| Chanson, Pop |
Quand bien même son conditionnement ne s’avérerait pas si délicieusement anachronique, cette “Anthologie De La Disparition” semblerait déjà un OVNI en soi. Publié au format K7 audio par Les Disques Bleus (qui nous avaient proposé naguère, au même standard, le “Songs From The Fridge” de James H Jewell, chroniqué ICI) sous le pseudonyme-faux-nez-prête-nom de Adieu Marquise (allusion à la pièce quasi-éponyme de Monique Lancel), l’auteur-compositeur-interprète Arnaud Ranty livre en effet, avec ce tout premier album, une construction aussi atypique que le support sous la forme duquel elle paraît. Régulièrement introduites ou traversées par la narration d’une comédienne, une interview de Truffaut ou les monologues d’inconnu(e)s, les dix vignettes qui le composent se déclinent comme la bande-originale d’un film post-Nouvelle Vague, oscillant entre des orchestrations évoquant tout à tour celles de Georges Delerue et François de Roubaix, ou encore le Gainsbourg période Jean-Claude Vannier. Les ombres de Christophe, William Sheller, Gérard Manset et Ten CC hantent ainsi “Dearest Heart”, “Eau Forte”, “Au Milieu De L’Hiver”, “Une Vie Pour Rien” et “Par Le Soir Finissant”, tandis que des tirades éparses évoquent Anna Karina citant Françoise Sagan (“Aelita”), Romain Gary ou le Bourdieu de “La Misère du Monde” (“Une Vie Pour Rien”)… Quand je pense qu’hormis le format digitalement dématérialisé, pareille splendeur n’existe physiquement que sous la forme de ce boîtier plastique vintage, dont on doit retendre la bande magnétique au moyen d’un stylo fiché dans le moyeu ses roues dentelées… Un peu comme durant l’époque à laquelle il se réfère, en somme…
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, June 29th 2025
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