Blues-Rock |
Ayant découvert la pratique musicale par le biais du piano à l’âge de sept ans, c’est finalement dix ans plus tard que Quentin Winter se prit de passion pour la guitare. Employé en tant que chaudronnier aéronautique chez un sous-traitant d’Airbus, il y consacre ses loisirs, et devient fan de Stevie Ray Vaughan, et par extension du blues électrique. Depuis sa Charente-Maritime natale, il fonde alors son propre power-trio, avec Cyril Babin à la basse et Sébastien Jonckeere aux baguettes, et enregistre un premier EP six titres en 2021. En près de 80 concerts depuis 2019, le groupe s’est retrouvé finaliste des tremplins “Blues sur Seine” (2022), “Les RDV de l’Erdre” (2023) et du prestigieux “Challenge Blues” français (2024), tout en se produisant dans de nombreux festivals tels que “Bain de Blues” ou encore le “Cognac Blues Passions”. C’est grâce à un fructueux crowd-funding que le trio parvient à proposer aujourd’hui son tout premier LP, gorgé de pas moins de quinze originaux. Entre Johnny Winter et Thin Lizzy, le “Tumblin’ Down” d’ouverture impose d’emblée la stature du groupe: sur une rythmique aussi souple que nerveuse, le leader dévide de méchants choruses en schrapnel de sustain, tout en énonçant de funestes oracles réminiscents de la récente pandémie. Virage texan affirmé, le lowdown-boogie “Furiosa”” arpente avec sa slide fumante les travées du ZZ Top séminal. Inclination que confirme le mid-tempo shuffle “The Weight Of Things”, avec un pas de plus vers le regretté SRV: inutile de préciser que la guitare y trace des rais de DCA parmi les cumulo-nimbus. Pause old-time ragtime, “Lazy Blue Line” évoque autant Tom Waits que le “Bensonhurst Blues” du Batave Oscar Benton, tandis que la basse y épouse les lignes d’un sousaphone. Avec son beat celtique, l’électrique “All The Way” revendique pour sa part l’influence de Rory Gallagher, et le bottleneck s’y montre triomphant, tandis que derrière-lui, les boute-feu rythmiques s’en donnent à cœur-joie. Mais nos comparses savent également réserver quelques surprises, ainsi de ce “Love Is” sur pattern ouest-africain effréné, où s’invitent le Fender Rhodes de Mathieu Debordes et le sax de Mat Le Rouge, pour un échange de soli furibards, sur un motif évoquant le “I’m A Man” du Spencer Davis Group. Retour chez Double Trouble avec “Part One: Disconnection”, et chez et Johnny Guitar pour “Part Two: I’m On The Road” (mean slide à l’appui). La plage titulaire est un Texas double-shuffle confessionnel en tempo moyen, sur le chorus duquel Quentin laisse éclater toute sa rage et sa frustration, et dont le pont trahit à nouveau quelques celtic roots. L’orgue de Debordes domine l’intro de “Small Week-End’, lui conférant un savoureux parfum de Deep Purple en cavalcade, tandis que le solo de Quentin y évoque de surcroît un Ritchie Black-Matamore pré-médiévaliste. “Leave My Dreams” est un holler semi-acoustique et fourbu sur percussions tribales, contrastant avec le funky “See The Life On The Bright Side” (qui bénéficie à nouveau du renfort de l’orgue de Debordes), sur lequel Quentin se fend d’un chorus arabisant, devançant un impressionnant solo de basse de Babin. Mathieu passe au piano pour le barrelhouse boogie “I Remember”, qui accueille en guest le violon de Mathias Guerry. Retour à l’Irish mood du regretté Rory pour la celtic-waltz “Underwater”, rappelant à bon entendeur certains climats du “Deuce” de ce dernier. Après un intermède orageux, ce copieux festin se conclut sur l’agreste et acoustique country-blues “Lulu”, que Quentin dédie à sa fillette. Mené par un guitar-hero aussi versatile qu’inspiré, voici donc un nouveau gang taillé pour fédérer quelques générations successives de blues-rock freaks.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, October 24th 2024
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WINTER BLUES BAND, le groupe créé par Quentin Winter il y a 5 ans, avec Cyril Babin à la basse et Sébastien Jonckeere à la batterie, nous propose aujourd’hui un premier album “participatif” qui mérite toute notre attention. Le conte d’un petit garçon solitaire… Compositions originales signées Quentin Winter et arrangées par le trio. Un livret permet de découvrir les textes de ces dernières. Il faudra demander à Marine Bruneteau (infographie et mise en page) ce qui explique les tentacules de pieuvre disséminées parmi les pages du livret, à moins que le bras tatoué du guitariste ne soit la source d’inspiration?
Tale Of A Lone Lil’ Boy, c’est de l’excellent blues mâtiné de hard-blues, comme il est de bon ton de le spécifier. “Le Blues est notre style de prédilection, il est au coeur de notre identité artistique“, nous confirme Quentin. Les invités contribuent à donner une nouvelle dimension à leur son, qui s’avère excellent! Du blues-rock qui, tout comme le faisait une certaine boisson, vous décolle la pulpe du fond.
Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
PARIS-MOVE, October 24th 2024
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En showcase le 14 novembre 2024 au Cabaret Jazz Club, 95 Boulevard de Verdun, Courbevoie.
Album disponible sur commande à: quentinwinterblues(@)gmail.com