Rhythm 'n' Blues

Le renouveau de la bonne vieille vintage soul entamé depuis deux décennies fut amplement initié par le label Daptone de Brooklyn. À présent que le genre fait florès, et que l’on en ressent même les effets jusqu’à Nashville (fief de Colemine Records), la concurrence bat son plein, et la sélection naturelle si chère à ce brave Charles Darwin se charge à nouveau de trier le bon grain de l’ivraie. Natif de Colchester, Essex, England, James Hunter n’est certes pas tombé de la dernière pluie, et sa signature sur le principal label mondial en la matière ne doit rien au hasard. À preuve, c’est l’un des deux moguls de Daptone, Gabriel Roth en personne, qui préside à ce nouvel enregistrement. Sans révolutionner la trajectoire qui l’y a mené, cet album en diversifie encore les styles abordés. Les mellow rumbas que comporte cette livraison n’en empruntent ainsi pas moins des voies distinctes: “I Can Change Your Mind” rappelle les débuts d’un jeune James Brown chez King/Federal (de même de “Ain’t Goin’ Up in One Of Those Things”), tandis que “Who’s Fooling You”, “Missing In Action”, “How ‘Bout Now” et “He’s Your Coul’ve Been” lorgnent ouvertement vers le regretté Sam Cooke (castagnettes à l’appui). Sur le même rythme chaloupé, “Never” en fait autant avec les légendaires productions de Curtis Mayfield pour Major Lance (tout comme “Take It As You Find It”). Sur un three steps jazz beat à la “My Favourite Things”, “Till I Hear It From You” offre à James Hunter l’occasion de rappeler quel harmoniciste roué il demeure. “Can’t Help Myself” doit rappeler ses jeunes années à son mentor, George Ivan Morrison, tandis que le smooth swing de “Paradise For One” évoque à s’y méprendre Nat King Cole. Ace in the hole again, Mr Hunter!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 9th 2020