ITW de Fiction Plane

                                          ITW de Fiction Plane

Préparée et réalisée par Dominique Boulay
Traduction: José Wingert
Réalisée au printemps 2010
Photos: © DR

C’est à l’occasion de leur passage promotionnel à Paris que nous avons rencontré deux des membres de Fiction Plane, formation anglo-américaine qui se compose de trois membres. En guise de préambule, signalons que l’un des membres du trio, Joe Sumner, est le fils de Sting. Mais nous avions pris le parti, dés le début de l’ITW, de ne pas prendre en compte ce ‘détail’ qui n’est pourtant pas des moindres. Le fait de considérer ce jeune homme comme étant un musicien comme les autres, si l’on peut dire, et non pas ‘fils de’ lui a permis de s’exprimer comme il en avait envie, sans jamais faire de référence à son père. Un grand merci également à ce Joe là qui a fait l’effort de mener tout l’entretien en français. Chapeau, jeune homme.

PM: Qui êtes-vous, membres de Fiction Plane?
SD:
Moi, je suis Seton Daunt, je joue de la guitare électrique et parfois de la guitare acoustique, mais mon truc, c’est vraiment la guitare électrique. Absent aujourd’hui, il y a Pete Wilhoit, notre batteur, et puis la basse et le chant sont assurés par Joe Sumner, ici présent (rire).

JS: Oui, je suis le chanteur et le bassiste de Fiction Plane. C’est moi qui écrit toutes les paroles des chansons, et puis….j’aime beaucoup chanter et bouger sur scène (rire).

PM: Ce qui veut dire que vous ne faites pas seulement des concerts, mais de véritables shows, exact?
JS:
Exactement…! Nous essayons d’offrir un véritable show, quelque chose de très complet, qui puisse faire passer un vrai bon moment à ceux qui nous font le plaisir de venir nous voir en concert.

PM: Toi, Seaton, quels sont les musiciens qui t’ont marqué…
SD:
Joey Santiago, des Pixies, que j’aime toujours…! Et bien sûr, Jimmy Page, Jimi Hendrix et Johnny Grimer, de Radiohead, mais aussi John Martin et Nick Drake.

PM: Et toi, Joe, quels sont les bassistes qui t’ont marqué?
JS:
Mais, tu sais, cette situation est quelque chose de très nouveau pour moi, et pour nous trois. Avant, dans Fiction Plane, il y avait un bassiste, et quand celui-ci est parti, il y a plus de quatre ans, nous nous sommes retrouvés sans bassiste. Moi, j’étais le guitariste du groupe et c’est ensemble, tous les trois, que nous avons décidé que c’était à moi de reprendre cette place. C’est pour cela que je te disais que cela reste encore quelque chose de nouveau, pour moi comme pour nous trois. Cela ne fait donc que 4 ans que je joue de la basse et que je suis le bassiste avec Fiction Plane. C’est pour cela, pour répondre à ta question, que je me suis inspiré d’aucun bassiste. A l’exception de celui qui jouait dans les Stranglers, parce que lui, je l’écoutais tout particulièrement pour le son qu’il avait, unique. Ce n’est vraiment que plus tard que j’ai découvert que la basse me correspondait mieux. C’est l’essentiel. Et puis, j’adore aussi écrire les textes de chansons.

PM: Justement, Joe, qu’est ce qui est le plus difficile pour toi: écrire les paroles, ou composer la musique?
JS:
Pour l’enregistrement de cet album, nous avons écrit la musique tous ensemble. Nous étions en studio l’été dernier, nous n’avions pas de climatiseurs et nous travaillions plus de dix heures par jour. Tu te rends compte? Sans air frais. Chaque jour, on improvisait pas mal, on enregistrait les meilleures prises sur ordinateur puis on les écoutait. On y découvrait parfois quelque chose de spécial, un truc un peu magique et on conservait ces petits morceaux de musique sur lesquels je fredonnais des ‘la, la, la’. Et c’est seulement après avoir trouvé l’atmosphère et le style de chaque morceau que moi, j’essayais d’y mettre des paroles au lieu de ces ‘la, la, la’. Crois-moi, mais c’est plus difficile d’écrire seul ces paroles une fois que trois musiciens ont travaillé comme ça sur leur musique. Et puis c’est aussi un travail de solitaire, et donc plus intime.

PM: D’où vous est venue l’idée d’appeler votre groupe Fiction Plane, car on peut interpréter le nom de votre groupe de plusieurs manières…..
SD:
C’est vrai, et nous, on aime bien qu’il n’y ait pas qu’une seule véritable signification à ce nom. C’est bien entendu celle un avion qui peut porter le nom de ‘fiction’, c’est aussi l’évocation de quelque chose de plat, sans relief, et puis il y a aussi le terme de fiction qui signifie que quelque chose n’est pas réel, mais issu de notre imagination.

JS:
Et puis, Fiction Plane c’est le mélange de tout cela, comme un avion quelque part dans le ciel qui serait chargé de mystère. Un spectre, un avion fantôme que l’on n’entendrait pas, que l’on ne verrait jamais, mais qui est un avion.

PM: Quelques mots sur votre discographie, histoire donner goût à nos lecteurs d’aller découvrir vos anciens albums…
SD:
Ceux qui se promèneront sur notre site officiel apprendront que nous avons réalisé un premier album, ‘Everything Will Never Be OK’, aux Etats Unis, en 2003. Le second, ‘Bitter Forces And Lame Race Horses’, a été enregistré en Angleterre en 2005, puis nous avons enregistré ‘Left Side of the Brain’, en 2007. Sans compter un double CD/DVD, ‘Live in Paradiso’ enregistré à Amsterdam, en 2009. Mais attention, ‘Bitter Force’ est seulement un EP et l’on peut donc dire que ‘Sparks’ est notre quatrième album studio.

PM: Comment définissez-vous votre musique? Cette année vous faîtes le Festival de Jazz de Nice alors que vous n’êtes pas du tout un groupe de jazz…
JS:
C’est vrai, mais cette année, les organisateurs du festival ont gardé trente pour cent, je crois, des spectacles pour autre chose que le jazz. C’était donc pour nous une excellente opportunité, d’autant plus que les spectateurs de ce festival sont très ouverts à d’autres musiques que le jazz. C’est un public qui n’est pas sectaire, et ça, c’est très agréable pour des musiciens, quelle que soit la musique qu’ils jouent. Je dirai même que les auditeurs de jazz sont souvent plus ouverts et davantage tournés vers l’avenir que d’autres publics. Mais pour répondre çà ta question sur la manière dont on pourrait qualifier notre musique, je pense que cela répond davantage à une intention commerciale de ceux qui attribuent des étiquettes et qui classent les groupes dans tel ou tel genre. Cela facilite sans doute les choses pour les labels, et pour les magasins de disques, aussi (rire). Pour aider les gens à trouver ce qu’ils cherchent.

PM: Y aurait-il quelque chose venant du blues en vous?
SD:
Oui, car nous avons quelques chansons qui sont un peu ‘bluesesques’ [NDLR: en français dans le texte!], comme ‘Sadder City Blues’, un vrai morceau de blues, qui est d’ailleurs proposé gratuitement sur notre site.

PM: Tu nous disais que tu jouais acoustique et électrique…
SD:
Oui, la plupart du temps je joue en électrique, mais j’aime bien travailler d’abord sur une guitare acoustique.

PM: Avez-vous songé à faire un album ‘Unpplugged’…?
JS:
Oui, absolument…!

PM: Excusez-moi, mais vous êtes bien jeunes pour en réaliser un…
JS:
Je crois que tu as besoin de nouvelles lunettes, Dominique (rires)…!

PM: Merci du conseil, j’irai voir mon opticien après cette interview. Seton, je pense que tu as déjà écouté Joe Bonamassa. Qu’en penses-tu?
SD:
C’est un grand, un très grand guitariste. Il est excellent. Pour être franc, je n’écoute pas tellement de blues moderne, mais je connais Kenny Wayne Shepherd, par exemple. Et je connais bien aussi John Mayall, un mec qui sait s’entourer d’excellents musiciens.

PM: Et vous avez un public qui ressemble pas mal à celui de John Mayall,…si vous ne prenez pas mal cette remarque…
JS:
(sourire) C’est vrai, et nous avons de la chance, car notre public va de 13 à 50 ans. On a déjà eu des spectateurs qui devaient avoir dans les 80 ans… C’était vraiment super d’être face à un public aussi varié et content d’être là.

PM: Pourquoi avoir choisi une ville comme Bath pour aller enregistrer votre opus?
JS:
Pour des raisons économiques (rires). L’année dernière, on a même enregistré quelques morceaux à Londres, mais c’était vraiment très cher.

PM: Tu expliques cela comment?
JS:
Beaucoup d’artistes connus travaillent sur Londres et les studios répercutent donc la réputation de ceux qu’ils enregistrent sur le coût de la location des studios. C’est aussi simple que cela. Nous, nous avons préféré dépenser tout ce qu’il nous restait de nos concerts et prestations diverses dans la location des studios à Bath et pouvoir y passer le temps qu’on voulait.

PM: Sincèrement, les gars, comment avez-vous ressenti les effets de la crise économique?
SD:
C’est vrai qu’avec la crise tout est devenu plus difficile, mais nous n’avons pas trop à nous plaindre, et puis nous assumons nos choix. Il est vrai que si c’est difficile pour les musiciens, cela l’est encore plus pout tous les autres. . Et nous, en plus, on a la chance de s’éclater dans ce que l’on fait…!

PM: A l’occasion de la sortie de vos disques précédents vous avez tourné au Japon et aux States. Quel continent ne connaissez-vous pas encore?
JS:
Sympa, comme question, on ne me l’avait pas encore posée, celle là. Pour te répondre, donc, l’Australie, car nous avons déjà joué en Amérique du Sud.

PM: Pendant combien de temps avez-vous travaillé avant de faire ce disque?
SD:
Pendant deux ans…

PM: Et depuis combien de temps jouez-vous tous les deux ensemble, vous que l’on pourrait appeler le noyau dur, basse et guitare?
JS:
Depuis une dizaine d’années. Avec notre batteur, cela fait maintenant deux ans que l’on travaille tous les trois ensembles.

PM: Comment vous êtes-vous rencontrés, tous les deux?
JS:
Quand j’étais petit, j’avais un copain à l’école. Un jour, ce camarade a quitté l’établissement pour aller dans une autre école où se trouvait Seaton. Ensemble, ils ont beaucoup fait de skate-board et puis un jour il est tombé et s’est retrouvé la main dans le plâtre. Il a dû renoncer à sa passion, le skate, et il s’est mis à la guitare. Il en avait assez de la planche à roulettes. C’est à ce moment là que l’on s’est rencontrés. Pete Wilhoit, on l’a connu lors d’une audition. Quelqu’un nous avait parlé d’une audition à New York où l’on pouvait croiser des musiciens et nous y sommes allés. C’est là que nous avons rencontré Peter.

PM: Comment s’est passée cette audition?
JS:
Nous avions proposé quatre morceaux aux candidats et chaque batteur arrivait pour jouer nos morceaux. C’est une expérience très intéressante et très étrange à la fois. Il y avait plein de candidats. Il y en a même un qui venait de Floride. Tu te rends compte? Trois heures d’avion pour jouer un petit quart d’heure… Chaque batteur joue les quatre morceaux et puis après, au revoir. Ce style d’auditions, c’est….comment te dire…à la fois drôle et tragique. Quand Pete est arrivé et a commencé à jouer, nous avons tout de suite su que c’était le bon.

PM: Que pensez-vous des nouvelles technologies, comme internet, par rapport à la musique? C’est un bien ou un mal…?
JS :
Franchement, cela nous facilite la tâche. Avec internet, c’est plus facile de découvrir et d’écouter de la musique, mais c’est plus difficile de gagner de l’argent avec. Mais pour moi, ce n’est pas cela le pire…! Le pire, c’est qu’il y a maintenant beaucoup de gens qui estiment qu’ils sont musiciens et qui font de la musique. De tout, du bon comme du très mauvais, et pour les professionnels cela devient donc plus difficile vu que la concurrence s’est extrêmement élargie.

PM: Joe Bonamassa trouve internet positif, et même plus confortable….
JS:
Oui, mais si les gens peuvent télécharger gratuitement ta musique, cela peut devenir très mauvais pour toi, car tu ne gagnes plus rien, ou presque. Par contre, et là, il a raison, Joe, c’est que si des gens trouvent que ta musique est super et qu’ils l’aiment, ils se déplaceront pour te voir en concert,…et même acheter tes CD.

PM: Vous avez déjà fait un DVD…
SD:
Oui, mais les temps ont changé, je pense. Les gens peuvent nous voir sur internet, sans problème, gratuitement et très facilement. Ils n’ont plus vraiment besoin d’un DVD. Ils ne sont plus obligés d’ingurgiter un concert entier, ils peuvent choisir ce qu’ils veulent regarder et ne visionner que ce qui les intéresse. Si nous faisons un DVD, cela coûtera pas mal d’argent et nous ne sommes pas convaincus que le public sera intéressé par un autre DVD…

PM: Quelle est, selon vous, la situation de la musique en Grande Bretagne aujourd’hui?
JS:
Il y a beaucoup de bonnes choses et il y a des tas de groupes qui tournent. Je trouve que pour le public c’est super d’avoir un tel choix.

PM: Et vous avez encore du temps pour écouter de la musique…?
JS:
Oui, grâce à Internet, tous les matins quand on se réveille. Et l’avantage, avec internet, c’est qu’on on a le choix (rires). Demain, on va aller ‘défendre’ notre disque en Belgique,…et l’histoire continue de s’écrire ainsi… Et un grand bonjour à tous les lecteurs de Paris-Move!

Dates de la tournée d’automne de Fiction Plane en France :
3 oct 2010 : L'Etage, Rennes
4 oct 2010 : La Cigale, Paris
5 oct 2010 : L'Autre Canal, Nancy
7 oct 2010 : Transbordeur, Lyon

Site web à consulter :

http://www.myspace.com/fictionplane

Fiction Plane