Eric McPherson – Double Bass Quartet (FR review)

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Jazz
Eric McPherson - Double Bass Quartet

Batteur new-yorkais à la fois classique et d’une grande complexité, Eric McPherson porte cet album avec une maîtrise inébranlable, relevant chaque défi rythmique avec aisance. Rien ne l’illustre mieux que la quatrième piste, où il signe un solo de batterie de près de six minutes, un arc ininterrompu de beauté et d’invention. Les fondations de McPherson ont été posées dès l’enfance: son parrain n’était autre que le légendaire bassiste Richard Davis, et parmi les amis proches de la famille figuraient des géants de la batterie comme Max Roach, Michael Carvin, Charles Moffett et Freddie Waits. Il était presque inévitable que McPherson se tourne vers la musique. Et avec pour mentors le saxophoniste Jackie McLean et le pianiste Andrew Hill, son ascension parmi les batteurs les plus éminents de sa génération semblait prédestinée. McLean, qui avait joué avec d’innombrables légendes derrière la batterie, le considérait d’ailleurs comme son batteur préféré.

Le pianiste David Virelles résume ainsi: «Eric s’inscrit dans une lignée de percussionnistes qui incarnent profondeur, tradition et évolution constante, et il est l’un des porte-drapeaux du développement et de l’innovation de l’instrument. Travailler avec Eric a été une leçon profonde de musicalité et d’humilité. Nous avons partagé la scène de nombreuses fois, dans divers formats, y compris en duo. Jouer avec lui est toujours un plaisir et une expérience exceptionnelle. C’est un musicien hors pair.»

Tout est dit, ou presque. Sur un album où le risque est de revisiter des pièces bien connues, certaines d’Andrew Hill, la réussite repose sur la capacité à innover et à s’élever au-dessus de ce qui a déjà été fait, tout en respectant la structure originelle.

L’innovation, ici, réside dans la profondeur de compréhension que le quartet apporte aux œuvres qu’il a choisi d’honorer. Nulle part cela n’est plus évident que sur Transmission de Virelles, où le concept d’ensemble prend toute sa dimension. L’œuvre exige la plus grande délicatesse, et le groupe la sublime pleinement, McPherson, en particulier, s’y glisse avec une subtilité exquise. Il ne se contente pas de «tenir la pulsation»: il amplifie la beauté même de la composition.

L’utilisation de deux contrebasses en jazz remonte à Duke Ellington dans les années 1940, puis fut reprise par Don Shirley, Ornette Coleman, John Coltrane, Albert Ayler, Archie Shepp, Pharoah Sanders et Andrew Hill. «Deux basses, c’est une texture que j’ai toujours aimée», explique McPherson, «surtout lorsque les musiciens jouent ensemble et que je peux dialoguer avec chacun d’eux. Cela crée une magnifique palette de timbres et, rythmiquement, ouvre de nouvelles possibilités pour façonner la pulsation.»

Peut-être McPherson lui-même en donne-t-il la meilleure définition: «Au final, nous travaillons tous ensemble, quelle que soit la formation du moment. J’avais une totale confiance dans la capacité de ces musiciens à apporter ce qu’ils pensaient être le meilleur, pour l’avenir. Ils s’écoutent, se répondent, et jouent ensemble d’une manière qui crée des atmosphères en constante évolution.»

Si vous souhaitez vous laisser séduire par une musique simplement belle, interprétée par des artistes qui portent en eux un profond respect pour la lignée historique de leur art, cet album mérite toute votre attention.

Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News

PARIS-MOVE, August 4th 2025

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Website

Musicians:
Eric McPherson, drums
David Virelles, piano
Julien Hebert, contrebasse
Ben Street, contrebasse

Tracklist:
Ode to Von
Blind Pig
Illusion Suite
Solo Drum
Darn That Dream
Transmission
Ashes
Skippy
Cinco Y Quatro