Rock

Comment peut-on prétendre faire encore du rock en 2018? Et en France, de surcroît? Trop souvent, le rock-critic s’avère un musicien frustré. On ne fera donc pas l’injure à ce juvénile trio (accusant tout de même ses dix ans d’âge) de lui infliger le traitement expéditif qu’assène la (bien nommée) Grosse Radio aux jeunes pousses locales. Et c’est à peine si l’on mentionnera que le titre de leur premier album évoque celui du second de leurs ancêtres du demi-siècle dernier, les Variations (réédité en 2010 par Culture Factory, avec en bonus l’imparable single “Je Suis Juste Un Rock’n’Roller”). Issu de la génération Youtube, Deezer et Spotify, TEACUP MONSTER sonne comme la synthèse d’une bonne quarantaine de millésimes rock. On trouve en effet chez ces jeunes gens les ADN croisés d’Aerosmith, Police, Muse, Arctic Monkeys, Soundgarden et Franz Ferdinand. Comment pourrait-il en être autrement, en ces temps où tout est instantanément disponible sur la toile? Après une première incarnation il y a dix ans (sous le nom de Stuff Session), le trio originel s’installe un temps au Canada, d’où il revient sous une nouvelle identité, avant un changement crucial de batteur. Compos solides (“Lions”, “Close”, “Anybody”), chant habité, guitares polymorphes et rythmique alternant rigueur funky et agression grunge, TEACUP MONSTER aligne en onze tableaux une carte de visite des plus prometteuses. Quand ils se seront quelque peu affranchis de leurs références encore saillantes, ils pourraient incarner la relève d’un rock hexagonal encore à la recherche de renouveau.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

Track listing de “Take It or Leave It”:
–Take it
–Close
–Lions
–How Long
–Anybody
–Souvenir
–Hard Night
–When I need you so bad
–Puppet
–Leave it
–Karma

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