| Psycho garage |
Patron du label sur lequel sort ce disque, le Suisse Alexis Kacimi peut s’enorgueillir de citer à son catalogue des références telles que Le Superhomard, Wendy Martinez et Nick Wheeldon. Pour son quatrième album “solo” depuis la défection de ses Rebels Of Tijuana, il nous replonge avec délice dans cette période intermédiaire où, après le virage rhythm n’ Blues (dont se revendiquèrent, outre Ronnie Bird, Vigon, Nino Ferrer et le King Set d’un certain Michel Jonasz, jusqu’à Cloclo et Johnny), la pop française post-yéyés tentait timidement de virer psychédélique, tandis que les Problèmes, Système Crapoutchik, Turnips (et même les mythiques Crouille-Marteau de Kalfon et Clémenti) hantaient les dimanches après-midis du Golf-Drouot, ainsi que les soirées du Bus Palladium et de la Locomotive (alors située sous le Moulin-Rouge). Portant un soin maniaque à recréer le plus fidèlement possible le son d’époque (enregistrement live sur un antique magnéto à bandes huit pistes, micros à ruban, pré-amplis à lampes Telefunken millésimés), lui et sa Mécréance (Romano Bianchi, Vincent Breza et Anthony Savarit) sont retournés s’enfermer trois jours dans le bien nommé studio lyonnais Back To Mono pour nous livrer neuf plages chantées en français (et parfois même en franglais), toutes représentatives de leur fixette obsessionnelle. S’ouvrant sur la suite “Another In Love” (où se télescopent les tendances de 66/67 pour culminer en freakbeat sauvage), ce périple se poursuit avec les furieux “Ne Comprennent Rien” (où l’on croirait ouïr le regretté Hector backé par les Pretty Things) et “J’Adore Ce Flic” (estampillé Dutronc 66, tout comme la plage titulaire, en partie calquée sur son “Temps De L’Amour”), avant que Kacimi ne reprenne le jerk “Erotique” de ses propres Rebels Of Tijuanas (dont l’intro et la conclusion citent “In The Midnight Hour” de Wilson Pickett). Si le twist “Joué D’Avance” n’aurait pas déparé au répertoire de BB Brunes (ni “Gyrophare” et “Massage” – avec sa guitare délibérément fausse – celui de Dyonisos), la débauche de fuzz et de six cordes surf vrillées qui ravage cet album l’ancre de bout en bout dans une french sequel de “Retour Vers Le Futur”. On arpente ici la même ligne de crête entre premier et second degré que chez Tony Truant, le Bertrand Burgalat d’A.S. Dragon et les Limiñanas, (“On finira nos vies dans un calice déconstruit“, in “Soudés, Battant”!), et si le cliché du dos de pochette évoque une version aseptisée du lay-out de “Cosmo’s Factory” de Creedence, il ne faut pas forcément y voir de hasard non plus. Trempez donc votre proverbiale madeleine proustienne dans ce thé aux effluves rétro-lysergiques assumées: jerk’s not dead!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, November 26th 2025
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