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La scène bebop new-yorkaise livre une leçon magistrale de tradition avec un éblouissant duo de saxophones.
La scène bebop toujours bouillonnante de New York nous offre, une fois encore, un véritable joyau: un duo de saxophones magistral, entouré d’un véritable «dream team» de musiciens chevronnés dont les noms sont depuis longtemps associés à l’excellence du jazz. Ce n’est pas une simple sortie discographique, c’est un classique de haut vol, façonné par des arrangements complexes et savamment construits, qui insufflent une nouvelle vie à l’œuvre de Horace Silver, Steve Turre, Hank Mobley, entre autres.
Au cœur de cet album, on retrouve le saxophoniste Vincent Herring, véritable page vivante de l’histoire du jazz. Son parcours est une anthologie du genre : Freddie Hubbard, Dizzy Gillespie, Louis Hayes, Art Blakey and The Jazz Messengers, le Horace Silver Quintet, Jack DeJohnette’s Special Edition, Larry Coryell, The Mingus Big Band (avec qui il remporte un Grammy en 2010), et bien d’autres. Il s’est produit avec Wynton Marsalis au Lincoln Center, et avec Jon Faddis et le Carnegie Hall Big Band. Le son de Herring s’enracine dans la tradition tout en restant résolument ancré dans le présent.
Face à lui, Eric Alexander n’a rien à lui envier. Issu du South Side de Chicago, il fait ses débuts en 1991 aux côtés de Charles Earland sur le label Muse, et publie l’année suivante son premier album en tant que leader chez Delmark. Du percutant Man with a Horn (1997), à ses sessions en quartet avec George Mraz, John Hicks et Idris Muhammad, en passant par les enregistrements fondateurs de son groupe de longue date One For All, Alexander s’est forgé une solide réputation faite de puissance, de précision, et d’un profond respect pour l’esthétique du hard bop.
Ce nouvel opus ne se veut pas une déclaration, mais plutôt une synthèse, la quintessence de décennies passées à absorber, interpréter et affiner le langage du jazz. Le résultat est un album qui revendique clairement sa vocation: c’est une œuvre pour les puristes. Aucune rupture, aucun détour par des genres voisins. Chaque note est à sa place, chaque phrase est exécutée avec une précision technique et une empathie musicale remarquables.
Selon votre sensibilité, cela pourra apparaître comme la grande force de ce disque… ou sa principale limite. Pour ceux qui recherchent l’audace ou l’inattendu, la rigueur du propos pourra sembler un brin convenu. Mais pour celles et ceux qui trouvent dans la forme, dans l’éloquence du swing droit et l’élégance familière du bop, un vrai réconfort, ce disque est à savourer sans réserve.
Et lorsque vous découvrirez la liste complète des musiciens présents sur ce projet, une brochette de véritables légendes du jazz, il y a fort à parier que, comme moi, vous n’aurez qu’une envie: plonger dans cet album.
Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News
PARIS-MOVE, August 7th 2025
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Musicians :
Eric Alexander (tenor saxophone)
Vincent Herring (alto saxophone)
Mike LeDonne (piano)
John Webber (bass)
Lewis Nash (drums)
Tracklist :
Pharoah’s Dance
Strollin’
A Peck A Sec
My Romance
Soft Impressions
Mo’s Theme