BOHEMIAN RHAPSODY

Brian May, Roger Taylor (préface) - E/P/A
Livre

“Bohemian Rhapsody” de Queen, fantasmagorie de 6 minutes, est le single le plus cher de l’histoire en 1975. Numéro 1 en Angleterre la même année, puis en 1991 à la mort du chanteur Freddie Mercury, et enfin réhabilité dans le film Wayne’s World (1992) par Mike “Austin Powers” Myers… qui joue Ray Foster, personnage fictif librement inspiré du patron d’EMI Roy Featherstone, dans le biopic du groupe Bohemian Rhapsody, sorti en salle le 31 octobre 2018. En préface de ce livre officiel du film, Brian May, guitariste toujours actif de Queen et accessoirement docteur en astrophysique, lance une assertion pleine de sens. Bohemian Rhapsody, qui a ému aux larmes sur le diptyque “Don’t Stop Me Now”/”The Show Must Go On” de son générique de fin, est “un récit qui trace les contours d’une vérité symbolique”. Comprendre: plus captivant qu’authentique. Or, l’histoire est connue du grand public. Inutile d’être un sociétaire de Rock & Folk pour recenser les libertés scénaristiques du film, parfois avouées (et donc à moitié pardonnées) ici. De la simple ellipse sur les flops des premiers albums rock, au mensonge éhonté: le groupe a performé au Live Aid (72.000 spectateurs au stade de Wembley, 2 milliards de téléspectateurs, 50 millions de livres sterling collectées pour l’Ethiopie) dans la foulée de sa tournée mondiale The Works, sans avoir splitté. Mais c’est sans doute ce qui donne de sa magie à la conclusion du film en faux live, mise en boîte – apprend-on ici – en début de tournage, sur la base aérienne de Bovingdon, avec 120 figurants copiés-collés. Par le réalisateur Bryan Singer avant son limogeage, complètera-t-on. Car la gestation de Bohemian Rhapsody, sur 7 ans, a été compliquée. Ainsi, Rami Malek, autant investi par le personnage du bagagiste Farrokh Bulsara que de la superstar Freddie Mercury, est le troisième choix de la production, après la défection des acteurs Sacha “Borat” Baron Cohen et Ben “Q” Wishaw. Ses cernes, pommettes rentrantes et yeux bleus, mis en exergue sur les photos de tournage signées Alex Bailey, jouent clairement en sa défaveur. A l’inverse, Gwilym Lee, en Brian May, est absolument bluffant. Formatés, non signés, les textes sur l’histoire du groupe et, en parallèle, sur le making-of, ne manquent curieusement pas d’intérêt: Rami ne chante pas et aucun de ses trois collègues, au départ, n’est musicien. Le choix des chansons ne souffre d’aucune critique, tout comme la fenêtre temporelle 1973-1985 exploitée.

Jean-Christophe Baugé
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