Jimmie Vaughan & The Tilt-A-Whirl Band au New Morning

           Jimmie Vaughan & The Tilt-A-Whirl Band au New Morning

Reportage : Dominique Boulay & Frankie Bluesy Pfeiffer
Le mercredi 2 juin 2010 au New Morning (Paris)
Photos : © Frankie Bluesy Pfeiffer

Disons tout de suite qu’une légende vivante du Texas Blues, et beaucoup plus encore, passant par Paris, il était impératif que l’on se déplace écouter et regarder ce personnage à la réputation sulfureuse et ce, d’autant qu’il n’était pas venu les mains vides, puisqu’il profitait de l’occasion pour nous présenter son nouvel opus, ‘Jimmie Vaughan Plays Blues, Ballads & Favorites’ chez Proper Records, et pour en jouer de nombreux morceaux sur la scène du New Morning.

Pendant l’interview qu’il nous a très aimablement accordée dans l’après-midi, il nous a d’ailleurs expliqué pourquoi cet album lui tenait particulièrement à cœur. Tout d’abord parce que c’est le premier album qu’il sort depuis près de neuf ans. Et puis, plus que tout, parce qu’il voulait enregistrer en studio des morceaux intemporels qu’il aime par dessus tout et qu’il avait envie de les reprendre pour son plaisir avant de repartir en tournée pour les jouer à chaud devant le public de tous les continents. La preuve, s’il en est besoin, c’est que seul un titre est de lui. Les autres morceaux sont signés Jimmy Reed, Roscoe Gordon, Johnny Ace, Roy Milton et j’en passe.

Et ce qui est extraordinaire, ce soir, c’est le fait que les musiciens d’Austin avec qui il tourne habituellement lorsqu’il est ‘à la maison’ et avec qui il a gravé les sillons en question, sont là, en chair et en os, avec lui: George Rains aux fûts, Ronnie James à la contrebasse et occasionnellement à la basse, Billy Pitman à la guitare, Greg Picollo au sax ténor et Doug James Schlecht au sax baryton, Kas Kasenoff ayant dû rester aux Etats-Unis auprès de ses élèves musiciens avec lesquels il s’était engagé avant que la tournée ne soit programmée. Ultime petite précision, les deux saxophonistes sont également membres du Roomful of Blues, ce qui constitue une référence de taille, convenez-en!
Et puis n’oublions surtout pas Lou Ann Barton, devenue membre à part entière de la formation puisqu’elle chante d’ailleurs sur six des quinze plages de la galette.
Une absence de taille à ce magnifique plateau, Bill Willis, bassiste et joueur d’orgue Hammond B3, à qui le disque est dédié, puisqu’il a tiré sa révérence, il y a peu de temps…

Avant même de rentrer dans le vif du sujet, nous allons ouvrir quelques parenthèses qui s’imposent. Sur Bill Willis, tout d’abord: né en 1937, il débuta comme bassiste de Billie Holliday, à l’âge de 23 ans. Il poursuivit sa carrière dans la section rythmique de Freddie King avec qui il enregistra les trois premiers albums du guitariste, dont celui dans lequel on retrouve le fameux ‘Hideaway’. Parallèlement à ce premier instrument, il manifesta de réelles aptitudes à jouer de l’orgue Hammond et du fameux B 3, plus particulièrement. Il était membre à part entière du Tilt A Whirl Band depuis plusieurs années et il joue du clavier dans six des titres du nouvel opus de Jimmie Vaughan.

Lou Ann Barton, elle, née en 1954 au Texas, commença sa carrière musicale au début des années soixante dix. Avec the Triple Threat Revue, dans lequel jouait déjà Stevie Ray Vaughan et W.C. Clark, avant de devenir membre fondatrice de Double Trouble avec Jimmie et Stevie Ray Vaughan. Elle chanta quelques années dans le W.C. Clark Blues Revue puis poursuivit son parcours musical dans le Roomful of Blues qu’elle intégra juste après le départ du fondateur du groupe, Duke Robillard. C’est en compagnie de Ronnie Earl à la guitare et Greg Picollo au sax qu’elle continua de chanter. La renommée de ces artistes de talent atteste, par la même occasion, des compétences de la Grande Dame qui a, depuis, rejoint la formation de Jimmie Vaughan.

 

Tout ce beau monde, donc, à l’exception de Bill Willis, était sur la scène du New Morning pour notre plaisir. Et nous ne fûmes pas déçus. Les musiciens étant tous d’excellents ‘performers’, chacune des partitions a été jouée de main de maître. Le batteur cogna juste ce qu’il faut, tel un métronome parfaitement réglé, le second guitariste brilla par la qualité de son accompagnement marqué par la sobriété, le bassiste fut aussi bon à la basse qu’à la contrebasse et la petite section de cuivres fit tout ce qu’il faut pour que les voix de Lou Ann et Jimmie soient mises en valeur, ainsi que le jeu de guitare de celui-ci qui, bien que différent de son illustre frangin, présente néanmoins beaucoup d’intérêt.
Un très beau concert dont nous vous convions à découvrir les morceaux sur le tout dernier opus de Jimmie Vaughan.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine