Festival des Agla’scènes 2012

                                Festival des Agla’scènes 2012

Reportage : Alain Betton
Photos : © Alain Betton

Avec cette cinquième édition, le festival sud essonnien des Agla’scènes ouvre la route des manifestations associatives 2012 qui désormais prennent toutes leurs lettres de noblesse dans différentes régions de l’hexagone. Rien n’est dû au hasard, est récompensé le travail de longue haleine et le cœur à l’ouvrage des passionnés, l’investissement de chacun, la répartition des tâches, de nouveaux défis à relever et l’envie d’offrir toujours le meilleur d’eux-mêmes au public et aux artistes, telle est la recette de ces endroits devenus incontournables qui n’ont aujourd’hui rien à envier à certaines grosses structures professionnelles.
Nous sommes à Egly (91), début février. Le froid polaire sévit à l’extérieur, contraste flagrant avec la chaude ambiance qui règne déjà avant l’ouverture des portes de la belle salle de spectacles Jean-Claude Moulin. Sourires, accueil, convivialité, partages, retrouvailles avec les organisateurs et toute l’équipe de bénévoles, nous sommes au cœur de l’univers des Agla’scènes. Cette année, le festival se déroule sur deux jours, vendredi 3 et samedi 4 février, avec toujours de mise cette diversité musicale qui le caractérise.

Vendredi 3 février

Soirée consacrée aux artistes du département essonnien avec, dès 19 heures, le début des festivités orchestrées par le groupe Take Five, trois filles et deux gars offrant leur répertoire jazz gorgé de swing, trois voix posées sur des cordes acoustiques et un zeste de sax.

Les rideaux s’ouvrent sur le deuxième groupe et dévoilent sous les applaudissements les musiciens de Belle Allure. Formé depuis environ un an à l’initiative d’Hervé Bourgeois, auteur-compositeur depuis de longues années, guitariste d’expérience rejoint dans le même état d’esprit, celui de‘cabosser la chanson française’, par son complice guitariste de toujours, Nicolas ’Nico’ Delage, et assisté du contrebassiste Eric ‘Rico’ Labattu, Belle Allure vient tout récemment de sortir leur premier album, ‘Pour une poignée de clous’.

D’emblée nos trois compères font forte impression avec une petite mise en scène digne d’une pièce de théâtre. Hervé se pose en chef d’atelier avec sa blouse grise ou en maître d’école attentionné d’une autre époque suivant l’imagination de chacun, Nico en salopette et Rico en magicien avec sa redingote et chapeau haut de forme. Pour compléter cette alchimie, le trio est accompagné ce soir du batteur Maurice Merizen. Ils n’ont pas que fière allure! Quel talent ils ont, et quelle originalité! La langue de Molière est maniée de main de maître, le verbe haut en couleurs et les compositions de l’opus s’alignent tels des tableaux en parfaite communion avec le public. Citons quelques titres: ‘J’ai perdu ma guerre’, ‘Langue de bois’, ‘L’oreiller’, ‘Pas de questions’ ou encore ‘Le mauvais œil’ parmi ceux interprétés ce soir. Des textes ‘écorchés’ juste comme il le faut avec l’air de ne pas y toucher, mêlés de sensibilité, d’humour et d’une savoureuse pointe d’ironie. Un vrai bonheur acoustique pimenté de quelques riffs électriques. J’oserai même et cela n’engage que moi, faire certains comparatifs tant par l’écriture des textes ou par les envolées musicales avec le mythique groupe français Ange. Je vous assure, Belle Allure est à découvrir en ‘live’ et procurez vous d’urgence cette savoureuse ‘Poignée de clous’, ici : http://www.myspace.com/belleallure

Pour clôturer cette première soirée, c’est la venue sur scène du très attendu groupe Rosewood ‘Popfolk Revival’ dont la réputation n’est plus à faire, tant il excelle et retrace fidèlement l’univers musical pop folk des montres sacrés aux artistes plus récents.
Un premier titre, ‘Don’t Stop’, de Fleetwood Mac, la machine Rosewood est en marche et plus rien n’arrêtera le public à se mouvoir sur une succession de mélodies intemporelles devenues des hits planétaires. Sur la grande scène des Agala’scènes, Rosewood joue en configuration complète et prend ainsi toute sa dimension. Unis à la ville comme à la scène, Claire au chant, harmo et guitare acoustique et Jean-Raymond Hugonet à la batterie nous font la surprise d’être accompagnés de leur jeune fils de douze ans, Jean ‘Pépito’, imperturbable au tambourin, artiste en herbe parmi les grands, ajoutant à la formation une petite touche fun et émotionnelle.
Car c’est effectivement l’émotion qu’il faut citer. Elle passe par la voix de Claire avec des titres taillés sur mesure comme ‘Cécilia’ de Simon et Garfunkel, ‘Because the night’ de Patti Smith, ‘That’ll be the day’, ‘It’s so easy’ de Linda Ronstadt, ‘Ironic’ d’Alanis Morisette ou encore ‘Who’ll stop the rain’, ‘Down on the corner’ de Creedence, virevoltante en toute complicité avec ses deux guitaristes Paul Galiana et François Meynet respectivement aux cordes acoustiques et électriques, et de son bassiste Thierry Gilant.

Indispensable pour revisiter le répertoire de Neil Young, Bob Dylan, Eagles, Cat Stevens ou Peter Frampton et les titres déjà cités ci-dessus, Gérard Salmieri assure, aux claviers, avec la présence en guest de Sylvain Bonvalot à l’harmo.
Rosewood nous a offert un véritable show auquel se sont jointes les danseuses de l’AJC Jazz pour quelques chorégraphies endiablées.
Le premier album de Rosewood sorti fin 2011 revisite seize standards de cette grande époque pop folk et est disponible sur leur site: www.rosewood-popfolk.com


Samedi 4 février

Dés 17 heures, et comme il est de tradition aux Agla’scènes, les élèves de l’atelier rock d’Egly revisitent les standards rock contemporains, suivi du bien sympathique groupe Redfish emmené avec entrain au chant et à la gratte acoustique par l’un des organisateurs du festival, Christophe Lecourtois. Quelques reprises au menu du groupe et, surprise, un petit CD deux titres sorti pour l’occasion avec une savoureuse composition à déguster bien fraîche, ‘En Angleterre’ !!

Changement radical de style avec le groupe Talia. Le trio nous propulse d’emblée dans un univers de mélodies pop rock shooté à la cortisone aux influences Nirvana, Guns’N’Roses, The Ramones ou encore Sex Pistols. Formé depuis déjà quelques années, après quelques changements au sein du groupe, la formation actuelle composée de Nicolas Costa à la guitare et au chant, de Lushen à la basse et aux chœurs, et Arnaud Hergès à la batterie vient tout juste de sortir leur nouvel album ‘Permanent Midlife Crisis’ en Angleterre. Il faudra donc attendre la fin août pour la sortie en France de cet opus.

Totalement dans son trip, Nicolas Costa nous envoie ses riffs saignants et acérés comme des lames de rasoir, accompagné rageusement derrière ses fûts d’un Arnaud Hargès survolté. Les nouvelles compositions s’alignent avec ce titre qui donne le nom à l’album ‘Permanent Midlife Crisis’, ou ‘Every minute, every hour’, ‘Like Fudge on my lips’. Et surtout ne nous fions pas à l’élégante aisance de la jeune bassiste Lushen, car sa rythmique est à l’image de ses deux compères, elle assure ‘un max’. Un peu de douceur relative avec ce superbe titre ‘The color of blood’ et encore quelques-uns en prime, comme ‘Birth control’, ‘Doll House’ et ‘Hollywood movies’.

Le rock français se porte bien, nous avons d’excellents groupes performants et créatifs et Talia en est une preuve flagrante! Un trio à suivre de près, de très près, et notament ici, sur leur site : www.myspace.com/taliarock

Un nouveau décor est planté : Charlie Black N’Blonde. En contre-jour sur l’intro ‘Prisoner’ apparaît la belle silhouette élancée de Charlie vêtue de cuir noir aux allures félines de rockeuse, délicieux contraste avec toute la féminité qui se dégage du personnage. Mais Charlie c’est avant tout une voix, la voix de Black N’Blonde, emprunte de sensibilité extrême et de sensualité. Cette dernière donne aujourd’hui au groupe toute son identité.

C’est à Versailles que se forme le groupe Black N’Blonde, rencontre entre la chanteuse Charlie et le guitariste Julien. La formation associe une musique soul Afro-Américaine à des sonorités Electro Pop teintées de French Touch. Lancé sur la scène pop française depuis dix ans, additionnant concerts et tournées avec succès, le groupe s’affirme aujourd’hui comme un des talents les plus prometteurs de l’univers électro-pop international. Après de nombreuses collaborations artistiques et le départ du guitariste, Charlie prend la tête de Black N’Blonde fin 2011 et commence la préparation de son premier album.

Au fil des compositions ‘Black N’Blonde’, ‘Fever’ ou encore ‘I took a nap’, Charlie fait son show avec la participation des danseuses de l’ASE, tantôt enflammant le public sur le devant de la scène, tantôt déchaînée, le bras levé sur ‘Satisfaction’ des Rolling Stones, ou encore charmeuse assise aux côtés de Romain Fitoussi, son talentueux guitariste au jeu subtil et raffiné. Les rondeurs de basse d’Antoine Rognon et l’énergie déployée par le batteur Aurélien Ouzoulias contribuent à faire de Black N’Blonde un quatuor au son unique et innovant, ovationné par un public qui le retrouvera encore et encore sur son site web www.facebook.com/bnblonde

Diversité oblige, place au blues, au blues-rock de l’un de nos ténors de la six cordes, Mr Hardearly. D’emblée, dès le premier titre, ‘You don’t love me’, Mr Hardearly au top de sa forme et ‘gonflé à bloc comme Jimi à Woodstock’, pour ainsi reprendre son expression favorite, en tenue des grands jours, pantalon de cuir noir, chemise blanche et lunettes noires, s’avance sur le tout devant de la scène, offrant au public des riffs dont il a le secret. Allez, go, c’est parti…! Il lui suffit ensuite de lancer à la volée le mot magique de rock’n’roll pour dynamiser le public, entrer en communion avec lui et le faire bouger de suite.

Officiant souvent en trio, la grande scène des Agla permet pour cette occasion à Mr Hardearly de jouer superbement accompagné des musiciens présents sur le DVD ‘Nuit du blues’ sorti en février 2011. Nous retrouvons à ses côtés son fidèle lieutenant et percutant bassiste Mr Tee, l’efficace batteur Al Jay, le ‘magic fingers’ Mr Bee aux claviers, et à la section cuivres, le trio des Brack Brothers. Cette configuration apporte une touche funky et soul gorgée de groove sur les compositions déjà bien rôdées.

Mr Hardearly et son Blues Thangs ont totalement conquis et comblé le public venu nombreux et, à n’en pas douter, ont fait de nouveaux adeptes parmi les jeunes se tenant par les épaules et ondulant comme une vague devant la scène. Il faut dire que lorsque Mr Hardearly vous interprète ‘I play the blues’, lorsqu’il chante le blues, lorsque sa guitare pleure le blues, le frisson vous parcoure et le blues est en vous. Mr Hardearly: une vague de blues déferlante sur les Agla’scènes. A voir et entendre sans retenue aucune sur son site www.hardearly.com

Laissons le temps à Nina Attal et ses musiciens, ‘bouquet final’ de ce festival, de prendre place sur la scène principale et tournons-nous vers la petite scène adjacente installée durant ces deux jours pour ne laisser aucun temps mort au public et accueillir de jeunes talents en devenir ou déjà confirmés. Un inter-plateaux qui nous a permis d’apprécier notamment un groupe de percussionnistes africains, Emily Taliana, Magalie Madison, Odyl et la surprenante Emily Pello.

Est-il encore nécessaire de présenter cette jeune et talentueuse artiste, auteur, compositeur, interprète, amplement récompensée au tremplin national de Blues sur seine en 2009, ou de résumer son prestigieux parcours qui l’a hissé ces deux dernières années sur le tout devant de la scène française et internationale? Assistez à un de ses concerts et ceux qui ne la connaissent pas encore ou qui n’ont pas encore eu cette chance de la voir en ‘live’ comprendront de suite. Nina Attal s’impose d’emblée, en jeune diva de la Soul et du Rythm’n’Blues, digne héritière des grandes dames qu’elle vénère, avec déjà ce charisme et cette déconcertante aisance à communiquer et faire partager ses émotions avec le public.
A l’honneur de son répertoire, ce soir, son dernier album sorti en novembre 2011, ‘Yellow 6/17’ co-écrit avec son guitariste Philippe Devin. Intro, Nina entame ‘Run away’ de cette voix si particulière tant elle se module douce, chaude et rauque à la fois comme le ferait un instrument pour parfaire une composition musicale. Au gré des titres de son dernier opus, ‘Do it right now’, ‘Over the mountains’ ou encore ‘Macho man’ dédié avec humour aux femmes de l’assistance, Nina arpente la scène en totale symbiose avec ses musiciens à qui elle laisse la part belle.

Avec de grosses pointures à ses côtes et pas des moindres, Julien Audigier à la batterie, Thomas D’Arbigny à la basse, Sylvain Fétis au saxo, Vincent Payen à la trompette, Damien Cornélis aux claviers et son complice Philippe Devin à la guitare, Nina nous dépoussière quelques bonnes reprises comme ‘Head’ (Prince) et rend un vibrant hommage à la regrettée Etta James disparue dernièrement, avec le titre ‘I’d Rather go blind’, dévoilant un autre de ses atouts, son talent de guitariste. Les danseuses du CLCE sur des chorégraphies de Stéphane Margariti ont également partagé la scène de cette petite Reine de la soul et nous ont offert en guise de feu d’artifice un superbe bouquet final.

Cette cinquième édition des Agla’scènes a tenu toutes ses promesses. Un grand merci aux organisateurs et à la mobilisation de plus 80 bénévoles (hé oui, quatre vingt !!!).
Durant l’année les Agla’scènes organisent également des concerts dans un superbe auditorium, pour que vive la musique en attendant l’édition du festival 2013. Une édition à laquelle sera présent Paris-Move, bien entendu!

 

Festival des Agla’scènes 2012