-Move (interview que vous pouvez retrouver ici : ITW de Peter), et il m’avait confié être toujours en perpétuelle recherche du ‘son’, le sien, celui qui est dans sa tête depuis toujours, et il m’avait expliqué s’en être rapproché avec les compositions d’Opium Kiss, son nouvel album. Il nous en jouera d’ailleurs quelques titres ce soir, “The Way that you Dance”, “I want you”, “Key to your Heart”, et “Can’t find the Reason”. Il fallait être ce soir devant la scène du Pitchtime pour comprendre, car il est difficile d’expliquer ce qu’est l’émerveillement d’écouter Peter Nathanson, tant nous avons succombé lorsqu’ il nous a fait pleurer sa guitare. Cela, il faut le vivre en live. J’ai de la compassion pour sa fidèle Strato… J’imagine à peine combien elle devra souffrir encore pour côtoyer ce que l’on peut appeler l’approche de la perfection.

Habituellement Peter Nathanson se produit en trio, mais à ce concert nous aurons la surprise de découvrir un quatrième larron à ses côtés, l’incontournable Gilles Gabisson à l’harmo. Incontournable, tout comme l’est son instrument pour le Blues, ce fameux “ruine babines” comme l’ont surnommé ceux qui en jouent.
Gilles est tombé dans le Blues à l’âge de seize ans. Guitariste avant tout, puis harmoniciste durant dix ans avec le groupe très roots The Rabbit Foot Minstrels. Actuellement il partage ses deux passions, harmo et guitare, avec le groupe The Blue Horizon.
Peter, j’ai envie de te dire de garder Gilles auprès de toi, car tant par sa forte présence scénique que par son talent il a communié avec toi. Avec vous deux c’est l’union sacrée ‘guitare/harmo’, une union indispensable, si je peux me permettre d’insister. Durant toute la soirée et sur tous les titres, tes compositions citées ci-dessus, mais également sur ces titres puisés dans ta discographie, “I’ve been wronged” et “20 Dollars”, tout comme sur les reprises, telle “Sunshine of you Love” de Cream, il nous a totalement scotché et a sublimé son Blues.

Côté rythmique, les deux compères de Los Wackos, l’imperturbable Bruno Baïdez à la basse et le bouillant Michel Théodule (dit Théo) sont depuis longtemps rompus à toute épreuve. Avec ces deux piliers inébranlables que sont Bruno et Théo, Peter est assuré d’une complicité sans failles et d’une assise rythmique impressionante.

En fin de concert, deux invités prennent place sur scène pour deux titres : un jeune guitariste dont j’ai oublié le nom (il m’en excusera, j’espère…), et Gilles laisse la place à l’ami Bnopi Harmojito, également harmoniciste, comme son surnom l’indique. Jouer après Gilles, la tâche est ardue, dirons nous, mais le Bnopi va nous la faire toute en finesse et en émotion, et comme à son habitude il ne déméritera pas. Un bien beau cadeau que sait offrir Peter Nathanson à chacune de ses apparitions au Pitchtime, en ouvrant la scène à des musiciens présents dans le public. On vous le dit et répète, ce Bluesman là a le coeur dans la main.

Un dernier blues en rappel va clôturer cette chaude soirée sous les applaudissements nourris d’un public totalement conquis, car c’était encore un concert d’exception au Pitchtime, ce soir. Mais avec Peter Nathanson et ses musiciens, comment pouvait-il en être autrement…

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Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Le Pitchtime, le 8 Avril 2017
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