THE GENERAL STORE – The Great Indoors – An Introduction To The General Store

Unified Fields Recordings UK
Americana, Pop
THE GENERAL STORE - The Great Indoors - An Introduction To The General Store

Dans la série “les fils de“, je demande celui de Diana et Davey Johnstone. Si la première était une cordiste accomplie (non pas dans l’escalade des sommets, mais dans la pratique des instruments classiques à cordes), son guitariste de mari fut quant à lui l’un des session men les plus courus, de la fin des sixties à celle des eighties (que ce fût auprès de Long John Baldry, Joan Armatrading, Rod Stewart, Valerie Carter, Alice Cooper, Kiki Dee, Yvonne Elliman, Magna Carta, Meatloaf, Stevie Nicks, Bob Seger, Leo Sayer ou les Pointer Sisters, sans oublier Elton John, dont il fut très longtemps l’axeman attitré). Leur digne rejeton (au prénom prédestiné de Tam) commença par tâter de la batterie, tout en goûtant les plaisirs de la fonction d’assistant aux fameux AIR Studios de Londres, où régnait en maître l’ex-producteur des Beatles, Sir George Martin. Après voir tenu les baguettes parmi quelques one-time-wonders des années 90 (Green Tambourine, Jaguar), le dénommé Tam se piqua de succomber à la vogue alors naissante des vrais-faux groupes à un seul membre (Eels, The The…), pour commettre sous le nom de The General Store un premier album en 2002 (“Local Honey”, sur Not Lame), suivi de “Mountain Rescue” en 2008 (cette fois chez les Américains de Brewery Records), avant un hiatus de plus d’une quinzaine d’années. C’est lors de la perte de l’un de ses amis proches que ce multi-instrumentiste se résolut enfin à reprendre le chemin des studios, afin d’y enregistrer une oraison funêbre à la hauteur de son deuil. Ce “Sail Away” ranima la flamme créative du bonhomme, lui donnant l’envie de réactiver The General Store pour un nouvel album, désormais en gestation depuis 2023. S’il ne s’agit pas encore de celui-ci (patience), Tam tenait à renouer déjà le fil avec son passé en proposant cinq inédits composés et enregistrés au cours des 25 dernières années (dont “Sail Away”), auxquels il adjoint ici deux extraits de chacun des précédents albums de The General Store, ainsi qu’un autre de son seul album solo sous sa véritable identité. Et alors que l’on pourrait s’attendre à une sorte de bric-à-brac hétérogène, ces dix plages n’en revêtent pas moins au contraire une véritable cohérence. La raison en est aussi simple qu’évidente: Tam cultive depuis sa prime enfance une fascination pour le West-Coast sound des mid-sixties aux mid-seventies, et si “Airport Breakfast” emprunte éhontément son riff au “The Last Time” des early-Stones, son exécution doit par-contre beaucoup aux Byrds et Buffalo Springfield de la même période, tandis que “Pretty Eyes” (issu comme son prédécesseur de “Local Honey”) renvoie pour sa part à la veine agreste et ouvragée des premiers James Taylor. Si la polyvalence instrumentale du garçon ne manque pas d’impressionner, ses arrangements vocaux ne s’avèrent guère moins remarquables, comme en attestent “Desert Weathered Hiway” et “Over Here” (tous deux issus de “Mountain Rescue”), qui n’auraient en rien déparé sur les premiers Poco. “Sailing Away” s’avère une douce parenthèse sentimentale dans la veine du McCartney éternel, dont la mélodie se dévide paisiblement au clavier, à la slide et aux balais, et à laquelle on prédit un bel avenir dans les funeral parlors, tandis que “Makes No Difference” rappelle l’ex-boss de son papa, The Rocketman himself (piano driven boogie-shuffle hérissé de slide, dans la veine de son “Honky Château” d’il y a un demi-siècle et plus). Avec son country beat et son harmonica, “Leave Yr Lovin’ (At The Door)” rappelle le Paulo rural de “McCartney” (ainsi que le regretté Ronnie Lane circa “Slim Chance”), le strumming de “Fading Like A Star” et le picking de “Long Road” dressent un pont entre Dodgy et America, alors que le chanté-murmuré “Anything” ressuscite rien moins que Nick Drake. Avec ses rythmes et guitares americana, ses harmonies à fondre et ses originaux fleurant bon l’âge d’or de Laurel Canyon, voici donc un disque bien plus intemporel qu’anachronique. Après que les Long Ryders, Teenage Fanclub, La’s, Barracudas, Tom Petty et Dream Syndicate aient tant œuvré jadis pour perpétuer l’apport crucial des Byrds, The General Store témoigne de l’immanence d’un sound qui marqua au fer rouge la seconde moitié du siècle échu: call it what you will, you know that it will stand… En attendant, voici déjà les prémisses d’un nouveau retour empanaché (et qu’il provienne d’Albion ne devrait en rien vous en prémunir).

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, November 24th 2025

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