BENOIT LEBLANC – Mô Kouzin, Mô Kouzinn

Les Disques De L'Oie Blanche / Believe
Jazz caraïbéen, Jazz créole
BENOIT LEBLANC - Mô Kouzin, Mô Kouzinn

Auteur-compositeur-interprète Montréalais, Benoît leBlanc est déjà à la tête de six albums de chansons originales. Il a également participé au collectif de musique cajun louisianaise “Betsy Stomp”, avec la formation Grouyan Combo. Descendant d’Acadie, il explore, documente et étudie les musiques de la Louisiane depuis un demi-siècle (y consacrant des articles dans des revues spécialisées, après avoir animé quatorze ans durant des émissions radio sur ces thèmes). Ce nouvel album n’en revêt pas moins un caractère singulier dans sa discographie. Somme et produit de ses années de recherche, il y interprète 26 pièces issues du patrimoine créole vernaculaire de la Nouvelle-Orléans et du sud-ouest de la Louisiane, aux XIXème et XXème siècles (auxquelles il ajoute son propre “Dansé Marie Laveau”). Comme en écho au récent ouvrage de Bruno Blum “Caraïbes/ États-Unis” (assorti d’un double CD chez Frémeaux & Associés), la plupart de ces vignettes traduisent (outre leurs parlers spécifiques) leurs affinités avec la diaspora afro-caribéenne, telle que celle-ci pouvait se manifester sur la célèbre place Congo Square à New-Orleans. Moins contrainte et censurée que sur les grandes plantations sudistes, l’expression des esclaves au cœur de cet important port maritime et fluvial autorisait alors, outre le recours aux percussions, à la danse et à d’autres instruments tels que le banjo et le violon, la flûte, l’accordéon, ou encore la mandoline, la guitare et la clarinette, et tolérait même de fréquents textes satiriques à l’égard de leurs dominants (qui le plus souvent n’y entravaient goutte). C’est ce foisonnant héritage qui surgit ici, transfiguré par la magie de ces recréations fidèles. Chantées en patois créoles de la Martinique, de la Guadeloupe ou de Haïti, celles-ci empruntent des rythmes de rumba (“Un Nôt Kan Kan”, “Ey Laba”) ou de rag (“Lé Zoñon”, “La Misère d’Ulysses Picou”), tout en cédant une place centrale aux complaintes acadiennes (“Mizé”, “Bon Djé”, “Moulin”, “Moluron Hé! & Wara Sin Malo”), pré-zydeco (“Si Li Lé Bat”), créoles (“Pa Kapab”, “Patat-la Kwit”, “Rémon”, “Aurore Bradaire”, “Kalinda”, “Kom Ti Koshon”, “Salangadou”,  “Regrets D’une Vieille Mûlatresse”) ou proto-calypso (la plage titulaire, “Kan Mo Té Piti”, “Mishé Banjo”, “Mo Pa Linmé Ça”, “Marshan De Pwason” et ce “Blansh Toukoutou” préfigurant le diddley-beat du “Willy & The Hand-Jive” de Johnny Otis). Outre Benoît LeBlanc et son épouse Pascale qui chantent tous deux (respectivement à la guitare, à la mandoline et à l’accordéon pour Monsieur, à la guitare et aux percussions en ce qui concerne Madame), ce ne sont pas moins de huit musiciens qui contribuent à ces enregistrements hauts en saveur comme en couleur. Les textes des chansons (et leur traduction) sont disponibles sur le site web de l’album, où figurent aussi la présentation des musiciens, la biographie de Benoît LeBlanc et une présentation historique des musiques créoles en Louisiane et ailleurs. On a rarement l’occasion de se cultiver avec autant de jubilation: ce disque est autant une fête qu’une célébration!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, November 1st 2025

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Site web de l’album