CALVIN JOHNSON Jr. – Notes Of A Native Son

Autoproduction
Jazz
CALVIN JOHNSON Jr. - Notes Of A Native Son

Effectivement natif de New-Orleans, Calvin Johnson Jr. est un saxophoniste (ténor et soprano, mais aussi alto et baryton), clarinettistte, flûtiste et chanteur. Également acteur, producteur et réalisateur de documentaires, cet hyper-actif de 36 ans y dirige depuis quinze ans son propre band. Pour son troisième album en tant que band leader, il persiste à célébrer plus que jamais le colossal héritage de sa cité natale, comme en témoigne le tonitruant “I’m Walking” d’ouverture (signé, faut-il le rappeler, Fats Domino et Dave Bartholomew). Si le line-up n’indique pas moins de dix musiciens, seuls le claviériste Ryan Hanseler et le bassiste Peter Harris y figurent de bout en bout, tandis que trois batteurs y alternent, et que quatre des contributeurs n’y figurent que sur le titre final. Les ivoires d’Hanseler, la contrebasse de Harris et les drum-sticks de Trenton O’Neal se distinguent sur le “Summertime” de Gershwin, tandis que le soprano du patron y prend un envol impressionnant. Passé au ténor, il envoûte par son jeu à la fois rond et subtil au fil de l’émouvant “Jewel’s Lullaby” (instrumental composé pour sa fillette nouvelle-née, et exécuté en osmose parfaite avec son pianiste et sa section rythmique). Trompeusement débuté sur un riff dans la veine du regretté Grover Washington Jr, le soulful “Anova” emprunte avec bonheur des sentiers plus aventureux, sous l’égide d’un Hanseler en lévitation et d’une rythmique tourbillonnante, tandis que sur le plus désespéré “Resistance Is Noble, But Defeat Is Imminent”, Johnson et ce dernier assument un héritage bop plus évident encore. Le thème de la série “Treme” s’impose en intermède apaisant, avant que la soul ballad “Streetcar Love” n’introduise la brillante Erica Falls dans un registre vocal proche de celui de la grande Randy Crawford. Arrangé par le bassiste et pianiste Evan Washington, le final “Lift Every Voice And Sing” propose une section de cordes et de percussions, pour un majestueux instrumental que n’aurait sans doute pas dédaigné Stevie Wonder. Quand la virtuosité s’accompagne d’une générosité de chaque instant, on atteint les sommets d’émotion que prodigue ce superbe album, où l’exigence artistique ne se départit jamais d’une accessibilité la plus vaste possible.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 27th 2022