Blues Unlimited à l'Ermitage

Blues Unlimited à l’Ermitage

Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
L’Ermitage, le 2 avril 2016

Au coeur des vaux de Cernay, dans ce magnifique cadre du Parc naturel régional de la haute vallée de Chevreuse, le restaurant l’Ermitage, situé sur la commune de Senlisse dans les Yvelines, propose chaque fin de semaine des soirées-concerts.
En ce samedi 2 avril 2016, la notoriété de l’endroit bien connu du monde des motards et celle du groupe présent ce soir font que la salle est comble. L’Ermitage ‘est plein à craquer’, pour reprendre l’expression consacrée. Rien d’étonnant en soi, car Blues Unlimited est à l’affiche et joue sur son territoire, quasiment à domicile.
De plus, pour les soirées de forte affluence, comme c’est le cas pour ce soir, l’endroit propose un menu varié à 25 euros par personne, et je vous l’assure, c’est de la bonne cuisine traditionnelle. Le repas est excellent, tout comme l’accueil d’ailleurs.

Formé en février 2013 à l’initiative de trois amis, le batteur Dominique Lambert, le bassiste Denis Salvani et le guitariste Paul Massiani, Blues Unlimited s’étoffe et s’enrichit très vite après quelques auditions d’une perle rare dans la lignée et le style souhaités par le groupe, le chanteur et guitariste Christian Watterinckx.
Mais que serait le blues sans l’harmonica…? C’est donc tout naturellement Frank Tizzoni, croisé déjà depuis quelques temps dans d’autres formations blues qui intègre le groupe en septembre 2013.
Après de nombreux concerts, le constat est fait qu’il manquait une voix féminine. Elle est découverte sur la scène du Petit Journal Montparnasse, accompagnée par quelques pointures de la scène française avec lesquelles elle se produit régulièrement. Sandra Célisse, finaliste de Popstars en 2001, leur fait l’honneur d’accepter de renforcer la formation fin 2014.
Blues Unlimited est maintenant au complet et tourne aussi bien pour des concerts publics que privés dans toute la France.

Il est 21 heures 30. Pour accompagner le public en douceur en fin de repas, il suffit d’un premier titre, ‘Hoochie Coochie Man’ de Willie Dixon interprété par Christian, et les premières notes acoustiques de sa Taylor, ponctués de quelques riffs électriques savamment dosés de Paul, pour tomber sous le charme, succomber et se laisser envahir d’ondes positives. Sur scène et dans la salle, la température va très vite monter.

Christian troque la Taylor pour une Gibson, l’énergie débordante de tous les membres du groupe et leur complicité communicative nous gagnent, nous ressentons ce qui est l’âme et l’essentiel de Blues Unlimited, la communion avec son public!
Avec ce choix judicieux de deux artistes au chant, le mot communion n’est pas usurpé. Quelle surprise et quel bonheur de découvrir ces deux voix différentes et complémentaires à la fois pour chanter le blues. Christian et Sandra, sourires et regards complices, vont nous coller des frissons durant tout le concert, chantant tour à tour ou en duo, revisitant un large répertoire, des racines à la modernité du blues avec en prime quelques pépites intemporelles.
Quand Sandra, chante ‘Mercedes Benz’ de Janis Joplin ou ‘What’s up’ des Four None Blondes et Christian, élevé au rock des sixties, chante ‘The Stumble’  de Freddie King ou ‘City of New Orleans’ de Steve Goodman, c’est l’envolée directe vers un septième ciel émotionnel .

Fidèle à ses guitares PRS Custom, Paul, guitariste expérimenté, joue dans la cour des grands depuis de nombreuses années, accompagnant des artistes dans différentes disciplines, du blues au rock en passant par le jazz, comme ce fût le cas dernièrement sur la scène de l’Olympia aux côtés de Patrick Fiori tout de même, il faut le dire. Tout au feeling, avec cette touche de créativité qui le caractérise, Paul sublime avec son jeu subtil et sans concession, les riffs incisifs fusent sur entre autres ces titres ‘Hey Joe’ de Hendrix, ‘Fade into Blue’ de Bill Perry ou ‘Cause we’ve ended as lovers’ de Jeff Beck.
Lorsque Paul joue, il est ailleurs, dans ce monde qui est le sien, il suffit de fermer les yeux pour le rejoindre, comme si plus rien n’existait et s’enivrer de sensations extrêmes. Respect Monsieur Paul.

Frank, professeur d’harmonica dans une école de musique réputée de l’ouest parisien est incontournable dans cette formation. C’est un des meilleurs harmonicistes actuels dont le talent n’a d’égal que celui de dessinateur, car il est d’ailleurs l’auteur de l’affiche du groupe.

Présent sur la majorité des titres joués ce soir, il excelle, comme sur l’intro de ‘Mistery Train’ d’Elvis par exemple, et donne au groupe l’âme du blues, sans qui l’harmo ne serait pas. Frank ne se privera pas d’ailleurs de nous faire part également de ses talents de guitariste un plus tard dans la soirée.

Le groove d’une solide base rythmique est assuré par le duo inséparable de deux complices: l’expérimenté Denis à la basse, jouant dans différentes formations tous styles depuis longtemps, apporte au groupe ses performances et son talent intuitif en quête perpétuelle d’innovations. En toute connivence, Dominique ‘Dom’ ne s’en laisse pas compter pour s’exprimer à la batterie, avec son sourire et cette envie perpétuelle de tout donner. Il est l’âme et le coeur qui font vivre Blues Unlimited.

Citons quelques titres du premier set,’ Roadhouse Blue’ des Doors, ‘Hallelujah’ de Leonard Cohen et ‘Call me the Breeze’ de J.J Cale avant de faire une petite pause bien méritée et se rafraichir quelque peu.

J’ouvre ici une parenthèse concernant Dom, le batteur. Victime d’un AVC il y a environ 5 ans, ce dernier avait tout perdu. Il était subitement devenu aveugle, muet et paralysé. Il avait également perdu son emploi, et sa passion pour l’aviation s’était envolée.
Avec courage, volonté, ténacité, une force mentale incroyable, et après 2 ans de kiné, il décide de réaliser un vieux rêve de gamin, vivre une autre passion, la musique, et devenir batteur.
Après des mois et des mois de patience, de persévérance et de travail avec Didier Joubert, son prof de batterie (présent ce soir), Dom a vaincu son handicap et réalisé son rêve. Un homme à saluer et à citer en exemple. Chapeau l’artiste! J’ai partagé ton sourire, vu briller ton regard, et quel bonheur pour nous tous que tu sois avec nous ce soir, comblé et heureux derrière tes fûts et cymbales.

Une deuxième batterie était disposée perpendiculairement à la scène, et pour débuter ce deuxième set, Didier le prof, et Dom l’élève, tous deux derrière leurs fûts respectifs et en parfaite complicité vont s’en donner à coeur joie durant un long moment. Ils vont s’éclater tous les deux, Dom, assidu et appliqué avec son sourire et les yeux pétillants de joie et Didier, partageant la passion de son élève, avec une déconcertante aisance, jonglant avec ses baguettes pour le plus grand plaisir sous les applaudissements du public.

Les pleurs de la guitare de Paul vont encore faire dresser les poils de nos avant-bras au garde à vous sur ‘I don’t Believe’ de Joe Bonamassa ou sur ‘Tush’ et ‘Sharp Dressed Man’ de ZZ Top.
La touche de magie de Frank à l’harmo, les rondeurs de basse de Denis, la frappe de Dom à la batterie, les voix du tandem Sandra- Christian, difficiles à qualifier tant elles sont uniques, je dirai la subtilité et l’exotisme d’un sucré-salé, pour le plaisir de l’ouïe et des pupilles, à déguster sans modération, vont confirmer si besoin était, la communion avec le public, cet immense plaisir de jouer et de tout donner.

Après ‘On the Road Again’ de Canned Heat et ‘ Proud Mary’ de Creedence Clearwater Revival pour clôturer cette superbe soirée, l’heure du partage à sonné, l’heure de la jam avec les amis musiciens venus les retrouver, comme il est très souvent de mise avec le groupe. Ces derniers vont se succéder ou jouer ensemble: deux musiciens du groupe Fuzz, Fabrice au chant, l’autre à la batterie tout comme Lucky, le boss de l’Ermitage, Kérian Guerin à la guitare, ainsi que Jean-Christophe Tavot à l’harmo sur ‘Sweet Home Chicago’ et ce standard de Johnny avec Christian qui va se la jouer rocker ‘Toute la musique que j’aime, elle vient de là, elle vient du blues’…!
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Je vais encore dire, et à juste raison, comme pour bien d’autres groupes, que Blues Unlimited est à découvrir sur scène…!

Le groupe sera présent le 18 juin à Anet en Eure & Loir.

Une tournée est prévue dans le sud de la France, première semaine d’août, le 2 à Port La Nouvelle, le 3 et le 5 à Sigean, dans l’Aude sur de grandes scènes, et 2 autres dates à confirmer.
Et bien sûr, des dates en île de France.

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