Black Joe Lewis en concert au Casino de Paris

                Reportage: Dominique Boulay
                Photos: © Frankie Bluesy Pfeiffer

 
Il est 21 heures quand le préposé aux platines quitte (enfin, diront beaucoup de spectateurs) la scène, laissant les zicos de The Honeybears prendre place. Et dès les premières notes du groupe, c’est sûr, plus rien ne sera comme dans la dernière heure passée. Les chopes de bière restent collées au comptoir et tous, inconsciemment, nous nous approchons encore davantage de la scène devenue autel pour mieux voir encore de quoi il peut bien s’agir. Car cela joue fort, et de partout à la fois!

Sur la gauche, une section cuivres tout d’abord, composée de trois excellents musiciens: Jason Frey, Derek Phelps et Joseph Woullard, qui jouent des suites de notes puissantes et des phrasés musicaux qui nous rappellent aussitôt Stax, Tamla Motown, James Brown, Otis Redding, Wilson Pickett, Sam Cooke et tous les grands du Rythme & Blues des années ‘60 et ‘70. Et en guise de petit clin d’œil, nos trois loustics sont vêtus de pantalons tuyaux de poêle comme en portaient les Sam & Dave et Eddy Floyd de notre adolescence.

 
Et de l’autre côté, sur la droite de la scène, dans le plus pur style d’une formation de rock qui donne dans le punk garage, un trio nous distille des riffs à couper à la tronçonneuse. Avec leur look façon garçons BCBG déjantés, Zachery Ernst à la guitare, Bill Stevenson à la basse et Mathew Strimska à la batterie vous immergent dans un funky rock baroque à faire danser la plus froide des statues de marbre. Ajoutez à cela ‘le’ chanteur-guitariste tant attendu, Black Joe Lewis, qui fait rugir son organe vocal plus qu’il ne chante langoureusement et vous aurez idée de ce qui est proposé aux spectateurs subjugués.

 
Nous sommes comme étourdis par le collage sonore dadaïste dans lequel nous nous trouvons embarqués. On se surprend, tour à tour, à swinguer sous le charme d’un chorus un soupçon rétro pour dans l’instant suivant taper du pied sur un riff de guitare explosif. Ce fabuleux concert est l’occasion, pour beaucoup, de vivre en direct une expérience sonore surréaliste. Un mix de sons d’hier et de demain qui en laisse plus d’un sans voix. J’ai même vu des photographes qui en oubliaient de shooter tandis que l’un d’eux, équipé d’un Pentax et perdu au milieu de la foule, tenait à bout de bras son appareil pour ne rien louper de l’événement.

Le disque, ‘Tell’Em What Your Name Is’, nous avait ébranlés avec ses compositions originales, mais là, le show nous achève définitivement, même si ce ne sont pas tout à fait les mêmes zikos que sur la galette. Et bien que moins nombreux que sur le CD, ils font quasi plus de bruit…!!  D’une section cuivre composée de quatre personnes sur le disque, ils ne sont plus que trois, ce soir, et pourtant ça envoie, et grave. Sans oublier que le batteur est un petit nouveau, que Ian Varley, l’organiste, n’est pas du voyage, ayant dû rester au Texas, et que de la formation présente lors de l’enregistrement en studio, il ne reste plus que, si l’on peut dire, Zach Ernst à la guitare et Bill Stevenson à la basse. Mais ces modifs n’ont entaché en rien la qualité de la musique distribuée à profusion pendant près de deux heures.

 
A la sortie, sur le trottoir, devant le Nouveau Casino, vers vingt trois heures et des poussières, une foule de spectateurs errait, comme assommée et égarée, encore sous le charme de ce qu’elle venait de vivre. Une expérience jouissive et à réitérer impérativement…!!! Il revient quand, en France, ce Black Joe Lewis…???
Dominique Boulay
Blues Magazine & Paris-Move
 
 
A consulter:
 
Lieu: Le Nouveau Casino, 109 rue Oberkampf, Paris 11ème
Métro: Parmentier (ligne 3) et Ménilmontant (ligne 2)
Black Joe Lewis