GREG ZLAP & ERIC SAUVIAT au Pitchtime

GREG ZLAP & ERIC SAUVIAT au Pitchtime, à Dourdan
Samedi 3 Mars 2018
Reportage: Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint (Paris-Move)
Photos: © Alain AJ-Blues & Marie-Noëlle Grandin

Il était une fois dans l’ouest essonnien, loin des grandes plaines poussiéreuses de Flagstone, dès les premières accords, sur une musique d’Ennio Morricone et sous les ovations de la foule, une apparition, celle de l’homme à l’harmonica, surgie comme par enchantement.

L’événement était attendu depuis des semaines: Greg Zlap accompagné aux guitares par Eric Sauviat est à l’affiche du concert au Pitchtime à Dourdan en ce 3 Mars 2018!
Pour Alain Sabbatier, le Boss du Pitchtime, le rêve devient réalité, car ces deux incontournables artistes, habitués aux grandes et immenses scènes, ont accepté de venir jouer chez lui, dans cette petite salle de proximité.
Pour cette soirée exceptionnelle, uniquement sur réservations, deux formules sont proposées: l’entrée pour le concert à 10 euros ou le dîner-concert pour 28 euros. Difficile de faire mieux, avouons le! Et comme les tarifs sont plus que raisonnables pour une soirée de ce niveau-là, c’est “sold out”, complet.

Est-il nécessaire de présenter Greg Zlap, natif de Varsovie, tant il est connu de tous, celui que Jean-Jacques Milteau appelait affectueusement son “fils spirituel”, car Greg, ce talentueux harmoniciste, est désormais reconnu comme l’un des tous meilleurs au monde.
Je ne vais pas faire dans l’originalité, mais simplement reprendre cette formule qui lui est consacrée: en France, il n’y a qu’un seul homme capable, avec un simple harmonica, de faire se lever un stade, comme ce fut le cas lors des shows de Johnny Halliday, de créer le frisson lors des concerts des Vieilles Canailles et d’émouvoir le public de Vladimir Cosma.

Est-il également nécessaire de présenter Eric Sauviat, tant ce guitariste est à l’apogée de son art et sa réputation n’est plus à faire. Dès l’âge de vingt ans il joue dans les clubs parisiens puis, au fil du temps, dans de nombreux festivals avant de devenir le guitariste de Daran et les Chaises. Ensuite il rencontre Zachary Richard pour l’album “Cap enragé” (enregistré aiu Studio La Frette, à Paris, en 1995, album qui a été récompensé par un double disque de platine!) puis il tourne avec lui aux Etats-Unis et au Canada.

On ne compte plus ses participations à de nombreux enregistrements pour des albums et ses réalisations avec Isabelle Boulay, Keren Ann, Michel Delpech, Stephan Eicher, Juliette Gréco et bien d’autres. Eric Sauviat à également accompagné en tournée Niagara, Willie Deville, les Forbans, Benjamin Biolay, Richard Bohringer… ainsi que Francis Cabrel pour la tournée des “Beaux Dégâts” pendant 3 ans.

Ce soir, ces deux “montres sacrés” dont l’humilité rime avec disponibilité, et la noblesse de l’âme avec la générosité du coeur, vont jouer durant deux sets, c’est à dire deux bonnes heures, pour tout donner au public, sans aucune retenue, et ce, dans l’intimité de cette petite salle du Pitchtime. Et avoir ainsi d’accepter de se produire dans une “petite salle” est tout à leur honneur. Respect, Messieurs!

Greg Zlap et Eric Sauviat, vous êtes des exemples à suivre. Des exemples, des références! A méditer pour certains, car dans la vie, le fric, je parle du montant du cachet touché en fin de concert, ne fait pas tout, et, de plus, il est inutile de vous voiler la face, ni de vous regarder le nombril, il FAUT venir jouer dans ces petites salles comme le Pitchtime, pour que ces endroits puissent vivre, pour que perdure la musique, loin de l’effervescence médiatique des grandes salles, car ils sont nombreux, les amateurs de musique, à ne pas avoir les moyens de se payer une place de concert à prix élevé, voire exorbitant. Voilà pourquoi, chers amis artistes, nous vous demandons de venir jouer dans des lieux de proximité. Comme l’ont fait Greg Zlap et Eric Sauviat. Vous ferez le bonheur de beaucoup de personnes qui rêvent de vous voir en Live, et vous en ressortirez grandis!

En ce 3 Mars 2018, même si une petite salle comme le Pitchtime ne peut accueillir que 90 personnes au maximum, ce soir la salle est pleine à craquer, preuve qu’à dimension moindre, cet endroit est également, à sa façon, un vrai temple de la musique.

Ceci étant dit, je tiens à remercier Alain Sabbatier pour son accueil, et le remercier également pour cette petite table réservée aux photographes, au plus près de la scène. Une table que j’ai grand plaisir à partager en toute complicité avec mon amie Marie-Noëlle Grandin, pour que nous puissions, elle et moi, associer nos photos dans ce reportage.
Egalement un énorme merci à Ghislaine Blanc, notre “Gigi” de coeur, pour ses talents de cuisinière et sa bonne volonté à toute épreuve. Boeuf bourguignon maison, crème brûlée ou fondant au chocolat étaient au menu ce soir, et servis pour 45 personnes, tous ravis de participer à de dîner-concert avec une pareille affiche.

C’est sous des applaudissements nourris que Greg Zlap et Eric Sauviat font leur entrée la petite scène du Pitchtime. Une petite scène qui deviendra une vraie grande scène, ce soir, grâce à l’énorme talent des deux aristes. Dès ce premier titre, “L’homme à l’harmonica”, nous sommes sous l’emprise émotionnelle de l’instrument et de la voix de Greg. Mais contrairement à lui, nous retenons notre souffle, les battements de nos coeurs s’accélèrent, il y a de magie dans l’air!

De nombreuses compositions seront jouées durant cette soirée. Citons notamment celles chantées en français de l’E.P “Solidarnosc”, dont ce titre poignant nous fera fortement vibrer, Greg nous contant avec émotion partagée quelques souvenirs de la Pologne de son enfance. Du haut de son H.L.M, derrière sa fenêtre, il regardait passer les chars dans la rue… Insouciant avec ses copains, il récupérait de la poudre dans les douilles des balles pour en faire des pétards. Et lorsque Greg chante “C’était mieux qu’un concert de rock, d’entendre dans la rue les gens crier Solidarnosc”, tous, solidaires et en choeurs nous avons repris avec une émotion non dissimulée, ‘Solidarnosc’.

Citons également ce superbe titre, emprunt de nostalgie, “Ce qui me revient”: “C’est ton parfum, tes mains quand tu es loin, c’est ta voix, tes bras au petit matin, c’est ce doux supplice des petits rien”. L’harmo devient mélancolique et fascine sur le texte de cet autre titre, “Tu l’as encore”: “Je sais, je sais, c’est fou comme le temps change les gens en statues d’argent. Les rêves de notre jeunesse, on en tient rarement la promesse.”
L’émotion qui nous prend est à l’image des deux artistes, énorme.

En parfaite complicité, maîtres de leur art, Greg aux harmonicas et Eric, alternant deux guitares électriques, font converser leurs instruments, flirtant avec quelques accords indécents, soufflant sur les braises incandescentes pour enflammer la salle sous les applaudissements.

A maintes reprises, lorsque se croisent le regard de ces deux complices, comme dans un livre ouvert, nous discernons dans leurs yeux cette flamme de connivence et tout ce respect mutuel qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Et je vous assure que lorsque Eric joue en ‘slide’, le bottleneck fait pleurer sa Silverstone, c’est de la jouissance en plat de résistance.

Quelques titres seront chantés en anglais, tel “Oxygen” de l’album “Air”. Puis, toujours en parfaite communion avec le public, Greg nous annonce qu’il va interpréter une chanson dans sa langue natale, et que nous allons chanter en polonais avec lui. Sourires et rires dans l’assistance, bien sûr, mais le plaisir de Greg Zlap est tellement communicatif que nous allons tous répéter avec lui “Niech Poplyna lzy”… Et même si notre accent est, disons-le, imparfait, nous sommes tous fiers et heureux d’avoir chanté ensemble dans la langue de Greg, en communion avec lui.

“Toute la musique que j’aime, elle vient de là, elle vient du Blues”, nous dit Greg. L’émotion prend possession de sa voix, et comme nous le comprenons… Moment d’émotion intense quand il joue à l’harmonica accompagné par Eric à la guitare “Les portes du pénitencier”. L’émoi est à son paroxysme, et plus d’un membre de notre assistance essuie discètement une petite larme au coin des yeux.

Enumérant toutes ces légendes du Blues qu’il vénère, Robert Johnson, Junior Wells, Willie Dixon, Johnny Winter, John Lee Hooker, Luther Alison…, Greg chante “Mon Sang” de l’album “Greg Zlap-Julliver-Ian Siegal” dont je vous cite ici quelques paroles: “Mon sang, le Blues qui coule dans mes veines. Mon sang, ma foi et ma prière. Mon sang, le battement de mon coeur…” . Homme de conviction, bluesman dans l’âme, le sang bleuté coule dans les veines de Greg Zlap, et il nous fait vivre cette passion.

Du Blues, il nous en offrira encore avec quelques superbes compositions, “De travers” et “Je ne pense qu’à toi” de l’EP “Blue”. Plusieurs fois, avec toujours le “ruine-babines” rivé au lèvres, va Greg traverser la salle, allant même jusqu’au bar, car je le répète le Pitchtime est bondé, pour encore plus de partage, encore plus de communion avec tout le public présent ce soir. Il viendra s’asseoir avec nous, Eric en fera autant, sur le bord de la scène, pour interpréter ce sublime titre “Faut pas que je t’aime”, pour quelques frissons supplémentaires, si encore plus il en fallait, car durant toute cette soirée, les frissons étaient légion.

En rappel, pour clôturer cette soirée exceptionnelle, cette soirée qui restera gravée dans nos mémoires, nous nous levons tous, frappant dans nos mains à l’unisson, et encore et encore, nous en redemandons.

Généreux, Greg invite trois harmonicistes présents dans la salle, David Ramos, Jean-Christophe Tavot et Théo Bougault, pas peu fiers, je pense, de venir improviser sur scène auprès de celui qu’ils considèrent comme le maître incontesté de cette discipline.

Greg, Eric, un immense merci à vous deux d’être venus jouer ici, au Pitchtime. Ce concert fera date en ce lieu. Vous avez contribué à écrire une noble et inoubliable page musicale pour que le livre du Pitchtime reste grand ouvert.

Etait également présent au Pitchtime ce soir, Rouk Le Barge, président du fan club de Greg Zlap, avec qui d’ailleurs nous avons eu le plaisir de partager la table d’avant concert. Greg, bien sûr, lui a rendu un petit hommage durant cette soirée, et je vous invite tous à rejoindre ce fan club au sein de son groupe sur Facebook, ICI

Au jour le jour, vous vous y découvrirez photos, vidéos, et toute les actualités de Greg Zlap, cet artiste hors norme.

Et pour vous, lecteurs assidus de PARIS-MOVE, en cadeau, voici cette vidéo récente de l’homme à l’harmonica, ICI
(Greg Zlap en concert, Jazz à Vienne, 10 juillet 2015 – titre: “L’Homme à l’harmonica” (Ennio Morricone) avec à la guitare Sebastien Chouard)

Retrouvez Greg Zlap sur sa page officielle Facebook ICI  ainsi que sur son site officiel ICI

On line Shop: ICI

Retrouvez également Greg Zlap dans le magazine trimestriel du Blues, BLUES MAGAZINE

GREG ZLAP & ERIC SAUVIAT au Pitchtime, à Dourdan
Samedi 3 Mars 2018
Reportage: Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint (Paris-Move)
Photos: © Alain AJ-Blues & Marie-Noëlle Grandin