BLUE FEVER en concert au Pitchtime à Dourdan

BLUE FEVER en concert au Pitchtime à Dourdan  le 24 novembre 2017
Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
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Quelle serait votre réaction si je vous dis que nous sommes devant une scène avec des musiciens qui ont joué et enregistré pour des artistes aux styles très différents, comme Alain Bashung, Bill Deraime, Toure Kounda, Nightrider, Jacques Higelin, Les Comodores, Wes Madiko, Patricia Kaas, Cheb Kader, Mory Kante, Era et bien d’autres encore…?

Certains d’entre vous, les sceptiques, diront qu’une nouvelle fois j’ai l’imagination débordante, et que l’araignée au plafond me joue encore des tours. A ceux là, je réponds “mauvaise pioche”, vous êtes à côté de la plaque.
Des doigts se lèvent au fond de la classe, toujours les meilleurs élèves, ceux qui ne doutent de rien, qui clament en chœur: “Bande de veinards, comme vous en avez de la chance, nous aimerions bien être à votre place!”. Je rétorque de suite: “Bravo les filles, bravo les gars, vous détenez la bonne réponse!”

Nous sommes le 24 novembre 2017, impatients de découvrir sur scène le répertoire et d’assister au concert du groupe BLUE FEVER.
Formé depuis 1991, ce groupe a enregistré deux albums, ‘Gipsy Row’ en 1992 et ‘Another Land’ en 1996. BLUE FEVER a écumé les scènes et a joué dans plus de 200 villes européennes, dans ce style qu’il revendique, le ‘Blues Fusion’. Après avoir fait un break pour chacun des musiciens, pris pour d’autres réalisations et projets personnels, ils se retrouvent en 2015, reforment le groupe, pour fêter leur 25ème anniversaire, toujours liés par l’amitié et cette irrésistible envie de jouer à nouveau ensemble.

En 2016, Blue Fever enregistre 4 titres inédits en live, prémices de leur prochain album (prévu pour l’été 2017) et démarre une tournée de concerts, en juin en Espagne et ensuite dans l’hexagone dès l’automne.
Pour vivre en live ce tout nouvel album, ‘Best, Bists and Blues’, pour être au plus près de ces artistes ce soir, nous sommes dans la petite salle du Pitchtime à Dourdan, dont la programmation n’a souvent rien à envier à des salles de taille bien plus importante. BLUE FEVER au Pitchtime ce soir en est une preuve!
Et je vous assure qu’une petite souris n’y retrouvera pas son nid ce soir. Les fans de BLUE FEVER ont répondu présents, et d’autres, comme nous, sont venus pour la découverte. La salle sera pleine à craquer, et il en sera de même côté bar. Le Boss du Pitch, bien occupé, aura fort à faire, mais son sourire en dit long, car quel bonheur de voir tout ce monde en ce lieu de proximité pour que vive la musique!

Durant deux sets et plus de deux heures de concert, une majorité des compositions de l’album ‘Best, Bits and Blue’ seront jouées. D’emblée, avec cette première compo ‘Whose side are you on’, nous nous prenons une claque magistrale. Ces six musiciens nous embarquent dans un Blues Rock mené à train d’enfer.

Il faut une voix pour chanter le Blues, et celle de Bob Salazar en est une! Vous savez, une de ces voix qui sort des tripes, chaude, prenante, envoûtante, se modulant grave ou légère pour mieux vous faire ressentir toutes ses convictions, toute cette passion du Blues qui l’anime, pour la communier avec le public.

A l’harmonica, c’est un phénomène! Diabolo fait son show sur tous les titres. Diable au corps, il se démène comme ce n’est pas possible. Comment il nous fait pleurer et chanter ses ruine-babines, gesticulant d’avant en arrière et frappant du pied pour mieux battre la mesure. Le public du Pitchtime est conquis!

Diabolo a joué avec des grands de ce monde, sur de nombreuses scènes en France et à l’étranger. Je ne vais pas ici dérouler son parcours, car son CV risquerait de rendre obsolète la présence des conseillers de Pôle Emploi et les obligerait à la démission. Vous comprendrez pourquoi le chanteur, l’incontournable Christophe, lui avait demandé de venir l’accompagner à l’harmo, faire crier ‘Aline’ pour quelle revienne, lors d’une grande tournée acoustique.

Une première impression est souvent celle qui ne trompe pas, car avec son look rappelant celui des grands guitaristes anglo-saxons et américains des groupes de rock de la belle époque, nous nous attendions au meilleur avec la présence de Laurent Schwartz, et nous n’allons pas êtres déçus. Même si ce n’est qu’une image, comme celles des posters des ‘Guitar Heroes’ qui “jadis” tapissaient les murs de nos chambres, tant est grand le talent de Laurent, ce cliché n’est pas usurpé. Alternant deux guitares électriques, dont une Gibson Les Paul, avec son jeu intuitif et racé, ses riffs incisifs et calibrés, sans aller dans l’excès, Laurent fait partie de ces ténors de la six cordes qui nous bluffent et nous touchent.

Combien de fois ma blondinette de compagne m’a pris la main pour la serrer, combien de fois nos regards se sont croisés durant cette soirée, je ne saurai le dire, tant ça joue, tant ça envoie, tant ça transpire sous les lights sur scène.
Ne nous regardez pas comme cela, ma brave dame, nous ne sommes pas là ce soir pour cliquer “j’aime”, “wouah” ou “j’adore” dans un monde virtuel. Nous sommes là pour vibrer en live, pour entendre battre nos cœurs, pour frapper dans nos mains avec tout ce public, pour vivre cette musique, ce Blues que nous aimons tant.

Enorme coup de cœur pour ce trio voix-guitare-harmo placé sur le devant de la scène, et il en sera de même pour les trois compères, non pas en retrait, mais en arrière plan de la scène, bien calés, avec une présence de tous les instants derrière leurs instruments respectifs.

Côté rythmique, c’est du lourd, avec à la basse Eric Geisen. Le dynamisme de son jeu nous pénètre, et cet artiste nous dévoilera plus d’un atout, car il nous fera également vibrer au chant sur ce titre ‘Daddy comes to me’. Pour ceux qui se posent la question de savoir comment définir ce qu’est réellement le groove, avec la présence d’Eric sur scène vous détenez un élément de réponse, car grâce à lui, le groove est en vous.

Avec toujours ce sourire aux lèvres derrière la batterie, et cette envie de tout donner, le ‘prof’ Thierry Le Gall, que nous connaissons pour l’avoir déjà rencontré deux fois aux côtés de Romain Petite, va une nouvelle fois nous surprendre. Il est maître es baguettes, effleurant les fûts avec finesse et ce qui semblerait presque être une indécente désinvolture, ou frappant de main de maître pour augmenter la cadence avec la précision d’un métronome.

Pour compléter cette formation, c’est Jean Pascal Moget qui est présent au clavier ce soir. BLUE FEVER est, bien sûr, un excellent groupe de Blues, et il fait preuve d’une belle identité. Les musiciens ont ce don de graviter autour de cette planète bleutée pour explorer d’autres horizons. Avec ses envolées au clavier, Jean Pascal nous fera voyager du côté de la Louisiane avec cette compo du groupe, ‘Yeah Yeah’, bien Jazzy New Orleans, et il nous donnera une sacrée envie de bouger sur cette autre compo qu’est ‘Gypsy Row’, un boogie-woogie bien swinguant.

Bien plus qu’un voyage, nous nous retrouvons en apesanteur, tous les sens en éveil, là-bas, entre la Floride et la Californie, dans les contrées du rock sudiste, happés par cette superbe composition ‘Love is All’, reprise en chœur par chacun des musiciens. La voix de Bob déchire, et la guitare de Laurent pleure. Ou l’inverse, tant c’est magique, tant c’est prenant!

Autres moments forts, toujours des compositions, des Blues bien calibrés, comme ces ‘Ride On’, ‘Let the O’l Man Play the Blues’ ou ce Blues bien roots ‘Ready for the Show Again, joué en acoustique par Laurent, qui sont des conversations intimes entre la voix de Bob et les différents instruments.

Quelle complicité sur scène! Je le répète, Diabolo est partout à la fois, utilisant une petite console sur pieds, de celles dont se servent certains DJ, mais Diabolo l’adapte à ses besoins personnels, l’effleurant d’une main pour moduler le son de son harmonica tenu dans son autre main, tout en jouant.
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Sacré Diabolo, qui est au plus proche de Bob, au plus proche de Laurent, l’un contre l’autre, front contre front, faisant résonner les complaintes à l’harmo et fuser les riffs de guitare pour que flirte le public avec eux, la tête dans les étoiles.

Le groupe nous offrira également quelques adaptations de reprises bien soignées et jouissives. Je n’en citerai que quelques unes, ‘Worried Life Blues’ immortalisée par Clapton et B.B King, ‘Low Down Dirty Mean’ du Allman Brothers Band, ‘Look at Little Sister, écrit par Hank Ballard et repris par Stevie Ray Vaughan, ainsi que le désormais incontournable ‘Crossroads’ de Robert Johnson, joué en acoustique, comme il se doit.

Un invité en la personne du jeune Nolan Le Gall prendra place à la batterie, qui fera preuve de son talent. Il a dû bosser, bien sûr, pour atteindre ce niveau, mais étant le fils de Thierry Le Gall, comment pouvait-il en être autrement avec un tel professeur.

Chacun des musiciens, Diabolo à l’harmo, Laurent à la guitare, Eric à la basse, Thierry à la batterie et Jean Pascal au clavier, excellent dans leurs disciplines respectives, et chaque solo de l’un d’eux, il y en aura un bon nombre, sous l’emprise de la voix de Bob, seront fortement ovationnés par le public.

Vous vous en doutez, il y aura forcément des rappels, tant BLUE FEVER nous a comblé et nous a fait vivre son Blues.
Tout le public debout, frappant dans ses mains, reprendra à l’unisson les paroles de ce standard de Mick Rice, dont il est inutile de citer le titre, car elles sont connues de tous ‘All you want to do is ride around Sally. Ride, Sally, Ride’, pour clôturer cette soirée exceptionnelle.

Amis lecteurs de Paris-Move, je vais me répéter une nouvelle fois mais j’insiste: allez applaudir les artistes et les groupes en concert…! Rien de tel pour vivre cette passion de la musique!
Et n’oubliez pas qu’à côté des célèbres grandes salles il existe de petites salles dont la programmation est largement au niveau de salles plus connues, avec l’avantage énorme d’être au plus près des musiciens.
Et lorsque BLUE FEVER sera à l’affiche près ou un peu loin de chez vous, chaussez vos bottes de sept lieux et empressez-vous de les découvrir!
En attendant, il est impératif de vous procurer cet album ‘Best, Bits and Blues, car il est incontournable, en cliquant ICI.

Voici la page Facebook officielle de BLUE FEVER: ICI
Voici leur site officiel: ICI
Rien de plus simple pour commander l’album!

BLUE FEVER en concert au Pitchtime à Dourdan  le 24 novembre 2017
Reportage : Alain AJ-Blues pour PARIS-MOVE
Photos : © Alain AJ-Blues