Jason Kingsley – French Originals au Pitchtime

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Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Jason Kingsley au Pitchtime, le 28 Juillet 2017

“Quand on rencontre quelqu’un, c’est signe qu’on devait croiser son chemin, c’est signe que l’on va recevoir de lui quelque chose qui nous manquait. Il ne faut pas ignorer ces rencontres. Dans chacune d’elles est contenue la promesse d’une découverte.”
Aharon Appelfeld

J’ai cette envie de partager avec vous un coup de cœur, de vous faire part d’une belle rencontre avec un personnage fort sympathique, un artiste, compositeur, chanteur, guitariste, et pianiste. Un de ces musiciens que l’on n’enferme pas dans une case, tout simplement car son style et sa musique sont inclassables. Ce touche à tout, cet électron libre a pour nom Jason Kingsley.

Né d’un père américain ‘self-made man’ et d’une mère ‘British’, danseuse classique dans sa jeunesse pour le Royal ballet à Londres, Jason Kingsley grandit en Californie et à New-York jusqu’à l’âge de ses 18 ans. Deux de ses oncles sont des musiciens professionnels, dont l’un d’eux, Gershon Kingsley, a écrit en 1969 la musique du tube planétaire ‘Pop Corn’ figurant sur son album ‘Music to Moog by’, dont de nombreuses reprises de ce titre ont vu le jour ensuite. Pour certains d’entre vous, je vois sourire les sexagénaires, ne me dites pas que vous n’avez pas flirté sur ce fameux ‘Pop Corn’, car je ne vous croirais pas !

Jason commence à jouer du piano dès l’âge de 7 ans et découvre le piano jazz vers 14 ans. Il consacrera une grande partie de son temps à improviser et à écrire des thèmes et des chansons qui, pour certaines, verront le jour 25 ans plus tard.
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Jason Kingsley quitte les USA et s’installe en France en 1993, et étudie la composition contemporaine au conservatoire de Pantin avec Sergio Ortega. Il continue des études de piano classique et d’orchestration à la Schola Cantorum à Paris et ne cesse d’écrire des chansons influencées par les standards de Jazz, de bossa nova et du répertoire anglo-américain des années ‘50/60 et 70.

Au début des années 2000, Jason Kingsley décide d’arpenter les rues de Paris, de chanter accompagné de sa guitare. Ce sont les premiers pas pour se faire connaître du public, comme beaucoup d’autres musiciens l’ont fait avant lui. Il crée son premier trio Jazz avec Dan Casares, jeune saxophoniste de San Francisco et Joe Goose, contrebassiste londonien. Ensuite, Jason s’associe avec Isaac Narell, saxophoniste de la côte ouest, et joue en solo ou en groupe à Montmartre, Port Saint- Louis, Saint-Germain-des Prés… pour animer les soirées estivales. La voix de Jason si particulière, et son style, son swing américain, séduisent l’assistance.
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De ces rencontres avec le public suivent des demandes pour des soirées privées et les CD se vendent aux passants et aux terrasses des cafés. En 2016, Jason quitte la capitale pour venir s’installer en île de France, dans cette belle région de la vallée de Chevreuse, et fait la connaissance de Christophe Bergouignan, qui deviendra son parolier et son inséparable ami.
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C’est un tournant dans sa carrière, et en peu de temps, leur intense collaboration les amène à écrire plus de 20 chansons, dont Jason signe la musique et Christophe les textes en français. Suite à l’enthousiasme généré par leur rencontre, ils décident d’autoproduire en 2016 un EP 5 titres intitulé ‘Libre’, et font appel à des musiciens confirmés pour cet enregistrement. Citons Fred Kolinski à la batterie, Jerry Edwards au trombone, Olivier Defays au saxophone, un album mixé par Roddy Julienne, bien connu pour son rôle et sa voix dans la comédie musicale Notre Dame de Paris.

Tout récemment, en juin de cette année, sort un double album de Jason Kingsley, ‘French Originals’, un enregistrement studio Opus II “Solo” et un live Opus II ‘Sous la serre’.
Avec ce parcours atypique, pianiste de formation classique et Jazz, guitariste rythmique et chanteur affirmé, Jason Kingsley captive et séduit aujourd’hui, car il est à la fois jazzman dans l’âme, rocker dans l’esprit, et compositeur/arrangeur passionné.
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Comme à notre habitude, poussés par la curiosité et la soif de découverte, nous sommes au Pitchtime à Dourdan dans l’Essonne en ce 28 juillet 2017, car vous l’aurez compris, Jason Kingsley en formation trio est à l’affiche du concert pour cette soirée.
Nous fréquentons assidûment cette petite salle du Pitchtime pour différentes raisons : l’excellent accueil qui nous y est toujours réservé, sa belle programmation musicale variée, et je rajouterai que nous y sommes comme chez nous. Alors pourquoi s’en priver !

Place à la découverte, place au live, laissons les ondes positives nous envahir. Jason Kingsley est sur scène avec à ses côtés l’incontournable Fred Kolinski à la batterie (c’est d’ailleurs un grand plaisir pour nous de le retrouver ce soir) et Philippe Demoor à la guitare électrique, nouveau venu auprès de Jason, et qui nous étonnera durant toute cette soirée par son jeu incisif et créatif.

Une grande majorité des titres du répertoire de Jason seront joués, que des compositions chantées en français, et dès le premier titre, ‘Smiley’, de suite opère le charme de cette voix ponctuée de cet indéniable accent américain. Un titre dont, comme pour beaucoup d’autres, les refrains seront repris en chœur par public, car les fidèles et les amis de Jason ont répondu présents pour ce concert, dont Christophe Bergouignan, son parolier. Et pendant tout le concert, par les regards échangés entre Jason et Christophe, nous pourrons lire dans les yeux pétillants de chacun d’eux cette entière complicité qui les unit.

Alternant guitares, clavier et basse, Jason Kingsley démontre tout son talent, communiquant avec le public, toujours avec le sourire, contant de ci de là quelques anecdotes pour mieux partager sa bonne humeur et sa philosophie de la vie.

Sur une petite vingtaine de titres joués, textes graves ou légers avec toujours quelques vérités, je n’en citerai que quelques-uns comme ‘Identité’, tu sais qui tu es, ne jamais l’oublier. Reste fidèle à tes idées, fidèle pour toujours, rester vrai. Citons encore ‘Même plus peur’, peur de l’inconnu, peur d’être mal venu. Démons, ces peurs, des maux qui t’écœurent, ‘Wake up’, quel pied de voir le ciel s’illuminer, un rayon de soleil te saluer, une brise tiède venir te cajoler, ou encore ‘Belle’, un souffle tiède dessous la couette, tout l’monde s’enflamme, tous nos cœurs s’emballent.

Au gré des titres, ‘Un si beau destin’, ‘Juste un grain de sable’, ‘Fermer les yeux’, ‘Mal réveillé’, ‘Vieux démons’, la voix de Jason Kingsley se pose, émotionnelle, langoureuse, ou s’enflamme avec passion pour réveiller quelques messages profonds du quotidien sur des textes ciselés, tantôt à la guitare, tantôt au clavier, maître de son univers, funambule entre deux monde, fusion de la musique anglo-américaine et des standards du Jazz.
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Saluons la performance de ses deux complices, à commencer par Fred Kolinski, dont la gentillesse n’a d’égal que son talent derrière les fûts, le batteur de toutes les situations, celui sur qui tous les musiciens peuvent compter, tant il excelle dans sa discipline. Arborant une magnifique Gretsch rouge, Philippe Demoor non seulement surprend, mais il nous étonne. Triturant les cordes de sa guitare, il donne cette impression d’être toujours à la recherche d’une note, d’une sonorité qui lui est propre. Il est impressionnant, son jeu semble être de l’improvisation, mais en fait c’est de l’innovation savamment maîtrisée.

Après une petite pause tardive, car emportés par leur élan et la participation du public, les musiciens étaient partis pour jouer sans discontinuer, Jason revient seul à la guitare et interprète un nouveau titre, tout en sourire, délicatesse et malice, ‘Ton petit potager’. Je n’en dévoilerai pas les paroles, pour mieux préserver l’intimité de ce petit jardin secret. J’ai envie de dire que notre Serge Gainsbourg national aurait pu écrire ce texte pour une de ses égéries féminines de l’époque, et cette dernière l’aurait chanté en toute innocence !
Encore quelques titres, ‘Sucré’, ‘Vérité’, ‘Déambuler libre’, et après les rappels, nous clôturons cette superbe soirée découverte qui a tenu toutes ses promesses.

Allez sur le site web de Jason Kingsley, ICI, et soutenez-le, car il le mérite amplement!
Découvrez l’artiste et surtout, allez l’applaudir en concert!
Ecoutez ses chansons et suivez son actualité ICI

Photo (de gauche à droite): Fred Kolinski (batterie), Jason Kingsley, Christophe Bergouignan (parolier de Jason) et Philippe Demoor (guitare).
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Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Jason Kingsley au Pitchtime, le 28 Juillet 2017