| Folk, Rock alternatif |
C’est une évidence, dès le premier titre, on se trouve en présence de quelque chose de grand, d’énorme, d’indéfinissable, tellement la baffe est forte. A chaque époque ses scandales, ses coups d’éclats, ses moments de joie intense, ses instants inoubliables, et en cette fin de seconde décennie de ce second millénaire, il fallait bien qu’un artiste frappe un grand coup, et c’est ce satané Benoit Berrou qui s’y est collé, signant avec ‘La vie est un acte de piraterie’ un opus scandaleusement bien foutu, scandaleusement bien torché, excitant et superbe de bout en bout. C’est d’une redoutable efficacité, proche de la perfection, avec ce qu’il faut pour séduire le max d’amateurs de sensations musicales fortes. Cela vous défriche tout sur son passage et vous laisse les enceintes inondées de plaisir. Scandaleusement bon! Excellemment scandaleux! Surtout que comme le dit ce Benoit-là, ‘Je n’oublie rien’.
Je l’affirme haut et fort, Benoit Berrou est incontestablement une des plus belles valeurs de la scène française, et ce superbe album vient le confirmer. C’est que l’artiste ne donne pas dans le style démonstration à tout prix, mais il enfile les chansons tout en finesse, avec une délicatesse infinie, avec des arrangements à faire tomber de leur piédestal un grand nombre de compositeurs de l’hexagone. Ce qui fait d’ailleurs que la seule reprise de cet album, le titre culte de Nirvana, ‘Smells Like Teen Spirit’, sonne presque plus beau encore que sa version originale.
Le talent d’auteur-compositeur du bonhomme éclate en pleine face dès le premier titre et éclabousse toute la galette ‘La vie est un acte de piraterie’ sur laquelle le Monsieur en question (et avec un grand M, s’il vous plait) nous fait dresser les poils. C’est joué à la frontière de la passion et du charisme électrifié, tout en subtilité et beauté. Tous les morceaux possèdent leur propre identité, leur propre lumière, et l’ensemble vous donne un album arc-en-ciel venimeux au possible. Pour vous dire, dès la première écoute on a envie de mettre le son à fond, tellement c’est profond, intense. Laissez-vous porter par le charme de ‘Neya Kulamee’ et envolez-vous sur ‘Le souffle’, un morceau qui vous mettra le cœur et les tripes à l’envers. Tout comme la sublime chanson intitulée ‘La fleur et l’étoile’, façon Paul Eluard. Ensuite, la voix de Benoit Berrou vous collera d’interminables frissons à l’écoute de ‘Drunk Blues’. Un blues d’ivrogne chanté en anglais et sur lequel la voix de Benoit a les mêmes facettes que celle du génial Eric McFadden, avec ces mêmes graviers qui crissent au fond de la gorge, pour un blues saignant et bourré de feeling. Je dois également vous avouer qu’ils sont rares, les chanteurs français à savoir chanter aussi bien que Benoit Berrou en anglais. Intonation, articulation et prononciation sont excellents et le mec a indiscutablement peu de rivaux à ce niveau. Accompagné par Manolis aux guitares et Bruno Desbiolles à la batterie et aux percussions, ainsi que par pas moins de sept invités, Benoit & la Lune vous propose un CD d’une qualité remarquable qui met parfaitement en relief les qualités des musiciens. La voix est pleine de feeling, captivante, avec ce qu’il faut de rayures pour prouver que la maturité est signe de classe internationale.
L’opus, soigné aussi bien côté son que côté graphisme (avec un livret intitulé ‘Journal de bord’), est particulièrement chiadé et mérite le respect. Indiscutablement. Un album à l’image de Benoit Berrou, attachant, et que vous aurez du mal à ranger.
Là où il se trouve, Kurt Cobain doit sourire de plaisir en entendant monter vers lui les notes de ce ‘La vie est un acte de piraterie’, se contentant sans doute de lui attribuer, comme moi, le seul qualificatif que l’on peut attribuer à un opus comme celui-ci, monumental.
Frankie Rocking’ Pfeiffer
Rédac’ en chef – Paris-Move
PARIS-MOVE, May 10th 2019
Page Facebook de Benoit & la Lune: ICI
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