Joe Bonamassa – An Acoustic Evening at the Vienna Opera House

Provogue
Blues

Il y avait eu, en son temps, un Eric Clapton unplugged qui en avait laissé plus d’un sur son séant. Mais les double CD/DVD ci-dessus font paraître bien pâles pas mal des discographies unplugged enregistrées et proposées depuis. Les titres majeurs du jeune chicagoan d’adoption figurent tous sur cet opus Live enregistré à Vienne, soit une vingtaine de morceaux dont ‘Dust Bowl’, ‘Slow Train’, ‘Dislocated Boy’, ‘The Ballad Of John Henry’, ‘Seagull’ et j’en passe… Rappelons que le jeune prodige de la six cordes a enregistré pas moins de 10 albums solo en 12 ans et 5 albums Live, sans parler de sa collaboration dans le Black Country Communion ou les albums enregistrés avec Beth Hart. En besogneux qui n’arrête jamais, Joe Bonamassa poursuit ici un travail toujours novateur en réalisant ce superbe ouvrage, une sorte de ‘Best of’ acoustique d’une qualité musicale exceptionnelle et toujours produit par le magicien du son qu’est Kevin Shirley. Cela se passait le 25 mars 2013 et Johann Strauss a dû comprendre qu’une page venait de se tourner définitivement. Avec le Joe, on retrouve ici Gerry O’ Connor au violon, à la mandoline et au banjo, Mats Wester a la harpe à clés, Arlan Schierbaum à l’accordéon ou au piano et Lenny Castro aux percussions. Un excellent album que vous écouterez dans la voiture, dans le métro ou chez vous, en dinant avec des amis ou en famille, tant vous ne pourrez plus vous passer de ces interprétations en acoustique.

 

Musicalement, c’est irréprochable. C’est un grand, très grand moment que vous vivez en écoutant ce sublime concert de Joe Bonamassa à Vienne. Les meilleurs titres du Joe y sont alignés les uns derrière les autres, réarrangés pour être interprétés en acoustique. Le violon sur ‘Dust Bowl’ est magnifique pour vous faire ressentir cette impression de puissance incontrôlable qu’une tornade exprime lorsque vous la voyez avancer vers vous. La ballade de John Henry n’est plus aussi brûlante et violente comme lorsque le Joe vous la propulse à la Gibson électrifiée (la plus belle version de ce titre étant sans contestation possible celle du Joe avec le Black Country Communion), mais elle gagne ici en intensité morale, en questionnement intérieur, à la manière d’un Nelson Mandela emprisonné qui espère une fraternité retrouvée pour son propre pays. Et on reste sans voix devant cette interprétation énormissime du ‘Jockey Full of Bourbon’ de Tom Waits, avec ce solo de guitare qui sublime cette chanson, sans oublier le dernier titre, ‘Seagull’, que cosignèrent Mick Ralphs et Paul Rodgers, sans doute l’un des tous meilleurs chanteurs de rock et de blues.

Les CD et DVD sont irréprochables, eux aussi, mais par contre, fuyez le double LP qui vous est proposé tant la qualité du pressage est indigne de pareil artiste. Face 2, sur ‘Dislocated Boy’ puis ‘Driving Toards The Daylight’ on a presque à faire à un LP ayant très mal vieilli ou lu par un saphir destructeur. Craquements, crissements, vous avez droit à la totale et on en arrive même à espérer que ces deux titres ne durent pas trop longtemps. Inquiétant, de la part de Provogue, de nous proposer pareilles productions, surtout que sortir ce genre de LP ne peut que dégoûter les jeunes qui commençaient à peine à se remettre aux vinyles.
Déjà que sur le double LP de Walter Trout un superbe défaut de gravure (pas de cire sur un espace de deux millimètres au moins, donc imaginez comment le saphir poursuit sa route sans sillon…) m’avait fait hésiter à acheter le LP de Beth Hart…, mais ce dernier ayant été parfait, j’avais passé l’éponge et n’avait fait aucun commentaire sur cet incident, me disant que le double LP de Bonamassa allait justement être tout aussi parfait. Hé bien non…
Le pire, dans cet histoire, c’est que voulant absolument avoir en vinyle ce superbe concert, j’avais racheté un second double LP, oui, mais dont la qualité toute aussi mauvaise me l’a fait jeter à la poubelle, tout simplement.
Désolé, Provogue, mais je n’achèterai plus et ne pourrai donc plus conseiller vos LP.