BLUES COMPANY au Pitchtime, à Dourdan, le 27 avril 2018
Reportage: Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint (Paris-Move)
Photos: © Alain AJ-Blues
“The blues are the roots and the other musics are the fruits. It’s better keeping the roots alive, because it means better fruits from now on. The blues are the roots of all American music. As long as American music survives, so will the blues.” – Willie Dixon (1915-1992)
Sans faire aucune différence, au gré de nos errances, nous poursuivons les méandres de notre route du Blues. A la croisée des chemins, elle se divise, mais “libre de notre choix” est toujours notre devise. Lorsque soufflent les alizés de l’amitié, ils nous guident pour retrouver des artistes avec qui nous partageons affinités. Lorsque, disséminée aux quatre vents, tourbillonne l’envie de découverte, toujours elle nous laisse entrevoir une porte grande ouverte.
En ce soir du 27 avril 2018, au Pitchtime à Dourdan, pour que nos trajectoires se dédoublent, nous ferons coup double. Même si le temps passe, retrouver des amis donne toujours des couleurs à la vie. C’est premièrement ce que nous ferons ce soir en présence de Jack Fevrier et de Marie, sa souriante et charmante compagne. Deuxièmement, avec un tel fil conducteur pour un coup de coeur, nous ne sommes pas venus à l’aveuglette, car nous nous en doutions avec le groupe Blues Company à l’affiche pour ce concert, nous étions assurés de faire une belle découverte.
Basé en île de France, Seine et Marne et Val de Marne, le groupe Blues Company s’est formé récemment, début 2016. Fort de la solide expérience de chacun des musiciens, depuis sa création le groupe s’est produit dans de nombreux lieux, tant en région parisienne qu’en province. Outre des bars, pubs, restaurants, le groupe a également donné quelques concerts dans des motos clubs, ainsi que des prestations dans le cadre d’évènements fortement médiatisés comme la Marathon de Paris, en 2016 et 2017. Après plusieurs changements au sein du line up, la formation s’est stabilisée.
Dès 22 heures, sous les lights du Pitchtime, prennent place Jack Février, chant/harmonica/guitare, Philo Boogie, guitare/chant, Denis Bouillet, basse, et Eddy Dubois, batterie.
Durant deux sets et plus de deux heures de concert, Blues Company nous conviera à un périple intemporel, dans différentes contrées où s’entremêlent les racines du blues, l’émergence du pub-rock outre-Manche, et la belle époque du rock’n’roll des sixties et seventies.
Avec dans leurs bagages une bonne cinquantaine de titres bien sanglés, durant cette soirée une trentaine de standards seront dépoussiérés, pour immersion et dépaysement assurés. Nul besoin de chaussures de randonnées, car sur nos sièges bien calés, au plus près de ces ‘vieux briscards’, nous tournerons quelques belles pages du guide du Routard.
Après une première halte dans les bayous de Louisiane avec ‘I’am a King Bee’ de Slim Harpo, nous longerons les rives du Mississipi avec ces titres écrits par Willie Dixon, l’un, ‘I’m ready’, pour Muddy Waters, et cet autre, ‘Little Red Rooster’, pour Howlin’Wolf.
Sans suivre l’ordre établi de la set list, nous retiendrons notre souffle dans les bas-fonds de Harlem avec ‘She caught the Katy’ de Taj Mahal, et ceux du Bronx avec ‘Stoop down Baby’ de Popa Chubby.
Après un détour par la Californie avec ‘When I leave here’ de Robben Ford, s’ouvrent devant nous les plaines du Texas au gré de ces titres: ‘I’m Tore Down’ de Freddie king’ et ‘Cold Shot’ de Stevie Ray Vaughan.
Sur scène, c’est explosif. Nous connaissons bien l’ami Jack Fevrier, rencontré maintes fois au sein de plusieurs groupes (je vous citerai uniquement ‘Stinger’, pour vous éviter la liste complète) et à chaque fois, autant par son talent de maestro à la six cordes et au chant que par son énorme présence sur scène, il nous scotche totalement!
Je rajouterai même que plus nous le retrouvons, plus encore il nous étonne. Ce soir, il est principalement au chant et à l’harmo, mais il jouera également un bon nombre de titres aux guitares, électrique et acoustique.
Jack Fevrier est un showman dans l’âme. Il fait son show, jongle avec le pied du micro, danse, avec mimiques et gestuelles à l’appui, debout, assis, agenouillé, comme un pantin désarticulé branché sur 2.000 volt. Il est partout à la fois, partageant une extrême complicité avec ses compères et avec le public, faisant de la scène son terrain de jeu favori. Nous nous demandons toujours, et nous ne sommes pas les seuls, comment il fait pour tenir une telle cadence infernale du début jusqu’à la fin d’un concert.
Je vous l’assure, ‘Phénomène Jack’ est bien plus qu’un remède à la morosité. C’est un antidote capable de guérir les bleus à l’âme de toutes les personnes atteintes de maladie maniaco-dépressive. Pas mieux pour combler le trou de la sécurité sociale!
Derrières ses lunettes noires, nous devinons les yeux rieurs de Philo Boogie.
C’est notre première rencontre avec lui, mais il se dégage du personnage ce quelque chose qui ne trompe pas, ce côté attachant et généreux que nous devinons, que nous ressentons. Ne vous fiez pas aux apparences, car le chapeau et la chemise style hawaïenne cachent un redoutable guitariste, adaptant son jeu avec brio sur les différents styles joués ce soir. Philo joue tout en finesse sur ces titres de J.J Cale, ‘After Midnight’ et ‘Call me the Breeze’, et lorsque le moment est venu, comme entre autres sur ce titre ‘She does it right’ du Dr Feelgood, de balancer ses riffs acérés, vous sentez vos battements de coeur s’accélérer.
Denis Bouillet, c’est le bon vivant, et par les pores de sa peau transpire la jovialité. Pour nous, c’est une première rencontre également avec lui, mais j’ai presque envie de me permettre une certaine familiarité en disant que c’est le ‘papy’ que beaucoup d’enfants aimeraient avoir auprès d’eux. Mais Denis n’est pas sur scène pour faire de la figuration, loin de là, car forte est sa présence de tous les instants! Il fait ronronner sa basse d’un air quasi impassible, et la fait claquer de ses rondeurs lorsque Jack vient le chercher pour que tous les deux “s’acoquinent” avec connivence.
Ce soir, c’est une première pour Eddy Dubois, car il étrenne ses baguettes avec le combo. Même s’il est un peu plus jeune que ses trois complices, il ne se laisse pas impressionner, et comme eux il va tout donner.
Eddy n’est pas le premier venu. Fort d’une expérience de deux décennies, le “prof”, amusé de voir ses compères se démener devant lui, imprimera la cadence en s’adaptant au répertoire du groupe avec une étonnante aisance.
Citons encore deux titres, ‘Back in the U.S.S.R’ des Beatles et ‘Mistery Train’ d’Elvis Presley, joués en acoustique, juste avant la pause, car les gorges sont sèches, celles des artistes, mais également celles du public venu tout de même nombreux pour que l’applaudimètre monte en flèche.
A l’instar du premier set, le deuxième sera également mené à train d’enfer. Et pour ce faire, et pour que le frisson prenne possession de nous, nous aurons droit à quelques bons vieux Blues orgasmiques: ‘Bright lights, big City’ de Jimmy Reed, ‘I just want to make love to you’ de Willie Dixon ou encore ‘You upset me Baby’ de B.B.King. Le collier de perles de Blues Company s’égrène au fil de leurs influences aux diverses nuances. Des Stones avec ‘The last Time ‘ aux Doors avec ‘Love me two Times’ en passant par Chuck Berry avec ‘Little Queenie’, le groupe tire sa révérence à tous ces artistes de référence.
Après tant d’énergie déployée, tant de perles de labeur épongées, au milieu de ce deuxième set, Jack, Philo et Denis s’assoient sur le devant de la scène, pour reprendre leur souffle penserons-nous, un moment de répit bien mérité et rythmé par ce blues lent ‘The Key to the Highway’ de Big Bill Broonzy, écrit par le pianiste de Blues Charlie Segar.
Denis Bouillet se permettra quelques espiègleries dont il détient le secret et dont je vous passerai les détails. Profitant de cette touche de bonne humeur ambiante supplémentaire, Jack fera pousser la chansonnette à celui qu’il nomme affectueusement ‘Gaston LaBasse’.
Moment de répit, avais-je dit… Que nenni, car ce titre percutant, ‘Roll over Beethoven’ de Chuck Berry, redémarre en trombe!
Même ce standard de Robert Johnson, ‘Love in Vain’, joué en ‘slide’, le sera façon ‘stonienne’. Après ‘The Spider and the Fly’ des Stones, avec un Jack impérial à l’harmonica (comme sur tous les autres titres joués durant la soirée avec son ruine-babines, je précise), sans nous en rendre compte, tant le temps s’emble s’être figé, l’aiguille des heures a bouclé ses deux rondes…
La ligne d’horizon se profile au loin, il est temps d’embarquer sur cette mythique ‘Route 66’, celle de Bobby Troup, maintes et maintes fois empruntée par d’autres, et sur laquelle nos quatre ‘lascars’ de Blues Company vont laisser quelques traces de gomme supplémentaires sur l’asphalte… et je vous assure, cela décoiffe! Elle est bien loin, la Nationale 7 de Charles Trenet…
Un dernier titre en rappel, un dernier blues ‘Got My Mojo Working’ écrit par Preston Foster et rendu célèbre par Muddy Waters clôture cette superbe soirée sous les ovations du public.
Aux anges, en excellente compagnie, sur notre route du Blues nous avons vécu cette musique du diable. Une soirée inoubliable, comme beaucoup d’autres, au Pitchtime de Dourdan.
Pour vous, fidèles lecteurs de Paris-Move, voici quelques extraits de ce concert au Pitchtime à découvrir en vidéo sur la page Facebook de Blues Company: ICI
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