La dernière nuit blues du One Way

Christine l’avait annoncé: la nuit du 14 décembre serait la dernière nuit du blues au One Way, et la dernière nuit du One Way, tout simplement.
Véritable juke joint déposé là, près du périph, dans la commune de St Ouen, l’endroit a vibré de toute son âme pendant des années aux sons de nombreux musiciens, peu connus ou archi-connus comme, entre autres, Juju Child, K-Led Bâ’Sam, Pat The White, Keziah Jones, Candye Kane, Benoît Blue Boy, Patrick et Steve Verbeke, Mudcat, la re-formation du mythique Bijou, mais aussi les stars de l’harmonica que sont J.J. Milteau et Greg Szlapczynski, sans oublier les nuits de jam sous la houlette de Boney Fields & Co, et tous ces artistes qui sont venus illuminer les nuits du One Way.

Chelsea aura eu le redoutable et grand honneur d’ouvrir la fête, suivi par d’autres fidèles des lieux que furent K-Led Bâ’Sam, Jo Smokin’ Champ et Abraham Cohen, avant que l’inusable Mike Lecuyer ne monte sur scène pour chanter en chœur avec les journalistes, les photographes et tous les amateurs de blues présents ce qui restera sans doute l’hymne du One Way: ‘Gare du Nord’. Un hymne que Mike chantera deux, puis trois fois au cours de la soirée, soutenu en cela par la rythmique des Shake Your Hips! et par les guitares acérées de Mauro Serri et d’Eric Ter qui prit à son tour le relais de Mike Lecuyer en proposant quelques titres de son nouvel album, ‘Chance’.

Bourré à craquer, le juke joint parisien connaissait un succès qu’il aurait été bon de lui assurer bien plus tôt, mais les esprits malins vous diront qu’aux States également ces baraques à zik ferment les unes après les autres, et que c’est sans doute là le secret de ce qui restera un beau souvenir, un souvenir impérissable: la fin, la Der des Der.
Et comme le hasard fait bien les choses, pour cette Der là, y’avait Eric Ter. Mais pas que lui, mais pas que lui, puisque dans la salle on pouvait croiser Nina Van Horn sous son légendaire chapeau noir, Claude Langlois, les Big Brazos et les Shake Your Hips!, Véronique et Thibaut, des Mama’s Biscuits (entre autre…), Verbeke père et fils, Pascal Mikaelian, les équipes de Blues Magazine et de Blues Again, l’incontournable zicazic’man Fred Delforge, les photographes de toujours, dont l’inusable Nono du Blues, des visiteurs de passage qui avaient entendu la musique et à qui on expliquait tant bien que mal que oui, c’est bien la Der des der, tandis que le duo Blackberry & Mr. Boo-Hoo récemment ovationné au Tremplin de Blues sur Seine prenait place sur la scène pour un set qui sera lui aussi malheureusement trop court, mais toujours aussi survitaminé.

 

En hommage à Christine, et voulant surtout (et ‘enfin !’) l’avoir comme choriste, Mike Lecuyer reprendra pour la troisième fois de la soirée son ‘Gare du Nord’, avant que ne lui succèdent Chelsea et Mauro Serri, puis Benoît Blues Boy et ses Tortilleurs, épaulés par le grand bonhomme de la slide, Claude Langlois (que vous pouvez entendre sur le dernier Popa Chubby, yes !).

Au One Way, la nuit du 14 décembre aura été fidèle à ce qu’avait souhaité la boss, Christine: une fête, la fête de tous les amis du blues et de la bonne musique. Une fête qui, hasard du calendrier, se sera déroulée un 14, comme le 14 juillet, jour de la Fête Nationale. Désormais le blues aura son 14, son 14 décembre.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris-Move & Blues Magazine
Au One Way