JOE ROBSON – Home

Autoproduction
Celtic Folk, Jazz
JOE ROBSON - Home

Pour son premier album en tant que leader, l’Écossais Joe Robson (sans relation avec l’harmoniciste Giles Robson déjà chroniqué ICI) a rameuté du beau monde. À la recherche d’un style et d’un son spécifiques, ce jeune guitariste électrique, tiraillé entre ses racines celtiques et son immersion au cœur du creuset new-yorkais, concrétise la fusion de ses références au fil de ces dix plages, où il côtoie les saxophonistes ténor et alto Matt Carmichael et Adam Jackson, le violoniste Charlie Stewart, le contrebassiste Ali Watson, les batteurs Stu Brown et Doug Hough-Stewart (chacun sur cinq titres), ainsi que les pianistes Dan Brown et et Harris Playfair (selon la même répartition), sans oublier le sax alto Michael Murray et le ténor Anglo-Canadien Seamus Blake (déjà présent sur l’album de Joe Sanders, ainsi que celui de Daniel Bulatkin, Taras Volos, Gilad Atzmon et Dušan Černák, tous deux chroniqués ICI). S’ouvrant sur les volutes mêlées du violon de Stewart (qui figura au line-up des pionniers de la musique celtique Capercaillie) et des saxes de Blake et Jackson, “Emergence” associe d’emblée jazz et folk écossais, en une gigue virevoltante qui culmine sur une placide conclusion, avant que le ténor de Carmichael, l’alto de Jackson et le fiddle de Stewart n’achèvent de consommer cet étonnant mariage, où s’ébroue la guitare de Joe en de passionnants crescendos. Les quatre cordes graves de Watson introduisent le plus ouvertement jazzy “Brotherhood”, où se distinguent particulièrement la section rythmique (avec Hough-Stewart) et les cuivres à anches, suivi du sensible “Venchen” (avec Stu Brown), où s’illustrent les ivoires de Playfair, le violon de Stewart et l’alto de Jackson, pour conclure sur une nouvelle et saisissante envolée de reel. Seamus Blake reprend du service pour un “Seven Sisters” à la time-signature complexe en dépit de son tempo apaisé, s’ancrant à nouveau résolument dans le jazz orchestral actuel. La guitare de Joe s’y octroie un chorus dont la virtuosité ne trouve guère à envier à celle d’un John Scofield, tandis que les arrangements y tressent une trame serrée. La navette reprend ensuite la direction du folk écossais pour un “Searching For Home” où les cordes frottées de Stewart se taillent la part du lion, sans omettre pour autant de céder au ténor de Carmichael la place qui lui revient, selon l’une des plus convaincantes illustrations de la synthèse à laquelle aspire leur jeune leader. Le piano de Brown introduit “Heartspace”, avant que le contemplatif “Becoming” n’évoque la majesté des moors irlando-écossais nimbés de brume. Soutenu par le drumming impeccable de Brown, le beat binaire de “Golden Bell” en fait l’instrumental le plus rock-friendly de l’ensemble, quand bien même ce sont les chorus de saxes et de guitare (à nouveau fulgurants de musicalité jubilatoire) qui y emportent le morceau. Placé sous les signes convergents de l’appartenance et de la créativité, cet album se referme sur l’Irish ballad “We Won’t Leave”, où les six cordes de Joe témoignent de toute la sensibilité dont il est capable. Un disque qu’il serait fâcheux d’ignorer, tant son lyrisme subtil et l’interplay magistral dont y font preuve ses protagonistes s’avèrent palpables.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, October 12th 2025

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