Cahors Blues Festival 2013

Cahors Blues Festival 2013

Reportage: Alain ‘Blues Brother’ Hiot
Photos: © Alain ‘Blues Brother’ Hiot and Sylvie Bosc
Cahors, du 14 au 20 juillet 2013


Dimanche 14 juillet

L’ouverture de cette trente-deuxième édition du Cahors Blues Festival aura été marquée par l’émotion se dégageant de la scène village, puisque Robert Mauriès va tout d’abord inviter le public à observer une minute de silence en mémoire des victimes de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, puis rendra un vibrant hommage à Jean-Pierre Lemozit qui nous quitté en septembre 2012 et qui manque cruellement à tous les bénévoles et tous les festivaliers. Puis c’est Dan Livingstone qui ouvrira ensuite le festival côté musique. Un canadien visiblement très heureux d’être sur cette scène et qui nous a distillé un Blues version Ragtime et Bluegrass, très Roots et très bien venu pour nous mettre de suite dans la tonalité de ce qu’attendait le public: du Blues!

Changement de plateau sous une chaleur bien marquée, et je découvre un groupe Bordelais dont je ne peux que recommander l’écoute sans restriction aucune. Les Shaolin Temple Defenders aux influences très Soul et Funk vont nous embarquer pour une heure trente de vrai plaisir auditif, avec deux cuivres très démonstratifs et de grand talent. Voici une première journée qui commençait donc plutôt bien du côté de la scène village, et qui n’était que le hors d’œuvre de ce qui allait venir sur la ‘grande’ scène.

Une fois passé le service d’ordre qui, il faut le souligner, a été tout le long de cette semaine beaucoup plus agréable et aimable que l’année dernière, sans en être pour cela moins efficace, comme quoi l’on peut tout à fait rester très professionnel tout en étant convivial, nous allons assister en live au soundcheck de Dana Fuchs. En effet, le guitariste Jon Diamond, ayant eu quelques soucis de transports, est arrivé peu de temps avant le début du concert, et c’est devant un public qui commençait déjà à s’installer que la Belle Dana a effectué les balances. A noter également que ce même guitariste a joué avec un doigt cassé, ce qui n’a d’ailleurs absolument rien ôté à sa prestation et à sa qualité de jeu.
Dana Fuchs, une artiste que j’ai particulièrement appréciée, même s’il faut admettre qu’elle en fait quelquefois un tout petit peu trop sur scène, du moins vu du côté public, mais certainement pas du côté des photographes pour qui c’est un vrai régal. Sa voix m’a complètement emporté, et, ce qui ne gâte rien, Dana est quelqu’un d’extrêmement accessible, se mêlant même au public le lendemain soir pour le concert des Royal Southern Brotherhood. Une chanteuse que je recommande absolument, pour son talent et sa gentillesse, même si elle officie dans un registre finalement plus proche du Rock que du Blues.

Pour clore cette première journée nous allons retrouver sur scène un habitué des festivals, Lucky Peterson. Rares sont les personnes qui n’ont jamais eu l’occasion de voir Lucky sur une scène, avec ou sans les vingt-cinq ou trente kilos supplémentaires. Le début de set sera très compliqué pour les photographes, puisque Lucky va commencer ce show au piano, coincé entre deux claviers, quasiment dans la pénombre, les supports micros lui barrant le visage! C’est en fait le second guitariste, Shawn Kellerman, qui va surtout faire le spectacle en ce début de concert, avec une attitude un peu ‘Guitar Héro’ et quelques solos pas piqués des vers. Mais l’atout charme qui va faire décoller le tout s’appelle Tamara Peterson, qui va toutefois diviser les avis sur sa prestation. Dans le public on débat en effet sur la nécessité ou non de sa présence et sur ses qualités vocales, et visiblement tout le monde n’est pas d’accord. Pour ma part je l’ai trouvée plutôt convaincante, apportant un vrai plus à ce set des plus classiques, mais cela n’engage bien entendu que moi. Si l’on ajoute à cela la petite virée habituelle de Lucky dans le public, on peut conclure que ce concert a finalement tenu ses promesses, et que cette première journée s’achève sur une très bonne impression, avec un public satisfait.



Lundi 15 juillet

Début d’après-midi familial pour la ‘Master Class’ de Bernard Sellam, guitariste emblématique du groupe AWEK, et qui succédait donc cette année à Fred Chapellier. De nombreux proches des musiciens étaient venus apporter leur soutien à tous ces élèves de l’école de musique du grand Cahors. Plusieurs représentations allant crescendo dans la difficulté ont donc eu lieu, avec de bien jolis moments, en particulier avec les plus jeunes qui avaient pris un peu d’assurance depuis l’année dernière, mais aussi chez les adultes dont la progression constante et les prestations ont provoqué de larges sourires de satisfaction chez Bernard.

Pour la formation suivante j’étais parti avec un à-priori négatif lorsque je les avais vus à Toulouse à l’occasion de l’European Blues Challenge, et ils m’avaient finalement totalement scotché sur place tant ce qu’ils proposent est étonnant. Mais compte-tenu du public très familial de cet après-midi, je pensais qu’une partie serait partie assez rapidement. J’avais tout faux à Toulouse, j’ai eu de nouveau tout faux à Cahors! Le groupe Scarecrow a mis le feu à la scène du village avec ce mélange de Blues et de Hip-hop venu d’un autre monde. De véritables extra-terrestres qui ont convaincu les spectateurs dont finalement très peu avaient déserté les lieux. Ces Toulousains méritent absolument que l’on se déplace pour les voir et les écouter sur scène!

C’est Shemekia Copeland qui va ouvrir la soirée sur la scène de l’espace Bessières. Je suis resté un peu sur ma faim concernant ce concert qui ressemblait un peu trop à ce que j’avais entendu en novembre 2012 à l’occasion du festival Blues sur Seine. Il n’en reste pas moins vrai que Shemekia possède une voix assez exceptionnelle qui en a chaviré plus d’un dans le public. Beaucoup d’applaudissements, notamment en fin de set lorsqu’elle va interpréter à Capella ‘Ghetto Child’ sur le bord de la scène. La reprise du standard de son guitariste de Papa, Johnny ‘Clyde’ Copeland, va bien entendu faire mouche, et la reine du Blues 2011 du Chicago Blues Festival nous a offert finalement une bien belle prestation même si, à mon goût, cela manquait un tout petit peu d’originalité avec un goût de déjà vu.

La suite, en revanche, va nous arriver en pleine gueule avec les Royal Southern Brotherhood. Totalement inconnus pour moi jusqu’à ce jour, ils m’en ont mis plein des oreilles et plein les yeux. Il faut dire que lorsque l’on se penche sur le line-up, il y a de quoi en rester baba! Jugez plutôt: Davon Allman, fils de Greg, dont la Gibson est dédicacée par Les Paul lui-même ; Mike Zito, dont la guitare Delanay est également dédicacée mais cette fois par Greg Allman, Warren Haynes et un Derek que l’on suppose être Trucks ; Cyrile Neville, percussionniste démentiel et membre des célèbres Neville Brothers ; Charlie Wooton, bassiste charismatique doté d’une dextérité hors normes, et en totale symbiose avec le batteur Yonrico Scott pour asseoir une base rythmique absolument fabuleuse. De très loin mon coup de cœur de ce festival pour un show d’exception.




Mardi 16 juillet 

C’est un après-midi exclusivement Espagnol qui nous était proposé sur la scène du village, et celui-ci allait être de loin le plus convivial de la semaine. Second ex-æquo de l’European Blues Challenge de Toulouse en mars dernier, les Barcelonais de Chino & The Big Bet allaient donc ouvrir le bal Hibérique. Le petit souci d’ampli ayant rendu l’âme, sans doute vaincu par KO par la chaleur, n’a en rien altéré la superbe prestation de ce combo. Chino va continuer ‘unplugged’ le temps de remplacer le matériel défaillant, avec une réelle complicité avec le public, et il va même trouver en la personne d’un petit gamin de quatre ou cinq ans un spectateur très attentif qui restera un long moment à le regarder.

C’est Big Mama Montsé & the Crazy Blues Band qui va prendre la suite pour ce que j’ai qualifié dans un autre média d’Ouragan Bluesy.  Quel talent et quelle énergie incroyable déployée par tous ces musiciens! Victor Puertas aka Victor Doors va nous régaler avec ses parties d’harmonica invraisemblables et tout le monde sur scène sera au diapason. Celles et ceux qui étaient présents le midi au Méphisto, lieu incontournable du festival, avaient pu profiter du bœuf entre Big Mama et Chino après le déjeuner. C’est donc tout naturellement qu’ils ont remis le couvert en cette fin d’après-midi pour une Jam incroyable. Superbe!

Direction la grande scène à présent où AWEK n’allait pas bénéficier d’énormément de place pour évoluer, le matériel de Zucchero étant très conséquent, ce qui d’ailleurs lui a permis d’argumenter sur la taille de la scène et de pouvoir imposer son choix. Celle-ci va d’ailleurs s’avérer extrêmement compliquée pour les photos, compte-tenu de sa hauteur et de l’absence de pit pour obtenir un peu de recul. Ceci étant, ce n’est pas ça qui allait empêcher nos amis d’envoyer le Blues comme ils savent si bien le faire. Avec même quelques jolis détours par des chemins plus Rock, ce qui va faire dire à Bernard Sellam entre deux titres «OK, on revient au Blues, sinon ça va faire jazzer.». Encore un bien belle performance du combo Toulousain devant un espace Bessières copieusement rempli.



C’est la tête d’affiche du festival qui allait ensuite prendre possession de la scène en la personne de l’Italien Zucchero. Alors que dire? Que ce n’est pas du Blues? Tout le monde en est convaincu, d’autant que le set tournait autour de son dernier album de musique Cubaine. Qu’il a fait un show à l’Américaine parfaitement huilé et très professionnel? C’est une évidence! Que le son était beaucoup trop fort? Mes oreilles saignent encore! Bref, à titre personnel je n’ai pas vraiment apprécié ce concert, même si je suis resté jusqu’au bout, qui a drainé en plus un public bien différent des autres soirs et dont certains ‘prototypes’ étaient à l’extrême limite de l’agressivité, bien imbibés qu’ils étaient de diverses boissons alcoolisées. Ceci étant, la polémique suscitée par sa venue à Cahors, et ce dès le détail de la programmation connu en tout début d’année, et les propos injurieux tenus notamment sur Internet sont, de mon point de vue, inacceptables. On peut être en désaccord total avec une programmation mais on doit rester dans les limites de la courtoisie et le respect des personnes. D’un autre côté, on peut également très aisément comprendre que Zucchero ne suscite pas l’adhésion, et peut-être faudra-t-il dans les éditions à venir, trouver une solution alternative pour celles et ceux qui ont acheté un Pass pour la semaine et qui ont le sentiment de perdre de l’argent. Un photographe avec qui j’échangeais sur ce sujet regrettait qu’il n’y ait pas vraiment de Off durant cette semaine, en dehors de la soirée ‘Blues dans la ville’. Il y a sans doute des choses à creuser de ce côté pour pouvoir offrir une alternative à la programmation officielle. Et pour en finir avec la polémique Zucchero, une chose à mes yeux est certaine, c’est qu’avant son show nous avons eu sur scène Chino, Big Mama Montsé et AWEK, trois formations géniales et 100% pur Blues qui ont fait le bonheur du public présent, y compris celui de l’Italien. Faut-il rappeler que le Blues c’est avant toute chose de la convivialité…?



Mercredi 17 juillet 

Journée consacrée au traditionnel Tremplin avec cinq groupes en compétition, par ordre de passage: Home Cooked Blues – Little Devils & The Suffle Blues Flame – Red Beans & Pepper Sauce – Rough Influence et Old Lightnin’ Richard Blues Band. Pour éviter toute polémique, je ne vais m’étendre sur les résultats qui ne font jamais l’unanimité sur ces tremplins. Le prix Cahors a donc été décerné ex-aequo à Home Cooked Blues, seul sur scène avec sa guitare et qui, malgré ses magnifiques lunettes et ses non moins sublimes moustaches façon ‘brigades du tigre’, manque toutefois cruellement de charisme, et aux Red Beans & Pepper Sauce dont on peut dire en revanche qu’ils ont fait la quasi unanimité dans le public. Une bonne surprise également du côté de Rough Influence qui nous a proposé quelque chose de très original, même si cela manque encore un peu de maturité vocale.



Jeudi 18 juillet 

J’attendais cette journée avec une impatience non dissimulée et je dois dire que je n’ai pas été déçu. Celle-ci allait commencer par deux évènements fêtés au Méphisto: l’anniversaire de Marc Loison, et celui du Collectif des radios Blues, le tout animé en partie par L.R. Phoenix que l’on retrouvera le lendemain sur la scène du village.

J’étais particulièrement impatient, en arrivant sur le village, de découvrir les Sugar Thieves, demi-finalistes de l’International Blues Challenge de Memphis et dont j’avais entendu le plus grand bien. Malheureusement le set a été interrompu par un orage pas particulièrement virulent mais suffisant pour obliger les musiciens à quitter la scène. Ils y reviendront une fois l’orage passé, mais cette interruption a forcément empêché le groupe de s’exprimer totalement. Dommage, car ce que j’en ai entendu m’a fortement donné l’envie d’y revenir sans tarder.

La suite va faire exploser le public! Les Voodoo Swing, groupe de Rockabilly dont un représentant du style est présent tous les ans à Cahors. Je ne vais pas mentir en vous avouant que je me lasse assez vite de ce genre musical, mais il faut reconnaître que ces lascars là ont une sacré pêche, que ce sont de supers musiciens et qu’ils savent embarquer le public avec eux. Mention particulière au contrebassiste qui va carrément grimper sur son instrument pour jouer. Du grand art!

Direction la grande scène à présent, et s’il y a quelqu’un que je ne m’attendais pas à trouver à proximité de celle-ci, c’est bien Gérard Lanvin, venu assister au concert de son fils, Manu, et dont la disponibilité envers le public n’a d’égal que sa gentillesse envers celui-ci. Quelques acteurs dont je ne citerai pas le nom feraient bien de s’inspirer de son état d’esprit. Un très grand Monsieur, ce Gérard!
C’est donc Manu Lanvin qui va ouvrir la soirée, tout d’abord en trio, puis avec Neal Black. C’était fort, très très fort à tous points de vue! Au niveau du talent, de l’énergie déployée, du contact et des échanges avec le public, mais également au niveau sonore! Toutes les oreilles ont vraiment souffert de cette débauche de décibels et c’est fort dommage, car cela a sans aucun doute altéré la qualité de cette prestation. Il n’en demeure pas moins que je me suis régalé comme un fou avec ce concert et que je suis définitivement fan de ce Manu là!


1980, c’est l’année de la sortie de ce monument cinématographique, le mythique ‘The Blues Brothers’. Alors même si quelques-uns ne sont malheureusement plus de ce monde, me retrouver devant les deux légendes vivantes que sont Steve Cropper et Blue Lou Marini est un bonheur total! Bien sûr ils ont l’âge de leurs artères et ne sont plus très bondissants sur scène, bien sûr que les deux frontmen sont loin d’avoir le charisme de John Bellushi et de Dan Aykroyd, et pour tout dire, sont même, à mon avis, assez proche du ridicule à certains moments, mais qu’importe! Quel pied incroyable d’entendre tous ces titres incontournables et d’en reprendre en chœur tous les refrains! Une heure trente de pur bonheur avec tous les standards qui m’ont fait rajeunir de plus de trente ans! Manu Lanvin et les Blues Brothers m’auront fait passer ma plus belle soirée sur ce festival 2013.





Vendredi 19 juillet 

Avant la traditionnelle soirée ‘Blues dans la ville’, il ne fallait pas manquer les deux concerts de l’après midi. Tout d’abord L.R. Phoenix, une vraie ‘gueule’ posée sous un chapeau de Zorro, des rouflaquettes improbables sur des joues mal rasées, mais surtout une voix incomparable. Un spécialiste du slide avec des titres très originaux ayant particulièrement réjoui le public, qui a ainsi découvert un artiste entrevu la veille au Méphisto. Un adepte du Jack Daniel’s qui n’est jamais bien loin de lui!

Et maintenant, Mesdames et Messieurs, voici venir la claque de la semaine! Layla Zoe, une artiste canadienne au look ravageur, tatouée de la tête aux pieds, avec Fanck Zappa sur un mollet et Tom Waits sur l’autre semblant disserter ensemble sur le talent indéniable de cette artiste. Etre présentée comme la réincarnation de Janis Joplin m’a tout d’abord amené à rester méfiant, tant les artistes ‘présentés comme…’ sont légions, mais je l’avoue sans problème, dès les premières notes, sa voix m’a totalement retourné. Certes, ce n’est pas Janis mais sa puissance vocale est impressionnante. Ses très longs cheveux roux, qui sont sans doute à l’origine du surnom que lui ont attribué les journalistes Canadiens, ‘Firegirl’, participent grandement au jeu de scène de Layla qui en fait même quelquefois un peu trop de ce côté. Elle avait indéniablement sa place sur la grande scène, et à mon avis ce sera sans aucun doute pour l’une des prochaines éditions.

La soirée ‘Blues dans la ville’ sera pour ma part finalement consacrée au concert de CASH, à l’invitation de Catherine Marie et Renaud Cugny avec qui nous avons encore passé de magnifiques moments sur ce festival. Les quatre compères vont mettre le feu à la terrasse du ‘Palais’, l’une des brasseries qui accueillent les différentes formations et dont un des clients est venu aborder les musiciens, trouvant qu’ils jouaient trop fort. Dont acte! C’est vrai que ça envoie, mais si l’on veut être au calme, cher client du Palais, on va réserver dans un resto n’offrant pas de tribune aux groupes, non?



Samedi 20 juillet 

Dernière journée de cette trente-deuxième édition avec deux formations sur la scène village, dont le point commun est de partager le même tourneur, Blues & Soul Events. C’est Robert Lenoir, le lauréat du Tremplin 2012, qui allait donc ouvrir l’après midi avec un nouveau line-up qui semble avoir donné plus de cohésion au groupe.

On va terminer en trombe avec le groupe CASH, avec qui nous avons passé la soirée la veille et dont le très charismatique frontman, Mister Boob, est arrivé avec quelques soucis de voix. Cela n’a pas empêché le combo de nous envoyer la sauce et de mettre la grosse ambiance pour ce tout dernier concert de la scène du village. Des musiciens bourrés de talent et d’une gentillesse incroyable, qui, en plus, ne sont pas les derniers à venir mettre leur grain de sel au Méphisto. Un gros coup de cœur pour ce groupe et ses musiciens!



Tournons-nous à présent vers la grande scène où se préparent Sofaï & The Sweet Talkers. Conforme à ses habitudes, Sofaï va passer quelques minutes juste avant le concert à régler une dernière fois la disposition des pédales, façon sans doute bien à elle de se libérer du trac. Il faut dire que l’espace Bessières est copieusement garni et le public assez impressionnant. Tout comme AWEK, Sofaï devra toutefois se contenter du peu de place laissé par le Big Band de Michel Jonasz, et c’est donc un set semi-acoustique qu’elle va nous proposer. J’ai lu quelque part ‘qu’elle n’avait pas d’énergie’…je me demande si on a bien vu le même concert.

La clôture du festival va revenir à la seconde tête d’affiche, Michel Jonasz. C’est son Big Band de quasiment trente musiciens qui va commencer seul, installant ainsi le doute dans l’esprit des photographes puisque, comme pour Zucchero, les photos n’étaient autorisées que sur accréditation, et encore, seulement deux titres pour Jonasz, le deuxième et le troisième…
Le gars qui est maintenant sur scène, devant moi à ce moment-là, est l’une de mes idoles de jeunesse. J’ai fait tourner tellement de fois certains vinyls que j’ai dû les racheter à plusieurs reprises. J’ai appris en partie à jouer de la guitare sur certains de ses titres et pourtant je suis ressorti de cette soirée avec un goût d’inachevé. Certes l’âge y est sans doute pour quelque chose, mais il a laissé une bonne part du set à son orchestre, s’éclipsant plusieurs fois en coulisses, et je m’attendais à autre chose que ce qu’on a l’habitude d’entendre sur toutes les ondes. Quand il le veut, Michel sait parfaitement jouer le Blues, et je pensais que pour Cahors il allait ré-orchestrer certains morceaux dans ce sens. En fait, nous avons eu droit aux originaux, donc plutôt teintés Jazz, et je reste quelque peu mitigé quant à ce final, même si voir ce monument sur scène est toujours un réel plaisir. Il n’empêche que le rencontrer Backstage restera également un très grand souvenir pour moi, même s’il a semblé être beaucoup plus intéressé par ma collègue photographe Sylvie Bosc…!


Pour refermer définitivement cette édition, tous les bénévoles vont monter sur scène, toutes celles et tous ceux sans qui aucun festival ne pourrait vivre, et survivre. Tous ces gens font un boulot admirable et les mauvaises langues qui pensent qu’ils ne font ça que pour assister gratos aux concerts se foutent le doigt dans l’œil jusqu’au coude! Nombre d’entre eux n’ont droit qu’au son sans les images et c’est aussi ce désintéressement qui les rend encore plus formidables. Robert Mauries reviendra également sur la disparition de Jean-Pierre Lemozit avec des tremblements dans la voix qui en disent beaucoup sur son émotion.

Pour conclure, cette édition aura été marquée par une scène village à la programmation très Blues, des concerts de grande qualité et…par la polémique concernant Zucchero. Il est évident qu’un festival sans tête d’affiche ‘populaire’ ne peut pas vivre, mais il est certain également que les détenteurs d’un Pass pour la semaine viennent pour entendre du Blues et peuvent se sentir lésés par une soirée comme celle de l’Italien. En ce qui me concerne, je serai là pour l’édition 2014, il n’y a aucun doute là-dessus!