Blues

Le titre de l’opus est clair, d’une évidence logique: 12 Reasons, pour douze raisons, pour les douze titres alignés ici, pour les douze mesures de ce blues que Stevie Cochran a dans le sang. Un blues qui fait vibrer sa guitare de manière incendiaire, lancée au galop dès le premier morceau, ‘Wolfman Boogie’ dont les toutes premières notes sonnent façon intro de la version de ‘With A Little Help From My Friends’ par Joe Cocker, à Woodstock, avant de plonger furieusement dans un blues saignant comme si la six cordes nous faisait une hémorragie.

Les soli sont ciselés et rutilants, acérés comme une lame de rasoir qui brille dans le noir. La voix de Stevie ne vous fait pas de cadeau non plus, vous arrachant direct les deux couches de moquette que vous aviez posées sur le mur pour atténuer le son de vos enceintes et ne pas vous récolter plainte sur plainte de vos voisins, ou vous flinguant façon tueur à gages qui ne laisse aucune chance. Et ce, même dans les blues les plus lents, comme ce somptueux ‘Confused And Misunderstood’, sans doute la plus belle pièce de cet opus, avec ses dix minutes et quelques de zik à faire frissonner, surtout lorsque la féline Strato se déhanche et ondule des cordes dans un mouvement à damner un Saint.

Musicalement, le garçon sait aussi ne pas faire que dans la cavalerie lourde et les assauts répétés de guitare, comme avec ce ‘Just About To Give Up’ à la musicalité et aux chœurs finement travaillés, ou ce ‘I’ll Be There’ qui donne dans le plus léger, même si la guitare est là quand il le faut, assassine et cruelle dans ses envolées.