OCEAN - C’est la fin

Rock

Dans l’univers du rock, chanter en français est déjà un défi que peu de groupes ont osé tenter ou réussi. On vous dit que l’anglais est la langue la mieux adaptée pour le rock, comme si la langue française devait être cantonnée à de la variétoche ou de la chanson pour pouvoir remplir les quotas des radios. Du coup on fabrique à la va-vite des tubes sans intérêt aucun et on ne sait même plus l’année suivante qui chantait quoi, et qui était qui. Et c’est vrai qu’à l’écoute de ce qui passe sur certaines ondes, voire pas mal d’ondes, on a droit à de la soupe, de la sous-chanson, du vite torché pour un public que l’on croit être peu futé, voire, à l’instar de la mal-bouffe, faire le max de promo pour lui faire ingurgiter de la mal-zik. Et c’est là que le rock ‘made in France’ fait valser les étiquettes et les barrières, écrabouillant sur son passage les trucs sirupeux pour auditeurs formatés. Du coup, oui, cette musique-là, chantée en français, perturbe, gêne, énerve, et on ne la diffuse pas sur les ondes des radios dites commerciales. Faut aller gratter sur les ondes FM et via les web-radios pour entendre ce son qui vient de là, du coeur et des tripes. Un son qui vous file une vraie baffe, un son qui vous fait ressentir ce qu’est le vrai bon rock. Et OCEAN est de cette race-là!

Faut bien dire aussi que le groupe n’en est pas à son coup d’essai. OCEAN, c’est une référence des groupes rock de l’hexagone et Georges Bodossian a réussi avec ses compères à ne pas faire l’erreur de proposer un album de groupe sur le retour ou de ‘reformation’ en replongeant dans le catalogue passé. Ici, avec ‘C’est la fin’, vous avez du chrome et des étincelles, de l’explosif et du pimenté. Les 10 titres alignés portent en eux maturité et travail finement ciselé, associant avec magie l’énergie débordante qu’avait ce groupe lors de sa formation, en 1974, et le charisme d’une formation qui a de la bouteille et que l’on respecte, que l’on aime.

Fidèle à ses valeurs, OCEAN n’a pas livré un effort vite pondu et vite enregistré. Chaque chanson a dû faire l’objet d’un travail d’orfèvre, tant pour les paroles que pour la musique. Signé d’une maturité que d’autres formations peuvent jalouser, il n’y a aucune surcharge musicale ou effet démonstratif dans les 10 titres. Chaque instrument est parfaitement à sa place et la qualité du son offert est titanesque. La voix de Stef (qui a remplacé le regretté Robert Belmonte, parti bien trop tôt) correspond à la couleur musicale du groupe et on prend un réel plaisir à écouter les paroles des chansons. Des chansons qui nous font retrouver la saveur perdue d’un punch rock’n’rage, comme l’incontournable ‘La Haine’, ou encore ‘T’as rien trouvé’.

Contrairement à ceux qui colleraient peut-être un peu trop facilement à cet opus l’étiquette d’album ‘du retour’, j’affirme haut et fort que cette dernière production est la concrétisation que OCEAN a franchi un palier de plus, ce palier haut perché que tant d’autres formations rêvent d’atteindre un jour, que beaucoup n’ont jamais atteint ou n’atteindront jamais. Le palier sur lequel OCEAN côtoie désormais les monstres et références du rock.

Frankie Pfeiffer
Rédac. en Chef

OCEAN – C’est la fin (Label: FGL Productions/ Axe Killer/ Ellie Promotion)

OCEAN – C’est la fin : CD et 2LP

‘C’est la fin’ est disponible en CD, bien entendu, mais également en double vinyl en édition limitée. La pochette (double) et les superbes photos sont de haute qualité, preuve que le groupe a attaché autant d’importance au support qu’au packaging. Le vinyl retrouvant (enfin) ses lettres de noblesses, je ne peux que vous recommander de vous procurer de double LP qui deviendra inévitablement un collector.