| Blues |
En authentique native du légendaire South-Side de Chicago, Robbin Kapsalis ne pouvait manquer de chanter le blues. Elle n’en a pas moins été longtemps la figure de proue d’un soul blues band basé à Washington DC (“Vintage #18), avant de se produire de par le vaste monde aux côtés de pointures telles que Billy Branch et John Primer. Produit par son époux, l’harmonica master Giles Robson, cet album n’en fut pas moins enregistré à Nozay, en Loire-Atlantique, non loin de Nantes où Arnaud Fradin et ses compères de Malted Milk ont également leurs habitudes. C’est justement ce dernier que l’on retrouve au mixage et au mastering, comme ce fut déjà le cas pour le “Ten Chicago Blues Classics” que Robson enregistra l’an dernier avec John Primer, sur sa bonne île de Jersey (chroniqué ICI). Pour la soutenir, Robbin peut également compter sur un solide quartette de musiciens locaux: les guitaristes Nicolas Deshayes et François Nicolleau, le bassiste Arnaud Godin et le batteur Cyril Durand, tandis que son mari s’avère omniprésent, et que deux invités de marquent apportent leur contribution, à commencer par le très regretté Joe Louis Walker qui se fend d’un solo magistral sur la plage titulaire d’ouverture. Chicago-shuffle de facture classique, “The Blues Is In The House” s’avère la profession de foi idoine pour introduire un album traversé de bout en bout par le souffle de la Windy City, et qui se poursuit avec une reprise top-notch du “Up The Line” de Little Walter. Cyril y est aux balais et la basse d’Arnaud exsude le swing, tandis que les guitares tricotent le riff à l’unisson des lamelles de Giles. Après un pas de côté vers la gospel soul, avec la reprise du “Lead Me On” de Deadric Malone (alias Don Robey) popularisé par Bobby ‘Blue’ Bland, nos amis reviennent au bercail avec le bien intitulé “The Comeback” (qu‘écrivit L.C. Frazier pour Memphis Slim), sur lequel l’harmo de Giles évoque la geste de Junior Wells et Paul Butterfield. Repris à d’innombrables occasions, le standard “Sitting On Top Of The World” (signé en son temps par les Mississippi Sheiks, et réputé air favori du célèbre Al Capone) défile telle une barge tranquille sur le lac Michigan, pour céder le pas à une version du non moins éculé “Rollin’ & Tumblin'”, où les guitares des deux Nantais échangent leurs rôles avec brio. Mid-tempo blues à l’écriture duquel contribua Robbin, “Love Hangover” évolue entre swamp et Jimmy Reed, et Giles y intervient entre Lazy Lester et Slim Harpo (dont nos amis reprennent plus loin le fameux “Shape Your Hips”), avant une épatante adaptation swing et ternaire du “I Wanna Know” de Screamin’ Jay Hawkins. Ce disque chaleureux se conclut sur une composition de Terry Abrahamson et Derrick Procell (déjà à l’œuvre sur la plage titulaire), “Gotta Hear The Blues”, où s’invite au dobro Arnaud Fradin. Vocaliste de tempérament au timbre grave et puissant, Robbin Kapsalis s’affirme, au fil de cet album transatlantique, comme une blues entertainer de talent que l’on est impatient de pouvoir apprécier sur les planches. Mission accomplie, chaps!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, November 11th 2025
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