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“Without Further Ado, Vol.1” de Christian McBride: une joyeuse rencontre de talents aux frontières du jazz.
À ce stade de sa carrière, Christian McBride n’a plus besoin d’être présenté. Figure incontournable du jazz contemporain, il s’est imposé non seulement par son immense talent de musicien, mais aussi par une joie de vivre communicative qu’il insuffle à chacun de ses projets. Que ce soit en tant qu’instrumentiste, producteur ou chef d’orchestre, il aborde chaque entreprise avec une intelligence rare, un enthousiasme palpable, et une musicalité irréprochable. Avec Without Further Ado, Vol.1, McBride signe une fois encore un album aussi naturel que magistral, un recueil éclatant et festif, taillé pour l’été, qui échappe à toute tentative de classification stricte et confirme son rôle de passeur entre les genres.
Ce disque n’est pas une simple nouvelle production du contrebassiste prodige: c’est un événement, une fête musicale où l’on croise des invités venus de tous horizons et de toutes esthétiques. Les amateurs de McBride savent déjà combien il aime brouiller les frontières: il suffit de chercher en ligne cette superbe vidéo où il accompagne le raffiné et talentueux Keb’ Mo’ pour s’en convaincre. C’est ce même esprit d’ouverture qui irrigue Without Further Ado. L’album s’écoute comme une compilation soigneusement pensée, orchestrée par quelqu’un qui a le goût sûr, le sens du rythme narratif, et une compréhension fine de la chimie entre les artistes. Jazz, R&B, pop ou rock, il y en a pour tous les goûts. Mais plus encore, c’est un album de pur plaisir, réalisé avec une précision et un raffinement irréprochable.
Le toucher de McBride à la contrebasse est toujours d’or, fluide, chantant, plein d’autorité. Mais son génie va bien au-delà de son jeu instrumental. En tant que compositeur, chef d’orchestre et surtout découvreur de talents, il fait figure d’exception. On lui doit la mise en lumière de musiciens aujourd’hui essentiels comme le pianiste Christian Sands, le vibraphoniste Warren Wolf ou le batteur Ulysses Owens Jr. Rien qu’avec ces trois noms, les amateurs de jazz peuvent déjà frissonner. Le Christian McBride Big Band, composé de 17 musiciens, est bien plus qu’un simple orchestre d’accompagnement: c’est un ensemble vivant, éclatant, où chaque arrangement prend feu. À cela s’ajoute une série d’invités vocaux remarquables, réunis pour l’occasion, formant une mosaïque de talents d’une rare richesse.
Ce nouvel album donne ainsi l’impression d’une fête amicale, chaleureuse et sincère, où se retrouvent des artistes venus de mondes différents. Certains sont issus du jazz pur, d’autres de la pop, du R&B ou même du rock. McBride, quant à lui, ajuste à chaque fois son jeu avec une précision de caméléon: jamais envahissant, toujours à l’écoute, il sait mettre en lumière les qualités uniques de chacun. Le résultat est un album d’une vitalité rare, à la fois contrasté et cohérent. Pour celles et ceux qui souhaitent découvrir le jazz, Without Further Ado peut être une excellente porte d’entrée: accessible mais jamais simpliste, joyeux sans être anecdotique.
Les moments vocaux les plus marquants sont nombreux, mais la performance de Dee Dee Bridgewater brille tout particulièrement: majestueuse, captivante, vocalement somptueuse, elle donne sans doute la plus belle interprétation du disque. À ses côtés, José James, Samara Joy et Antoinette Henry livrent chacun une prestation mémorable, révélant toute la finesse du travail de McBride en tant que directeur artistique.
Ce type d’album a pour moi une place à part: il dépasse les standards. Without Further Ado, Vol.1 est, au fond, un exercice d’équilibriste, une tentative ambitieuse de faire dialoguer des personnalités et des styles très différents. Que l’ensemble tienne aussi bien la route est le signe, non seulement du talent des artistes invités, mais surtout de la vision unique de Christian McBride. Réussir à faire cohabiter autant de voix et d’identités sur un même album, sans perdre l’essentiel, est un véritable tour de force. Et McBride, comme toujours, nous fait croire que c’est facile. Il nous rappelle que le jazz, tout comme la joie, est toujours plus beau quand il est partagé.
Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News
PARIS-MOVE, July 31st 2025
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Track Listing:
1. Murder by Numbers feat. Sting and Andy Summers
2. Back in Love Again feat. Jeffrey Osborne
3. Old Folks feat. Samara Joy
4. Moanin’ feat. José James
5. All Through the Night feat. Cécile McLorin Salvant
6. Will You Still Love Me Tomorrow feat. Dianne Reeves
7. Come Rain or Come Shine feat. Antoinette Henry
8. Op. 49 – Cold Chicken Suite, 3rd Movement
Vinyl features exclusive track-by-track written commentary by Christian McBride.