JAKE CALYPSO AND HIS RED HOT – MY FOREIGN LOVE

ROCK PARADISE RECORDS
Rock'n'Roll

Hervé Loison, plus connu sous le pseudo aux consonances exotiques de Jake Calypso, reste pour moi un mystère et une énorme frustration au sein du paysage rock’n’roll français. Calypso, rien à voir avec le célèbre navire océanographique du Commandant Cousteau, ni avec une nymphe de la mythologie grecque, et encore moins avec un cocktail sirupeux consommé dans un lagon polynésien. Non, dans le cas présent, Calypso doit sonner comme les pétarades d’une Harley-Davidson ou les riffs aiguisés d’une Gretsch G6120 style Eddie Cochran. Mystère et frustration disais-je, en effet je persiste, car malgré une discographie fructueuse et prolifique, des concerts à couper le souffle comme s’il en pleuvait (Europe – Etats-Unis) et une générosité artistique et scénique aux antipodes du minimum syndical et des pseudos artistes aux prestations millimétrées et chronométrées, Jake Calypso demeure injustement occulté par les grands médias adulés par la branchitude élitiste. Avez-vous déjà lu une ligne sur le phénomène Calypso dans les Inrocks, Rolling Stone ou encore Télérama? La réponse est hélas: non! Et je ne sais même pas si l’ancien boss de Rock & Folk, VRP de luxe chez Ray Ban et très grosse tête chez Ruquier, Philippe Manœuvre pour ne pas le citer, connait son existence. Le comble de l’ingratitude, du rédhibitoire et de l’injustice quand même… Si Jake Calypso était né de l’autre côté de l’Atlantique, il roulerait en Cadillac Eldorado rose de 1957 sur Elvis Presley Boulevard à Memphis, boirait des tequila sunrise à LA et aurait un yacht ancré dans le port de Miami. Au lieu de ça, ce bon Jake boit de la Stella Artois entre Béthune et Annequin et mange des fricadelles-frites à Armentières. Et c’est tant mieux, car ses racines du terroir se ressentent dans son rock’n’roll et le rendent d’une sincérité hors du commun. Mais rassurez-vous les amis, l’aigreur et l’amertume ne sont pas les marques de fabrique de la maison Loison et d’autres avant lui ont connu le même traitement (Dick Rivers, Little Bob…) et d’autres après lui, connaitront aussi les mêmes désillusions médiatiques. Heureusement, et ça vaut tous les trésors du monde, Jake Calypso trouve chaleur et reconnaissance auprès de son public croissant, lors de shows époustouflants, synonymes de véritables joutes physiques que n’auraient pas reniées Gene Vincent ou Vince Taylor, en chair et en cuir. Assister à un concert de Jake Calypso ou des Hot Chickens, c’est comme aller à une grand-messe du rock’n’roll, tout en étant conscient à l’avance, qu’on n’en sortira pas indemne. Jake, entre indolence et trance communicative, semble habité par la musique qu’il distille et il chante avec un large panel vocal, comme en état d’urgence, comme si sa vie en dépendait, comme si c’était son ultime concert. Il excelle aussi bien dans le rockabilly pur et dur à déclencher des coups de grisou dans les mines du lensois, que dans le blues le plus poisseux à pleurer le nez dans sa Stella, le boogie le plus endiablé à oublier son arthrose, que dans de somptueuses ballades façon Presley. Ah oui, j’allais oublier le sujet principal de mon propos, qu’on se le dise, après le magnifique hommage à Elvis rendu avec une sincérité rare par le biais de l’album “100 Miles”, une réussite totale toujours dans les bacs des meilleures pharmacies car reconnu meilleure médecine pour soigner les maux, puis une compil’ pour fêter dignement la première décennie de bons et loyaux services au sein du rock’n’roll, du groove et du feeling “One Take Jake!” (2009-2019), Jake Calypso nous revient avec un nouvel opus, édité en CD et en vinyle, sobrement intitulé “My Foreign Love” et comme à l’accoutumée sorti sur le label Rock Paradise de l’ami Patrick Renassia, le Sam Phillips contemporain et parisien, qui a dans son catalogue, une autre figure de proue du rock’n’roll français en la personne de Tony Marlow. Pour ces douze compositions originales de très haute volée, Jake Calypso est une nouvelle fois entouré de ses fidèles desperados sans foi ni loi, prêts à en découdre sur les planches de France et de Navarre, The Red Hot, à savoir : Christophe Gillet à la guitare, Ben D. Driver à la basse et Thierry “TT” Sellier à la batterie, ainsi qu’une pléiade de musiciens additionnels, venus apporter leur pierre à l’édifice et à la réussite de “My Foreign Love”. Cet opus est très différent de ce que propose Hervé Loison au sein des Hot Chickens par exemple, ou de l’hommage à Elvis, c’est du Jake Calypso pur jus, sans aucun additif superflu rajouté, avec un rock’n’roll marqué de son empreinte et de son identité. L’album est à géométrie variable, sur certains titres chaloupés, les influences Golfe du Mexique, Buddy Holly, Ritchie Valens ou Freddy Fender sont bien palpables (My Foreign Love – You’re My Wonderful Love), (Chessboard Of Love) sonne quant à lui comme une ballade mélancolique du king qu’il aurait lui-même composée à Graceland par un matin blafard, et (Gimme Your Love), comme un irrésistible rhythm and blues avec cuivres du meilleur effet, façon Stax Records de Memphis, Specialty Records de LA ou la Motown de Detroit. Sans oublier le titre qui ouvre l’album “Don’t Miss The Train Man”, avec son côté Charlie Feathers ou Hasil Adkins. Et bien sûr, d’autres pépites sont à découvrir… Toutes les harmonies vocales et les arrangements musicaux sont soignés sans être édulcorés et sans pour autant dénaturer le côté spontané, sauvage et instinctif du rock’n’roll. Incontestablement, le nouvel album de Jake Calypso est l’album rock de cette fin d’été, pour sortir de son oisiveté ensoleillée et des flonflons du camping, il vous fera l’effet d’un nouvel épisode caniculaire et vous titillera vos neurones endormis. Neurasthéniques, cardiaques, et autres rabat-joie s’abstenir. Avec cette nouvelle production, Jake Calypso s’impose (une énième fois) comme un artiste majeur, authentique, intègre et talentueux, au sein du microcosme du rock’n’roll hexagonal. Et même s’il ne fera jamais la couverture des Inrocks et qu’il ne sera jamais invité à poser son cul sur le canapé rouge de l’infâme Drucker, Jake (Hervé Loison) n’en a cure et sa meilleure récompense, est la réaction enthousiaste de son public à chacune de ses prestations d’une générosité inouïe, durant lesquelles il sue sang et eau, comme dans un échange biblique et indescriptible. En attendant qu’il entre en scène tel un gladiateur aux arènes de Lutèce, cet opus (indispensable) est chaudement recommandé. A consommer sans modération. Bienvenue chez le ch’ti…!

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, August 15th 2019

Pour se procurer la fameuse sphère: Rock Paradise, 42 rue Duranton 75015 Paris
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