Lax’n Blues Festival 2010: 'Hommage à Bon Scott'

                   Lax’n Blues Festival 2010: ‘Hommage à Bon Scott’

Reportage: Frankie Bluesy Pfeiffer (Paris-Move, Blues Magazine, BluesWax & Blues Blast Magazine) et Nathalie Nat’ Harrap (Blues Matters)
Photos: © Frankie Bluesy Pfeiffer et Céline Bastonero (photos CB)
Les 26 et 27 mars 2010, à Lax

Niché dans l’Aveyron, Lax est un petit village de quelques dizaines d’habitants pendant l’année et qui, le temps d’un Festival, va approcher le millier de visiteurs. Résultat lié à la qualité d’une programmation effectuée par Didier et Eric Bastonero, deux frangins dingues de blues et surnommés les Bastonero Blues Brothers, mais aussi à l’implication sans bornes de près de 80 bénévoles qui monteront sur un endroit vide de tout (sans électricité, sans eau), un chapiteau où viendra se presser le public pour manger, boire et écouter de la musique.

Fidèle à notre promesse, et malgré un agenda particulièrement chargé, nous sommes descendus cette année sur Lax pour vivre de l’intérieur ce festival dont la réputation de qualité et de convivialité dépasse largement les frontières du sud de la France. A preuve, nous avons croisé au cours de ce festival des bikers venus de Marseille et de Nice, des amateurs de blues descendus de Lille et deux couples venus de Strasbourg.

Vendredi 26 mars

Comme chaque année, la veille du festival, un des groupes à l’affiche propose aux bénévoles une soirée musicale au Jacobar de Luc, à moins de quatre kilomètres de Lax. C’est Cotton Belly’s, lauréat au Tremplin Blues sur Seine 2008, qui joue en ce vendredi 26 mars, offrant aux bénévoles un véritable concert ‘entre amis’.

Dans une ambiance amicale et festive, bénévoles et musiciens qui arrivent peu à peu échangent des impressions, trinquent et dégustent l’excellent aligot proposé par un restaurateur venu en voisin et…en camionnette.
Les sourires illuminent les visages et Cotton Belly’s met une ambiance de feu dans ce bar où les Moonshiners arrivent à leur tour, suivis un peu plus tard, des membres de Scottland.

Michel ‘Mambo Slim’ à la guitare, Kiki ‘Owen Brown’ à la basse et Romano à la batterie assurent, offrant une base rythmique impressionnante aux belles envolées de Skippy Benson à la guitare acoustique puis électrique, tandis que Yann ‘WillyWood’ fait une nouvelle démonstration de ses qualités d’harmoniciste, certes, mais aussi de chanteur.

En deux sets, le combo nous fait passer du blues acoustique au blues électrique en passant par une gigue et du gospel, glissant entre leurs compos des titres archi connus, comme ‘When The Saints Go Marchin’ In’, qui soulèvent l’enthousiasme des bénévoles présents jusque tard, même si tous savent que demain, il faudra se retrouver très tôt sur le ‘chantier du festival’.

En rappel, ce sont Alexx & The Mooonshiners qui rejoignent les Cotton Belly’s pour un ‘Got My Mojo Working’ endiablé sur lequel Lionel Riss, des Mooons, et Skippy Benson nous offrent un long et superbe duel à la guitare, preuve que cette édition 2010 du Lax’n Blues Festival est bien placée sous les meilleurs auspices.

Samedi 27 mars

Invitée annoncée par la météo, la pluie s’impose d’entrée, dès ce samedi matin, obligeant les bénévoles à compléter le réseau d’évacuation de l’eau de pluie tombant à verse sur le chapiteau. Pendant ce temps, dans la salle des fêtes contigüe au chapiteau, les ingés sons peaufinent leur boulot de la veille car les premières balances ne vont pas tarder.
Sous le chapiteau, tout se met en place, depuis la déco jusqu’à la construction de l’immense bar, tandis que côté cuisine, les fours sont installés, vérifiés, testés, car toute la soirée ce seront des centaines de barquettes de frites ou d’aligot qui seront à proposer, et tout le monde sait qu’à ce moment là, aucun retard, aucune panne ne seront acceptés.

Il est 19 heures et quelques minutes quand les Cotton Belly’s montent sur scène. Dès les premières notes, c’est le déclic sous le chapiteau. Plus rapide que l’éclair, le public quitte le chapiteau et envahit la salle, venant se presser devant la scène pour écouter ce groupe dont le son les surprend: un mélange d’acoustique et d’électrique qui, allié à des rythmes dansants comme la gigue, enthousiasme tous les spectateurs. Et pour ceux qui n’ont pu rentrer dans la salle, un écran géant retransmet le set, preuve qu’à Lax tout le monde verra les musiciens, où qu’il se trouve.

Une fois de plus, Yann & Co va proposer un set de très haute facture, preuve que le groupe a incontestablement franchi un cap depuis son Tremplin de Blues sur Seine, en 2008, voire même depuis leur concert de fin 2009, en première partie de Blues Power Band, au New Morning. Les reprises alternent avec des compos, et c’est sur l’une de celles-ci, ‘Mambo’, que le groupe va quitter une salle conquise par leur énergie, leur fraîcheur et leur ‘son’. Un son qui est la marque de fabrique du combo et qui leur permet de revisiter comme ils le souhaitent des standards sans que qui que ce soit ne puisse y trouver à redire et que le public de Lax a salué à sa manière en réservant à Cotton Belly’s un long et vibrant hommage en fin de set.

Présent sous le chapiteau en artiste ‘interplateau’, Gas nous a fait l’agréable surprise d’être venu avec une rythmique alors que l’artiste avait été prévu pour jouer en acoustique. Une surprise fort appréciée du public qui se voit ainsi gratifié d’un vrai set électrique, et de qualité, le trio se donnant à fond, comme s’il avait été sur la scène principale.

Après les Cotton Belly’s, c’est au tour des Hot Chickens d’investir la scène de la salle, faisant monter de suite le thermomètre grâce à un rock épuré reposant sur les fondations d’un trinôme intraitable: contrebasse, guitare, batterie.
Avec les Hot Chickens, on passe du ‘rock à Billy’ à celui d’Elvis Presley, on revisite au passage Little Richard et on met le public en transe. C’est du rock basique mais diablement efficace et le public en redemande.

Hervé Loison soulève sa contrebasse tel un trophée de guerre punk tandis que la guitare de Didier Bourlon fait un clin d’œil à Scottland en envoyant le célébrissime riff de ‘Highway To Hell’. La salle est en délire et les organisateurs s’arrachent les cheveux pour faire comprendre aux ‘poulets’ du Nord de la France que d’autres groupes leur succèdent, et qu’ils doivent savoir ne pas répondre aux rappels mais le trio est en totale communion avec la salle et Thierry, à la batterie, relance la machine à un rythme d’enfer, comme s’il était vital pour lui de continuer. Debout derrière sa batterie, il embarque la salle avec lui tandis qu’Hervé s’est effondré à l’harmo près de la grosse caisse, se relevant et se lançant dans un public devenu tellement dense que la salle s’est transformée en un seul et unique bloc humain.
Un bloc qui fera une immense ovation aux Hot Chickens qui terminent leur set à l’image de leur nom, ‘hot’.

Artiste interplateau, Gas remonte sur la scène située sous le chapiteau pour un set qui sera malheureusement très court, les Hot Chickens ayant fait exploser le compteur de la durée de leur prestation. Disponibles et souriants, Gas et son trio sont présents au moment où il le faut et ils assurent, le temps qu’Alexx & The Mooonshiners s’installent.

Alexx, c’est une chanteuse à l’énergie explosive qui, une fois lâchée sur scène, mute, pour se transformer en bête de scène avec des attitudes déjantées, sorte de mélange de Janis Joplin et de Jim Morrison. Une personnalité à aller voir en ‘live’, je vous le recommande. Mais Alexx c’est aussi une voix, un organe qui vous perfore de part en part, qui ne laisse pas indifférent. J’en connais qui n’aiment pas, c’est vrai, mais j’en connais, et nombreux, qui adorent cette puissance vocale, cette énergie non retenue qui enflamme le public.

Sûr que passer après des poulets bien cuits qui ont fait exploser le compteur de leur set et la température de la salle n’est pas chose aisée, et dommage qu’un break trop court n’ait pas permis à ceux qui étaient partis chercher à boire ou à manger de revenir, mais ce sont là les aléas d’un festival où les groupes doivent se succéder selon un timing….que certains ne respectent pas, trop pris qu’ils sont dans leur échange avec le public, et c’est bien dommage.

Heureusement toutefois que les organisateurs ont fait installer un écran géant sous le chapiteau, ce qui permet à toute la partie du public parti se restaurer de suivre les envolées de Lionel Riss à la guitare, un gratteux très apprécié de ses confrères et dont l’énorme talent n’est pas encore salué à sa juste mesure. Voilà qui est dit.
Côté rythmique, Aurélie, à la batterie, et David à la basse sont le parfait pendant des deux front-stars de ce quatuor dont il faut souligner au passage le respect de cette parité hommes-femmes que tant de politiques, par exemple, exigent et mettent en avant sans jamais, ou trop rarement, l’appliquer.
Un groupe dont il faut souligne les qualités et qui mériterait de figurer en tête d’affiche de nombreux festivals.

Le timing subissant à nouveau les conséquences du dépassement horaire des Hot Chickens, Gas ne remonte même pas sur scène, les musiciens de Scottland devant repartir très tôt le lendemain matin pour le Nord de la France. Dommage, car Gas et son trio avaient jusqu’à présent parfaitement assuré les changements de plateau.

A peine le temps pour nous de chercher de quoi boire (pas de pub, bien entendu) que déjà les premiers riffs de gratte annoncent la couleur. Cela sonne comme du AC/DC mais ce n’est pas AC/DC qui est sur la scène de Lax. Pas grave, il suffit de fermer les yeux et hop, on est propulsé des années et des années en arrière, lorsque Bon Scott était encore là, car c’est lui qu’il me semble entendre au travers de la voix d’Eric Fermentel qui chante ‘pour’ Bon Scott et qui ne se la joue pas plagiat, en mec respectueux du maître.
Un super chanteur que ce Eric, soutenu par une rythmique absolument diabolique avec Thierry et Tieri (basse et batterie) et deux gratteux absolument survoltés, François et Paulo. Un super chanteur soutenu par un super groupe qui joue dans la catégorie ‘Tribute to’, c’est sûr, mais qui survole très, très, largement bon nombre de groupes franchouillards que nous bombardent radios nationales et FM.
Avec Scottland, on ne joue pas petits bras mais on est dans le rock couillu qui envoie. C’est du gros son et de l’énergie qui vous refile votre dose de vitamine pour plusieurs mois, au moins. Un groupe que Bon Scott doit regarder avec fierté, de là où il est.

Dernier tour de piste pour Gas qui remonte sur sa scène de forme arrondie en compagnie de Donald Ray Johnson, tirant autant que possible vers un matin annoncé cette édition 2010 du Lax’n Blues Festival, histoire que le mot ‘fin’ arrive le plus tard possible. Ou, mieux dit, le plus tôt possible.

Un grand, un immense merci à tous les musiciens, bien sûr, mais aussi au public, aux Bastonero Blues Brothers et à tous ces bénévoles sans qui rien ne serait possible. C’est pourquoi, avant de refermer le rideau de ce Lax’n Blues Festival, nous vous offrons, et nous LEUR offrons quelques photos prises pendant les préparatifs.
A l’année prochaine, sûr de sûr !

Frankie Bluesy Pfeiffer & Nathalie Nat’ Harrap

A consulter absolument:

http://www.laxnblues.fr
http://www.myspace.com/gasblues

http://www.myspace.com/cottonbellys
http://www.myspace.com/hotchickensfr
http://www.myspace.com/mooonshiners

http://www.myspace.com/scottlandlegroupe

Lax’n Blues Festival 2010