Blues en Bourgogne – Festival de blues du Creusot 2010

                              
                                  Le Creusot a eu le blues

Reportage : Frankie Bluesy Pfeiffer et Nathalie Nat’ Harrap
Du 24 au 27 juin 2010
Photos : © Frankie Bluesy Pfeiffer

Organisé par l’association Le Coin d’oreille, le Festival du Creusot – Blues en Bourgogne compte désormais parmi les festivals à ne pas rater car non seulement l’affiche y est alléchante, avec cette année, entre autres, Elliott Murphy, Pat McManus, TASTE et Joe Louis Walker, mais Le Creusot est également une ville où l’ambiance est à l’image de la population, sympa au possible.
Un festival où le ‘off’ est aussi important que le ‘in’. Rien n’y est laissé au hasard, pour que ce ‘off’, gratuit, soit une grande fête populaire, lui aussi.
Et pour la première année où, enfin, nous avons pu nous rendre au Creusot, il faut avouer que le plaisir fut de taille. Avec tout d’abord un accueil chaleureux de toute l’équipe des bénévoles alors même qu’un certain volcan faisait des siennes, assombrissant peu à peu le tableau de l’affiche prévue. Mais nous y reviendrons plus tard car pour l’instant, pour ce premier soir, c’est à la médiathèque de la ville que nous avons commencé ce festival avec le concert d’ouverture donné par le duo des Why Why. Deux fois Why pour deux lascars qui ne se la jouent pas et qui prennent un furieux plaisir à jouer de vieux standards de blues, comme si le Delta, ce soir là, s’était élargi jusqu’à la médiathèque du Creusot.

Un duo que l’on retrouvera le lendemain, donnant un concert ‘privé’ à des enfants des écoles du Creusot, initiant les jeunes esprits à cette musique.

Mais que serait le festival du Creusot sans son ‘village’ situé tout autour de la scène du ‘off’ et dans lequel restaurateurs, artisans et autres marchands proposent de quoi se restaurer, boire et faire quelques emplettes. Entre odeurs d’encens et vêtements aux teintes éclatantes, on fouine dans des piles de vieux CD et de vieux LP, à la recherche de la perle rare, ou un peu plus loin, de l’affiche que l’on a toujours voulu posséder.

Côté ‘off’, le public apprécie les groupes qui se succèdent sur la scène en attendant l’ouverture des grilles et l’heure fatidique du ‘in’, avec, pour la première soirée, Soulville puis Elliott Murphy.

Première formation à prendre d’assaut la scène du ‘in’, Soulville et son génial guitariste, Jérôme Piétri, entouré de Fabienne Della Moniqua au chant, Christophe Duplan aux claviers, Arnaud Delbos à la batterie et François Blanc à la basse. Un quintet qui vous envoie un power-blues d’enfer et qui fut ovationné par le public présent dans la cour du Château de la Verrerie. Un combo dont on attend avec impatience la sortie de leur premier album.

Star de cette première soirée, Elliott Murphy ne pouvait rêver meilleure mise en bouche que Soulville car dès les premières notes d’Olivier Durand, son fidèle guitariste (et ex-Little Bob Story, pour les connaisseurs), ce fut une clameur quasi constante qui accueillit le plus français des chanteurs-guitaristes américains. Installé en effet depuis 1989 à Paris, Elliott a signé, depuis, des albums d’anthologie parmi lesquels ‘Beauregard’ en 1998, le double ‘Strings Of Storm’ en 2003, le monstrueux ‘Murphy Gets Muddy’ en 2006 et l’incontournable ‘Coming Home Again’ en 2007.

La seconde journée du festival commença de la plus mauvaise manière qu’il soit, avec cette info en provenance de Norvège nous informant que Bjorn Berge n’a pu quitter son pays, les avions n’étant pas autorisés à décoller pour cause de volcan islandais.
Moment de panique car c’est ce même soir que Bjorn Berge doit se produire. Mais il était écrit que pour sa dix neuvième édition, le Festival du Creusot ne connaîtrait pas de problème, et cela, grâce à l’une des jeunes formations qui monte, qui monte, et qui deviendra d’ici peu incontournable, les Cotton Belly’s. Contactés le matin même, ils prennent la route et arrivent moins de 45 minutes avant le début du concert.
Quelques spectateurs font la grimace, certains ayant fait le déplacement depuis Lyon pour voir Bjorn Berge, le bluesman nordique à la carrure de déménageur et qui joue seul sur cène. Mais après deux ou trois titres à peine, les Cotton Belly’s ont fait oublier le grand Bjorn et se taillent un succès monstre, entraînant même le public enthousiaste dans une ronde et une gigue sans fin. L’ovation qui leur est réservée est à la hauteur de la surprise, monumentale, et c’est avec beaucoup de mal que le quatuor doit quitter la scène, Joe Louis Walker faisant déjà le pied de grue depuis un moment sur le côté de la scène.

Avec Joe Louis Walker, c’est un blues ciselé et nickel que le combo balance, mais peut être trop ciselé, car après le joyeux boxon mis par Cotton Belly’s, le blues du maître sonne presque froid, moins chaleureux, même si parfait. Le truc entre le public et les musiciens n’est plus là, et cela se sent. En pro qui en a vu d’autres, Joe Louis Walker assure le show jusqu’au bout, revenant pour un rappel réclamé par un public bien amaigri par rapport au début de la soirée mais enthousiaste.

Pour le dernier soir, c’est à une ‘Special Irish Night’ que les organisateurs ont convié le public, avec Taste puis Pat McManus. L’autre larron habituel de cette tournée, Eric Bell, est absent pour cause de soucis de santé mais remplacé au pied levé par Jerry Donahue qui assure avec brio sa part de boulot dans une bonne partie du set de Taste.
Taste, le nom du groupe qui colle des frissons à tous ceux qui aiment Rory Gallagher et c’est John Wilson, le batteur de Rory, qui a reformé Taste pour sortir un nouvel album au nom terriblement évocateur, ‘Wall to Wall’, pour les Irlandais comme les Européens et les Allemands. Un mur que Taste fit exploser pendant un set mené à un train d’enfer, comme si rien ne pouvait résister à cette formation qui joue, et joue encore en mémoire de Rory. La batterie est toujours aussi monumentale, et Sam Davidson, à la guitare, ne se la joue pas Rory mais Sam, en totale complicité avec Albert Mills, le bassiste.

Avec Pat McManus, la nuit semble ne plus avoir de fin et le public, déchaîné, se balance au son d’un blues rageur qui semble ne jamais vouloir vous laisser un seul moment de répit. Cela envoie, et grave, avec un Gordon Sheridan complètement habité à la basse, et un Paul Faloon déchainé à la batterie. Pat, lui, est comme porté par l’ovation qui monte de la cour du Château, faisant jouir sa Gibson rouge sous les solos les plus enlevés.

Au violon, à la guitare acoustique comme à la guitare électrique, Pat McManus captive, partage sa joie de jouer. Le plaisir est tel que viennent le rejoindre sur scène pour un final d’anthologie Jerry Donahue, Sam Davidson, Albert Mills et John Wilson, bien sûr, qui prend d’assaut la seconde batterie.
Trois guitaristes, deux bassistes et deux batteurs jouant ensemble sur scène, tel est le line up de folie qui mettra le feu à la cour du Château de la Verrerie et que le public tardera à quitter,…et nous aussi, nous promettant de revenir en 2011, pour cette vingtième édition-anniversaire du Festival du Creusot.

 

Blues en Bourgogne - Festival de blues du Creusot 2010