Jazz

Fille de parents musiciens, Leïla Martial est une chanteuse ariégeoise qui sort son premier album en quatuor sur Out Note, le label de Jean-Jacques Pussiau, après un premier recueil de standards resté à l’état de démo. La configuration voix/sax (Jean-Christophe Jacques) /basse (Laurent Chavoit) /batterie (Eric Perez) est assez singulière en ce sens qu’elle exclut la palette harmonique d’un piano ou d’une guitare. Le terrain est donc propice aux envolées duales chant/sax soprano sur des motifs de sax ténor en background – pour rester en Si bémol.
Les trois points forts de la formation sont indéniablement le chant-instrument en onomatopées (voire en scat ou en cris sur la fin de ‘Toc’), le sax peu virtuose qui joue sur les surimpressions, et les rythmes très marqués et parfois brisés… Ce qui n’exclut aucunement les belles harmonies, comme celles dont les frères Belmondo avaient le secret sur le tribute de Dee Dee Bridgewater à Horace Silver (le début de ‘Quitte La Cape’). Les rares occasions de savourer des paroles seront sur le ‘Left Alone’ de Billie Holiday, intermède nécessaire mais au traitement rude, et sur le poème final bâti sur des expressions françaises… et déstructuré façon cadavre exquis. A défaut d’être smooth, le Jazz de ‘Dance Floor’ est original, nuancé, culotté, et pourrait bien s’attirer les faveurs du grand public. Le style est tellement affirmé qu’on se demande même par quel tour de passe-passe ces jeunes gens vont bien pouvoir se réinventer par la suite.