BASKERVILLE WILLY au Pitchtime

BASKERVILLE WILLY : ‘No Ordinary Hund’ au Pitchtime
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Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Le Pitchtime, le 3 Juin 2017

Le ciel s’obscurcit sous de gros nuages noirs, laissant entrevoir quelques éclaircies. Mais pour nous, en ce 3 juin 2017, sur la route en approche du Pitchtime à Dourdan, ce présage est de bon augure. Nous savons ce qui nous attend et nous nous en réjouissons. Car loin des morsures de l’aube, entre chien et loup, nous allons vivre un blues hors du commun, un peu démentiel, un peu déjanté et démoniaque, avec un côté sombre mais jouissif et bien swampy.
‘The Blues, but not as we know it’, celui de Baskerville Willy.

Ce n’est pas notre première rencontre avec ce groupe, trop peu présent en France et plutôt habitué à jouer sur les scènes d’outre-Manche. Suivant la disponibilité de chacun des musiciens, la formation est amenée à être différente, mais à chaque fois une grosse pointure en remplace une autre.
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Ce soir, aux côtés de l’anglais Bill Rutherford au chant, guitares et harmo, fondateur et leader du groupe Baskerville Willy, sont présents le californien Marten Ingle à la basse et contrebasse, le canadien Marty Vickers aux percussions et le français Jérémie Tepper aux guitares et dobro. Un plateau de rêve, des musiciens de grand talent et que l’on ne présente plus, voilà ce que nous offre le Pitchtime ce soir. Une grande et belle soirée dans la lignée de tous ces concerts vraiment exceptionnels que propose régulièrement Alain Sabbatier, le Boss du Pitch.

Notre première rencontre avec Bill Rutherford date d’il y a huit ans maintenant, en 2009, et nous l’avons retrouvé plusieurs fois depuis, en concert avec son groupe Baskervilles Blues Band, mais aussi sur scène avec le groupe IN VOLT de son pote Jérôme Gauthier, présent ce soir mais qui, malheureusement pressé par le temps, ne pourra pas rester aussi longtemps qu’il le souhaitait et jouer avec le groupe. Un regret pour tous, public et musiciens, car retrouver Jérôme avec son groupe ou pour rejoindre des amis sur scène est toujours un grand plaisir et un vrai moment de partage.

Dès ce titre, ‘No ordinary hound’, celui de l’album de Baskerville Willy, joué lors du premier set en électro-acoustique, la voix de Bill Rutherford, que pourtant nous connaissons bien, nous surprend à nouveau et nous étonne encore. Une voix qui sort du plus profond de lui, qui se module, envoutante et magnétique, pour mieux nous prendre aux tripes, accentuant l’atmosphère fascinante de la musique, un Blues non conventionnel où le chien libéré des chaines de Sir Arthur Conan Doyle, tous crocs dehors, hurle comme un loup, accompagnant son nouveau maître, le sorcier Bill, nous dévoilant les différentes facettes et l’identité de ce celui-ci, de même que la créativité et l’originalité de ses compostions.

Le sorcier nous convie à le suivre, et nous entrons dans son univers peuplé de fantasmes. Il nous initie, poupées de chiffons que nous sommes, hypnotisées comme dans un rituel vaudou. “Now I don’t want to scare you but don’t go out in the dark. Hey, but what was that sound? That ain’t no ordinary hound.”
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Avec une complicité sans faille, la magie de ces artistes opère. La malice improvisée du jeu de Bill Rutherford et Jérémie Tepper aux guitares, la volupté de la dextérité de Marten Ingle à la contrebasse ainsi que la maîtrise de Marty Vickers aux balais sur la caisse claire, nous bluffent totalement. Nous sommes emportés, transportés aux confins de cet univers mystérieux, entre l’ivresse de l’innovation et la fascination du surnaturel.

Ce soir nous aurons également droit à quelques adaptations de reprises bien soignées, et même parfois difficilement reconnaissables, car Bill Rutherford n’utilise jamais la brosse à reluire. Lorsqu’il caresse un standard, c’est toujours à rebrousse poil !
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Citons par exemple cette compo de l’opus ‘No ordinary hound’, l’envoutante et captivante ‘Green Coyote’ pour laquelle les lumières du Pitchtime se sont fortement atténuées, accentuant la pénombre… “And when the moon is open, like a giant orange peeled, you can hear coyote, he sings like dying feels”. Un titre envoutant et captivant,

Nous débutons le deuxième set avec une belle surprise : trois nouvelles compositions, des ballades plutôt folk, comme pour changer de registre, jouées en acoustique, et dont les titres sont ‘Daniel’s Explanation’, ‘Whith your eyes’ et ‘Back to Alabama’.
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Ces trois titres présentés en exclusivité ce soir sont les prémices d’un nouvel album et je ne vous en dirai pas plus, car il faut désormais laisser faire le temps. Avec le plaisir de savoir qu’un nouvel opus de cette formation nous sera bientôt proposé, et je dois vous avouer que nous l’attendrons avec une grande, grande impatience, tellement chaque album du groupe est bon !

Au gré des titres, adaptations de reprises ou compositions, comme ‘Grind you down’, ‘Illinois Volare’, l’acoustique laissant place à l’électrique, Bill Rutherford et Jérémie Tepper ne vont pas se priver de s’accorder encore plus de liberté, pour converser entre eux par riffs interposés, faisant augmenter (si besoin encore était) l’ambiance du Pitchtime à son paroxysme, ainsi que celui de nos battements de cœur.
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Bill Rutherford est un excellent harmoniciste, et lorsqu’il joue de son instrument, comme sur de nombreux titres durant cette soirée, il monte dans les tours, flirtant avec la zone rouge, déchainé et frappant des pieds sous le regard amusé de Jérémie, toujours imperturbable, également dans son monde, celui d’un guitariste dont la réputation n’est plus à faire.

Il en est de même côté rythmique. Marten Ingle est impressionnant, avec toujours cette présence forte sur scène, pinçant les cordes de sa contrebasse ou les frottant avec un archet, capable également de jouer de sa guitare basse comme certains le font avec une guitare six cordes.

Un autre phénomène, car je l’ai longuement regardé jouer, c’est bien Marty Vickers. Après avoir délaissé les balais pour les baguettes, Marty nous a vraiment scotché par son aisance déconcertante, la fluidité et la rapidité de sa frappe. Comme si la batterie était un instrument d’une extrême facilité. L’art de faire croire que les difficultés sont juste de l’imaginaire et qu’il suffit d’avoir des baguettes dans les mains pour être un grand batteur. Très franchement, il y a des jours où l’on se retrouve gamin devant de tels magiciens.

Parmi le public, certaines personnes sont venues retrouver pour le groupe, d’autres se sont déplacées pour le découvrir, et après chaque titre, chaque solo, les applaudissements nourris ont fait l’unanimité. Ceux qui sont venus pour découvrir le groupe sont repartis en répétant combien ils avaient vécu un concert d’exception, hors des modes et non conventionnel. J’ai même entendu dire au fond de la salle du Pitchtime : “What did you think Mister Sherlock Holmes ? Yeah, elementary my dear Watson, it’s a no ordinary hound. Woohou-hooooooou!”

Dans ce monde du Blues et ses dérivés, certaines personnes, dont des musiciens, m’ont déjà dit qu’il n’y a plus rien à inventer, plus rien à créer, car les précurseurs sont passés par là et que l’on ne peut uniquement que s’inspirer, sinon copier, tout ce qui a déjà été fait. Après pareil concert j’ai envie de leur dire, pour ne pas les contrarier, que Bill Rutherford est dans ce cas un être à part, un inquisiteur venu d’une autre galaxie et qui, avant de se poser sur notre planète bleutée, a dû, là-haut dans son monde, brûler sur le bûcher de la place publique tout ce qui pour lui semblait être hérésie. C’est à dire tout ce qui est connu, conventionnel, bien carré et dans les normes, car ce qu’il vous propose est non seulement original et magique, mais aussi hors des clous et des principes, puissant et envoutant, hors normes, charismatique.
Quand le cœur rejoint l’âme, il y a de quoi créer, inventer, pour offrir et donner encore et encore. Et c’est ce que réussit merveilleusement bien Bill Rutherford avec Baskerville Willy.

Je vous invite à juger par vous-même ! Cliquez ICI, c’est un pass pour accéder à une autre dimension, celle de Baskerville Willy.
Prenez garde tout de même, et frappez avant d’entrer, car le chien-coyote veille, puis laissez-vous apprivoiser par ce ‘No ordinary hound’.
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Un énorme merci au Pitchtime et à son Boss, Alain Sabbatier, pour cette formidable soirée, un énorme merci à Bill Rutherford et Baskerville Willy et un très grand merci au public présent ce 3 Juin 2017.

BASKERVILLE WILLY : ‘No Ordinary Hund’ au Pitchtime
Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
Le Pitchtime, le 3 Juin 2017