Peter Nathanson à l'Arpège

Peter Nathanson à l’Arpège

Reportage : Alain AJ-Blues
Photos : © Alain AJ-Blues
L’Arpège, le 8 avril 2016

On se souvient toujours d’une première fois. Ma première rencontre avec Peter Nathanson, notre Bluesman américain de coeur et d’adoption, date de novembre 2009. C’était lors du festival de Blues sur Seine. J’y avais découvert l’artiste, le guitariste, un des meilleurs de sa génération, mais également l’homme, ce personnage authentique, disponible et attachant.
Depuis, des rencontres avec lui, il y en a eu d’autres bien sûr. Et en ce soir du 8 avril 2016 dans le cadre de l’Hôtel-Restaurant l’Arpège à Jouars-Pontchartrain (78), je retrouve l’ami Peter, avec toujours cette joie non dissimulée et en toute complicité.

Quelques années auparavant, l’Arpège était un haut lieu du jazz, bien connu des fervents de cette discipline, et où de grosses pointures venaient jouer. Actuellement, l’endroit propose environ une fois par mois des soirées à thèmes, formule buffet-concert pour 35 euros par personne, comme c’est le cas ce soir pour ce ‘vendredi du blues’.
L’accueil est excellent et la cuisine du chef est raffinée. Après un copieux repas, nous accédons à cette magnifique petite salle de concert. Ambiance feutrée piano-bar, lumières tamisées. Nous prenons place dans l’une des confortables banquettes mises à disposition du public, avec le bar à proximité.

Fidèle à cette formule trio qu’il affectionne, Peter est accompagné de deux fortes personnalités ce soir, le talentueux bassiste Bruno Baïdez (le deuxième compère de Los Wackos) et l’étonnant Rodolphe Perroquin à la batterie.

Dès le premier titre, lorsque la voix du Maître épouse les riffs de la Fender, nous sommes comme des gamins, bluffés par la prestance du magicien. Peter, avec envoûtement, non seulement nous l’écoutons jouer, mais avec délectation nous le regardons jouer, devinant la flamme du feu sacré derrière ses lunettes noires. Il fait vibrer ses cordes avec une aisance déconcertante. Avec lui, fluidité rime avec rapidité, dextérité avec habileté.

Durant deux heures, ce ténor de la six cordes nous fait vivre son blues intensément. Nous le ressentons au plus profond de nous même, faisant rimer notre émotion avec fascination.
C’est inné chez lui, il a ce don hérité des grands guitaristes qui l’ont précédé, ceux qui ont écrit l’histoire et sont désormais inscrits au patrimoine du Blues.

Peter revisite quelques standards du blues comme ‘Trouble no more’ de Muddy Waters ou ‘My babe’ de Willie Dixon et puise dans sa discographie quelques superbes compositions: ‘Swamp King’ de l’album’ Houdoo Guru’, ou encore ‘ I’ve been wronged’ un des titres de l’album solo acoustique ‘A drinking man’s friend’ que je vous recommande fortement d’ailleurs.

Dans la pénombre et l’intimité de la salle, il suffit de jeter un regard sur le public pour voire nombre de personnes, les yeux fermés, les pieds battant la mesure, comme dans un recueillement, en communion avec le Blues.

En parfaite symbiose avec ses musiciens, laissant place à plusieurs reprises à la magie de l’improvisation, Peter donnera la part belle à ses deux complices, les laissant totalement s’exprimer. Quand la rythmique se lâche, c’est du lourd.
Bruno, le sorcier au look d’enfer à la basse et Rodolphe, mi ange-mi démon derrière ses fûts, vont ensemble ou chacun leur tour, non seulement nous surprendre, mais nous scotcher avec leur art et leur virtuosité aux rythmes endiablés. Avec ces deux là, le brio du trio est assuré du meilleur.

Dommage qu’une main maligne se soit emparé des aiguilles de l’horloge pour accélérer le temps, car ce dernier est passé bien trop vite. Jouissons de ce dernier blues ‘Got my Mojo Working’ repris en choeur et sous les applaudissements nourris du public. Quelle superbe soirée à l’Arpège!

Info exclusive : en exclusivité pour vous, amis lecteurs de Paris-Move, entrez dans la confidence, car la sortie du nouvel album de Peter Nathanson est prévue pour juin prochain. Il est produit par Geoff Haslam, ce mythique producteur des années 70/80. Souvenez-vous: Yes, The Velvet Underground, Cactus, Bette Midler et tant d’autres, c’était lui. Je n’en dirai pas plus pour l’instant, sinon attendez-vous à un des meilleurs albums Blues de l’année, je vous le garantis avec certitude.

Peter Nathanson