European Blues Challenge 2017 – Horsens, Danemark

European Blues Challenge 2017 – Horsens, Danemark
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Le palmarès :
1 – Kaz Hawkins Band (UK)
2 – The Bluesbones (BE)
3 – Pascal Geiser Band (CH)

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European Blues Challenge 2017 – Horsens, Danemark
Reportage : Christophe Losberger
Photos : © Christophe Losberger
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Le European Blues Challenge est un peu le concours Eurovision du blues : lors des deux grandes soirées de l’évènement les groupes représentant 21 pays européens se produisent dans un set de 20 minutes et sont jugés par un jury international de connaisseurs. Cette 7ème édition avait lieu les 7 et 8 avril 2017 à Horsens au Danemark.

L’irlandaise du nord Kaz Kawkins a fait une très forte impression sur le public aussi bien que sur le jury avec sa voix puissante, son énorme charisme et l’énergie débordante de son band. Déjà en demi-finales à l’International Blues Challenge qui s’est déroulé en janvier à Memphis, elle remportera ici la première place du concours. Son blues atypique et personnel, sa version rock, voire hard rock d’un classique du blues tel que « I just wanna make Love to You » de Willie Dixon et ses propres chansons assez percutantes ont suscité nombre de discussions parmi les aficionados et défenseurs du blues classique, mais quoi qu’on pense sur la nature exacte de la musique de Kaz Hawkins, il est indéniable qu’elle est une très grande artiste et mérite son prix.

Avec les belges de The Bluesbones et les suisses du Pascal Geiser Band on retrouve un blues plus classique. Nico de Cock, chanteur et leader des Bluesbones possède une voix puissante lui aussi et est soutenu par un groupe très homogène d’excellente facture, alternant solos de guitare (Stef Paglia) et hammond (Edwin Risbourg) sur une excellente section rythmique. Le suisse Pascal Geiser en excellent showman a su attirer le public, l’amener dans ses histoires, l’amuser et l’attendrir. Lui aussi était soutenu par un excellent groupe et notamment une section de cuivres incisive, nette et précise comme une horloge suisse, qui a probablement fait la différence avec d’autres groupes.


Gaëlle Buswel, selectionnée par France Blues pour représenter la France, et ses musiciens ont fait une excellente prestation, entrant dans ces 20 minutes de show comme s’ils arrivaient à la partie finale et endiablée d’un concert de 1h30, débordants d’énergie. Ses chansons et son charisme ont reçu un excellent accueil du public, mais n’a pas suffisamment touché le jury pour obtenir un prix. Pour l’anecdote, plusieurs valises du groupe s’étaient perdues pendant le voyage obligeant Gaëlle à se relooker en 45 minutes dans un magasin de fringues et accessoires. Une partie du matériel est arrivé 5 minutes avant de monter sur scène, juste le temps de récupérer quelques pédales pour la basse.

Maintenant, dans l’ordre d’apparition sur scène, les néerlandais de Detonics ont ouvert le bal le premier soir avec un blues swinguant, teinté de rockabilly, une très bonne prestation avec d’excellents musiciens bien soudés et un très bon chanteur qui assurait le show. La jauge est réglée pour les suivants.


Chris Kramer & Beatbox’n’blues est un étonnant trio venu d’Allemagne, composé d’un chanteur et harmoniciste de blues classique, un jeune guitariste talentueux et surtout un jeune prodige de la beatbox qui assure tous les rythmes et bruitages. L’assemblage est surprenant mais fonctionne très bien et donne naissance à une forme de blues qui pourrait bien attirer un jeune public, comme le blues hip hop de Scarecrow.


Les régionaux de l’étape s’appellent The Cornfeds et présentent un blues campagnard semi-acoustique assez sympathique ou se croisent banjo, washboard, dobro, percussions et chemises à carreau. Un country blues qui puise ses origines dans les collines du Mississippi et dans les plaines et les lacs danois.

Dans le Slovak Blues Project on retrouve un ami de longue date, Lubos Bena, un habitué de l’EBC auquel il a déjà participé avec d’autres formations. Cette fois il joue de la basse et de la batterie et accompagne Palo Hrncirik, chanteur et guitariste. Quelques reprises bien assurées vocalement et guitaristiquememt, de très bons solos qui lorgnaient parfois du coté de Hendrix, mais un peu longs et sans beaucoup d’originalité. Bien que plaisant, on aurait probablement lassé au-delà des 20 minutes réglementaires.

Le jeune trio polonais de Hot Tamales, guitare, chant et harmonica nous propose ensuite un mélange de blues acoustique et de ragtime avec des compositions et des reprises comme Red Hots de Robert Johnson, dont ils tirent leur nom. La charmante chanteuse Eliza Sicinska était visiblement très heureuse d’être là avec ses musiciens, mais on sentait un peu de stress dans sa chaude et belle voix bien entourée par un excellent harmoniciste et un guitariste au jeu très nuancé.

Avec Messias and the Hot Tones, représentant le Portugal, on revient à un blues rock un peu plus musclé,  teinté de soul. L’orchestre est solide, avec une précise section rythmique nappée d’orgue hammond qui permet à Fernando Messias de bien s’installer pour ses solos. Le jeu de guitare est subtil et assez varié et la voix est toujours bien posée.

Le roumain Southernman Robbie est un one-man band qui rapproche les delta du Mississippi et du Danube. Un blues roots mélancolique, un kazoo prolongé d’une trompette, un bon jeu de picking pour passer agréablement 20 minutes.


The Blues Infusion, venus d’Autriche nous distillent un bon et classique chicago blues de bonne facture, rien d’exceptionnel mais tout est parfaitement à sa place ! Ils sont suivis par leurs voisins hongrois, Borsodi Blues Collective qui mettront en avant essentiellement le bon jeu de guitare de Lez Borsodi.  Cette première soirée se terminera avec les Bayou Moonshiners venus d’Italie et son exubérante chanteuse et percussioniste Stephanie Ghizzoni, qui se prend pour un crocodile, s’est en tout cas ce que m’a confié un ami photographe italien. Ca sent bon le bayou et le blues de Louisiane et ça nous réveille un peu !

 

 


Comme à l’accoutumé, et on ne s’explique pas vraiment pourquoi, les 3 groupes vainqueurs dont on a déjà parlé plus haut ont concouru lors de la 2ème soirée, qui serait ouverte par le Suisse Pascal Geiser. La barre était donc posée assez haut pour les suivants. Le trio luxembourgeois Kid Colling a certainement fait une bonne impression lui aussi : guitare soignée et élégante, un jeu très varié et une bonne alternance de technique et de feeling pour ne pas se lasser.

Pour changer un peu, les deux groupes suivants se développaient tous deux autour du piano. Les croates de Rolin Humes d’abord avec un pianiste chanteur plein d’énergie dans un registre blues rock voire très rock, mais pas inintéressant. Headline Blues Band, qui n’ont eu qu’à traverser le point pour venir de la Suède au Danemark nous proposent un répertoire plutôt boogie woogie très bien executé.

Les fans norvégiens de Daniel Eriksen étaient venus en nombre pour soutenir le duo qui les représentait avec un blues acoustique plutôt roots, avec une guitare dobro, un chant et une batterie, s’électrifiant un peu plus sur la fin. Ici encore, c’est très bien fait, mais le passage de Kaz Hawkins juste avant a mis la barre encore plus haute. On reste dans le Nord avec les finlandais de Honey B. Family, Honey B. que l’on avait déjà pu voir en 2013 avec son autre projet. C’est effectivement fait en famille, puisque Moses à la batterie est le fils de Honey B. et ce n’est en tout cas parce que c’est familial que ça n’en est pas moins de qualité ! Le trio évolue dans un blues électrique un peu plus roots, un peu plus trash, avec notamment de la Cigar Box et beaucoup de  slide, et on passe un très bon moment avec eux.


Venus d’Estonie, le Rene Paul Blues band est un quatuor de jeunes musiciens talentueux autour principalement d’un clavier chanteur (René Paul) et un jeune guitariste (Oskar Malleus) pas manche du tout sur sa telecaster. A propos de dexterité de de technicité, ils sont suivis par les très talentueux espagnols de Los Mambo Jambo, un groupe instrumental saxo / guitare / contrebasse / batterie qui se démène comme un beau diable dans un registre naviguant entre rockabilly et mambo. Le public aime beaucoup, c’est très festif et on passerait volontiers plus de temps à les écouter, mais on a un peu de peine à trouver du blues dans leur set explosif de 20 minutes.

C’est les belges de The Bluesbones qui mettra fin à cette 7ème édition du European Blues Challenge d’un très bon niveau. Et l’année prochaine, « see you in Hell », puisque c’est dans cette petite ville norvégienne près de Trondheim qu’aura lieu la 8ème édition.
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Reportage : Christophe Losberger
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