Leslie West – Unusual Suspects

Provogue
Rock

Le 17 juin, Leslie West voyageait en avion vers un autre concert au Mississipi lorsque sa jambe s’est mise à gonfler. Il fut rapidement conduit aux urgences et perdit conscience. Seule une amputation, décidée par sa propre femme, lui sauva la vie ce jour-là. Mais cette force de la nature, bien que luttant contre le diabète depuis de nombreuses années, ne s’est pas pris la tête plus que ça: ‘Moi qui suis habitué à balancer mon poids sur les deux jambes lorsque je suis sur scène, il va falloir que je trouve autre chose!’. Pas question non plus de retarder la sortie de ce nouvel album que l’ancien leader de Mountain et West, Bruce and Laing avait concocté juste avant son opération avec quelques amis comme Steve Lukather, Slash, Billy Gibbons, Joe Bonamassa et Zakk Wylde. Excusez du peu…!!! Un album pour les amateurs de gros son ET de guitar heroes, donc. Et effectivement, ça défouraille de partout. L’ironique titre ‘One More Drink For The Road’ (Pas sérieux, Leslie!) démarre l’album et la paire West/Lukather pose l’ambiance: guitare à tous les étages! Ca se calme pas, forcément, quand la paire devient West/Slash (‘Mudflap Mama’) et même quand le titre démarre comme une ballade (‘To The Moon’, déflagration à 1:43!).’Standing On a Higher Ground’ sonne comme un inédit de ZZ Top, avec un Billy Gibbons au top (oups!), la reprise du ‘Third Degree’ de Eddie Boyd-Willie Dixon, avec Bonamassa, suinte littéralement, 63% de matière grasse. Les fans se rappelleront d’ailleurs que ce morceau avait déjà été repris par West, Bruce and Laing sur leur premier album, ‘Why Dontcha’.
Après toute cette violence, le piano de l’intro de ‘Legend’ nous agresse presque! Wow, une ballade jusqu’au bout! Le morceau avec Wylde rétablit l’ordre des choses:’Nothing’s Changed’. Mais tout n’est jamais noir ou blanc. Reprise surprenante du ‘I Feel Fine’ des Beatles, seconde ballade pour montrer que oui, Leslie West a aussi un côté tendre (‘You and Me’), passage acoustique, oui monsieur, sur ‘Turn Out The Lights’, et même un Bonus track clin d’œil à… Beetlejuice, un nain de 1m30 attardé superstar aux Etats-Unis et ami de West, pour finir en beauté! I know I look good… I know I get laid… Les projets de Leslie West? Tourner cet automne avec ‘deux autres guitar heroes’. ‘J’espère avoir ma prothèse à ce moment-là, on verra bien.’ Chapeau, l’artiste…!

Frenchy
Paris-Move

 

Dés les premières notes de piano, on a la certitude qu’on va avoir droit à un choc énorme! Quelques secondes plus tard, des gémissements torrides de gratte vous claquent à la gueule. On se saisit alors du livret de cet artiste que l’on connait depuis notre plus verte adolescence et l’on n’est guère surpris lorsqu’on découvre qu’il se fait accompagner pour l’occasion par le formidable Steve Lukather qui ne propose jamais son instrument de prédilection pour faire de la daube. Une telle rencontre entre deux éminents guitaristes ne pouvant que produire bon nombre d’étincelles. Et ce n’est que le début des hostilités puisque les riffs assénés lors du second morceau sont du même tonneau, l’artiste qui l’accompagne sur ce titre n’étant autre que Slash, l’ex-guitariste de Guns N’ Roses.

Mais revenons maintenant à celui qui signe l’ouvrage de son nom fameux et fumeux, Leslie West, co-fondateur avec Félix Papparladi de Mountain, en 1969, puis de West, Bruce and Laing. Celui que certains n’ont pas hésité à qualifier de géniteur du Hard Rock, voire même du Heavy Metal, nous revient sous les feux de la rampe, et avec un sacré produit! Celui dont le surnom était The King Of Tone, ou bien encore The Fattest Fingers in Rock’n’Roll n’a pas perdu de sa légendaire renommée. Avec une quinzaine de disques à son actif, le garçon a pris le temps de peaufiner un jeu de guitare qui le place toujours parmi les plus rapides, les plus véloces et les plus créatifs des ‘héros de la guitare’ de notre ère. Il est accompagné par plusieurs musiciens sur six morceaux de l’album et il en réalise six autres qu’il interprète seul. Billy F. Gibbons joue avec lui sur ‘Standing On A Higger Ground’, un morceau qui transpire de belle manière le ZZ Top, tout comme le morceau qu’il joue avec Joe Bonamassa sonne à la manière de ceux dont le new-yorkais de Los Angeles nous gratifie dans ses disques, alors même qu’il s’agit d’une reprise de E. Boyd et W. Dixon.
Seul Zakk Wylde, guitariste d’Ozzy Osbourne et fondateur du Black Label Society, a droit à deux participations avec Leslie. Voilà qui inciterait presque de ranger la galette dans une catégorie particulière, sauf que l’on ne peut, à mon avis, se limiter à cela, l’album de Leslie West contenant en effet plus que cela, comme cette reprise terriblement bluesy avec J. Bonamassa, par exemple.

Et puis ayons une pensée toute particulière pour ce brave Leslie qui a dû se faire amputer d’une partie de la jambe droite au mois de juin de cette année, suite à des complications dues au diabète dont il souffre. La couverture médicale des soins étant quasiment inexistante aux Etats Unis, il est réconfortant d’apprendre que cette intervention chirurgicale n’empêchera pas l’artiste de continuer à se produire en Live. Je me souviens, à ce propos, de ce que m’avouait Steve Lukather qui joue pratiquement un mois sur huit de tournées par an pour venir en aide aux potes musikos dans la panade! Un geste que l’on ne soulignera jamais assez et qui démontre que des artistes ont un cœur énorme.
Espérons donc que Leslie repassera prochainement en France, et soyons très nombreux pour son retour!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)


Leslie West