DOM MARIANI – Apple Of Life

Alive Natural Sound
Power Pop
DOM MARIANI - Apple Of Life

Avec son blase digne de figurer au script d’un volet du Parrain de Coppola, Domenico Desio Mariani aligne un casier musical de près d’un demi-siècle, sur son continent des antipodes. Depuis ses premiers méfaits recensés avec les légendes du garage australien The Stems, jusqu’à DM3 (en passant par The Go-Starts, The Someloves, The Majestic Kelp, The Stoneage Hearts, The DomNicks et Datura4), parcourir son curriculum revient presque à énumérer un pan de l’histoire musicale de son pays (premières parties des Saints, et premier single co-produit par Rob Younger de Radio Birdman et New Christs inclus). Pour son second album solo en vingt ans, le Dom a clairement opté pour la facette power pop de son identité, comme en témoignent d’emblée le titre et l’artwork (si les deux faces alternatives d’une pomme coupée en deux façon Magritte ne vous évoquent rien, vous pouvez sauter immédiatement à nos rubriques thrash-metal et slam-jazz sans repasser par la case départ). Outre le fidèle Joe Grech (bassiste de Datura4), il s’est entouré pour l’occasion de la crème de ses consigliones locaux: Luke Dux (The Floors et Kill Devil Hills) à la pedal-steel, Peter Busher (Lone Rangers) aux six cordes acoustiques et chœurs, ainsi que Salvatore Cruceta aux baguettes et Bob Patient aux claviers, tandis que près d’une dizaine de guests s’y disséminent de l’une à l’autre de ses onze plages (dont une moitié aux chœurs). S’ouvrant sur le majestueux “Breakaway” (dont la batterie évoque sur l’intro Jody Stephens et Keith Moon, avant d’emprunter le fameux beat qu’imprimait Hal Blaine à celle du “Be My Baby” des Ronettes), cette entrée en matière sème déjà suffisamment d’indices pour dessiner la teneur de l’album: chœurs spectoriens luxuriants, mélodie millésimée Brill Building, glockenspiel et castagnettes en embuscade (sans parler du titre, chipé aux Beach Boys). Manifestement, le Dom connaît son grand livre sur le bout des ongles, et il a bien l’intention de se faire plaisir. La plage titulaire cite pratiquement ainsi le riff du “Substitute” des Who, et “World On Its Head” rappelle la veine des Easybeats (réponse australienne aux Beatles dans les sixties, avec notamment le standard “Friday On My Mind”), tandis qu’avec son beat chaloupé, sa slide et son sitar électrique, “Sad State Of Affairs” évoque carrément le Lennon de “Walls & Bridges” (timbre nasal et falsetto compris). Toute pedal-steel languide dehors, on plonge en plein Laurel Canyon seventies pour un “Where Do Lovers Go” que n’auraient pas renié les Eagles d'”Hotel Califourchon”, avant que “Breaking Point” ne revienne muscler le propos. On ne s’y éloigne pourtant guère de L.A. puisque celui-ci s’inscrit dans la veine des Nerves et Plimsouls de Peter Case, mais “Jealous Love” et “Oh Angeline” n’en lorgnent pas moins avec gusto vers le Big Star des mythiques Chris Bell et Alex Chilton. Pour compléter le tableau, Mariani ajoute au sien les Shoes et The Knack, avec l’énergique et sucré “Just Can’t Wait” que l’on jurerait capté en 1982. “Take It All Back” et “Jangleland” rappellent pour conclure les humeurs agrestes des Long Ryders et des Byrds (que cite ouvertement le second, avec ses soli entremêlés façon “Eight Miles High”), chœurs immaculés et pedal-steel à l’appui. Caprice de rocker fou de classic pop, voici donc un disque aussi érudit et jubilatoire que put l’être en son temps l’exceptionnel “Disconnected” de feu Stiv Bators. Comme un diabétique enfermé dans une confiserie, Dom Mariani ne se refuse rien, mais nous en fait généreusement profiter aussi.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, October 28th 2025

Follow PARIS-MOVE on X

::::::::::::::::::::::::::