Hondarribia Blues Festival

                                    Hondarribia Blues Festival

Reportage réalisé par Frankie Bluesy Pfeiffer & Dominique Boulay
Les 8, 9, 10 et 11 juillet 2010 à Hondarribia
Photos : © Frankie Bluesy Pfeiffer

C’est à l’occasion de la troisième réunion de travail en vue de la création de la European Blues Conference que nous avons découvert le Blues Festival de Hondarribia, en pays basque, côté espagnol.
Les deux précédentes conférences s’étaient déroulées en Italie, pour la première, en 2008, lors du quatrième festival de Parme, le Rootsway Roots & Blues Food Festival, tandis que la seconde s’était tenue à Nottodden, en Norvège, pendant l’été 2009, la prochaine étant programmée pour mars 2011, à Berlin.

Après ces quelques jours passés à Hondarribia, nous ne pouvons que vous engager à nous accompagner, l’année prochaine, à ce festival de blues, tant tout y est d’un niveau exceptionnel: de l’accueil qui vous est réservé à la qualité des formations qui s’y produisent, en passant par les hôtels, les bars et les restaurants, sans oublier les habitants eux-mêmes et les autres festivaliers.

La première chose qui frappe, lorsque l’on arrive dans cette ville basque espagnole, c’est la communication faite sur ce festival. Pas un lampadaire, pas une vitrine, pas un panneau urbain qui ne manque à son devoir d’informer des dates et de la programmation du festival. A moins d’être totalement sourd et aveugle, personne ne peut dire qu’il ne savait pas. Et cerise sur le gâteau, ou verre d’Izarra jaune ou verte avec le gâteau basque, de préférence, tous les concerts sont gratuits…! Ce qui motive non seulement les habitants de Hondarribia et des alentours, mais aussi une foule impressionnante de festivaliers venus de tous les coins d’Europe pour découvrir et apprécier les formations et artistes présents.

Le programme, ensuite, qui a de quoi impressionner! Le mercredi 7 juillet, une séance de cinéma en plein air a lieu, à San Sebastian, Place de Gipuzkoa. A 22 heures est diffusé le film ‘Cadillac Records’, de Darnell Martin, qui relate l’ascension et la chute de Leonard Chess, fondateur du label Chess Records. Une projection qui contribue à renforcer l’annonce que la ville est candidate pour être la Capitale européenne de la Culture en 2016. Et il faut avouer que démarrer la communication de cette candidature avec non seulement un film dont le sujet est le rhythm’n’blues, mais aussi avec un festival de blues, est plus que positif: marquant.

Le jeudi 8 juillet, dans le jardin de l’hôtel Rio Bidasoa situé au cœur de Hondarribia, a lieu la soirée inauguratrice du cinquième festival du nom. Les invités, la presse, les médias, les artistes, les officiels, les organisateurs et le public sont conviés à un premier concert en plein air et c’est, pour beaucoup, l’occasion de se retrouver et d’échanger les dernières nouvelles de ce petit monde qu’est celui qui gravite autour de la musique bleue.
Deux formations se produisent à cette soirée: un groupe espagnol, The Blues Hackers, et un bluesman français en solo, Philippe Ménard, artiste que l’on ne présente plus. Un ‘one man band’ qui fait du bruit comme dix! Le dernier opus du garçon, ‘Mémène part en live’, restitue fidèlement l’idée de la puissance qui se dégage d’un concert de Philippe Ménard. Même si, avouons-le, ce premier concert n’eut que peu à voir avec la grandiose prestation qu’il donna le lendemain, à 20 heures, sur le podium Coca Cola, au centre ville.

Le lendemain, vendredi 9 juillet, nous voici près du bord de mer, et l’infrastructure mise en place sur le quai nous laisse pantois tant elle est impressionnante. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises car non seulement se dresse un chapiteau grandiose équipé de consoles et de multiples projecteurs, mais l’endroit est doté d’une véritable régie et de caméras! Car les concerts sont filmés, histoire de permettre à ceux qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas s’approcher, de visionner sur deux écrans géants les artistes présents sur scène.

La première soirée est superbe, avec tout d’abord la formation espagnole Los Reyes Del KO dont l’excellent guitariste chanteur et le non moins impressionnant joueur d’harmonica sont les deux atouts majeurs de cette formation où les manchots sont interdits.

La soirée se poursuivra avec un Magic Slim époustouflant, et comme rarement nous l’avions vu auparavant. Magic Slim & The Teardrops ont manifestement beaucoup de plaisir à jouer, ce soir, et le public en retour leur réserve une véritable ovation.

Cette première grande soirée se termine avec The Cash Box Kings, sorte de super groupe américain formé à l’initiative de Joe Nosek, qui réunit une pléiade d’excellents musiciens. L’album qu’ils viennent de sortir, ‘94 Blues’, est d’ailleurs d’excellente facture.

C’est ravis et enthousiasmés par cette première nuit du festival que nous sommes allés, vers les deux heures du matin, regagner nos pénates et trouver un peu de repos avant un lendemain que l’on nous promettait d’être incandescent.

Dès 13 heures, le lendemain, c’est le Jove Dixieland Band qui égrène ses notes dans les rues de la ville tandis qu’une animation musicale se déroule devant un restaurant partenaire du festival. Vers 18 heures, c’est une master-class à vocation pédagogique qui est proposée, avec Joe Nosek et le génial batteur Kenny Smith dont le talent est directement proportionnel à sa gentillesse et à sa bonhommie. Puis retour aux podiums installés en centre ville. Au stand Houblon, Los Reyes Del KO rallume l’incendie de la veille. Et sur l’autre podium, au pays de la boisson américaine, Fede Aguado et Osi Martinez distillent leur country blues d’origine madrilène.

La deuxième et dernière soirée de ce festival de blues de Hondarribia débute à la même heure que la veille, 21h30, avec la formation espagnole The Reverendos, une habile synthèse entre le blues de la côte ouest californienne et le rockabilly, magnifiquement interprétée par le pianiste Igor Garcia. Deux disques sont à placer à leur actif et qui démontrent toutes les qualités de ce combo: ‘Retro Blues’ en 2004, et ‘Back in Town’ en 2007. Deux disques à vous procurer sans faute!

Puis monte sur scène, sous les acclamations du public, une formation intitulée The Perfect Age Of Rock and Roll. A l’instar de l’American Folk Blues Festival de 1962 à 1972, puis de 1980 à 1985, ou des tournés du Chicago Blues Festival qui existent heureusement encore, ce show réunit le fabuleux Pinetop Perkins au piano, Bob Margolin à la guitare et au chant, Bob Stroger à la guitare basse, Sugar Blue à l’harmonica, Willie ‘Big Eyes’ Smith également à l’harmonica et Hubert Sumlin à la guitare.

Le show est grandiose et chaque artiste nous offre de purs moments de bonheur. Icônes vivantes du blues, Pinetop Perkins, Bob Margolin et Sugar Blue recueillent de véritables ovations après chacune de leurs interventions, mais le temps leur est malheureusement compté car après la prestation de cette formation est attendu Salomon Burke.

Entouré de superbes choristes, de violonistes toutes aussi sublimes, d’une rythmique diablement efficace et de cuivres étincelants, l’imposant Salomon Burke a, comme à chaque fois, été adoré, acclamé par les inconditionnels, ou moins apprécié par tous ceux que le côté kitsch et show biz du personnage rebutent. Mais il est vrai que le bonhomme ne laisse pas indifférent. Là où certains se moquent car l’artiste regarde très fréquemment à ses pieds l’écran qui lui sert de prompteur pour y lire les paroles de ses chansons, d’autres s’émerveillent sur cette voix qui envahit le chapiteau et toute la ville de Hondarribia.

Le lendemain matin, les courageux musiciens du Jove Dixieland Band reviennent dès 11 heures pour faire briller le soleil et le blues dans leurs instruments à vent, puis la fête se continue par un barbecue géant tandis que de nombreux artistes présents pendant ces deux jours, montent sur la scène pour jammer. Et tandis qu’artistes et public sont réunis pour un final festif où jam musical côtoie grillades de poisson et de poulet, c’est avec beaucoup d’émotion que nous réalisons l’interview de Carlos, grand manitou de ce festival, lui promettant de revenir sans faute, l’année prochaine, tant l’événement est une incontestable réussite, musicale comme humaine.

Frankie Bluesy Pfeiffer & Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine
Festival de Hondarribia